Financiariser la terre agricole est "dangereux", selon le président d'un organe de régulation

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AFP
Publié le 23 mai 2024 - 10:21
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Financiariser la terre agricole est "dangereux"
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"Créer un produit financier à partir de la terre agricole", comme le propose le gouvernement, "dans un pays comme le nôtre, c'est dangereux et ce n'est pas adapté", a déclaré mercredi le président de la Safer, un organe de régulation du foncier. 

Le projet de loi agricole actuellement discuté à l'Assemblée nationale prévoyait la création de "groupements fonciers agricoles d'investissement" (GFAI), censés permettre à des investisseurs d'acquérir plus facilement des terres pour les louer à de nouveaux agriculteurs, alors délestés du besoin de financer l'achat. 

Mais cette disposition a été rejetée en commission par les députés. 

Une réécriture de l'article pourrait encore être proposée, à l'Assemblée nationale ou au Sénat, mais à ce stade aucun amendement de rétablissement n'est au menu des débats au Palais Bourbon. 

"Est-ce qu'il y a besoin d'aller chercher des sommes importantes alors que le marché du foncier est globalement assez stable ? Nous répondons non", a indiqué Emmanuel Hyest, président de la fédération des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), à l'occasion d'un bilan annuel des transactions de fonciers ruraux. 

Dans certaines régions comme le nord de la France, "on n'a pas suffisamment de terres à attribuer pour répondre à la demande", a relevé le responsable. 

Le prix de la location de terres à des fermiers est encadré et le rendement moyen pour un propriétaire foncier est actuellement de 2,83%, soit moins que le Livret A. 

Pour attirer des investisseurs aux objectifs uniquement financiers, il faudrait que les prix du foncier augmentent, ce qui ne peut "que conduire à la spéculation", estime M. Hyest. 

Sur le marché des forêts, où sont autorisés des groupements forestiers d'investissement, le prix des massifs de plus de 25 hectares a bondi de 10% en 2023, fait valoir le responsable. 

Dans leur ensemble, les ventes de terres agricoles, forêts et maisons de campagne ont marqué le pas en 2023. 

Pour les terres et prés, le nombre de transactions a baissé de 1,5% tandis que la hausse des prix a ralenti (+1,5%). Le coût moyen d'un hectare non loué a quand même grimpé à son plus haut niveau depuis 1997, à 6.200 euros. 

Pour les vignes, la situation est "à deux vitesses", selon Loïc Jégouzo, du service des études de la Safer: le nombre de transactions a beaucoup reculé dans les vignobles en difficulté comme le Bordelais, mais quelques ventes exceptionnelles ont fait grimper la valeur totale des opérations de 16%. 

Les ventes de maisons de campagne ont pour leur part chuté de 24%. 

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