"Charlie Hebdo" : "on regarde vers l'avenir", déclare Riss

Riss était l'invité de FranceInfo ce jeudi matin. Près de 10 mois après les attentats de janvier, le directeur de "Charlie Hebdo" s'est exprimé à l'occasion de la sortie de l'album annuel du journal satirique intitulé "Tout est pardonné". Le dessinateur souhaite désormais "regarder vers l'avenir" et ne plus être "obsédé" par le passé.

Sortie de l'album annuel de Charlie Hebdo intitulé Tout est pardonné

"C'est un titre un peu ironique parce que c'est vrai que c'est difficile de pardonner une chose pareille. Je ne veux pas non plus qu'on soit haineux ou qu'on soit trop tournés vers le passé. Il ne faut pas qu'on soit obsédés par ça. On essaye d'être tourné vers l'avenir et d'être un peu plus créatif".

 

Rejet de l'esprit Charlie quelques semaines après les attentats

"C'était un peu inévitable. On se doutait bien que tout le monde n'est pas Charlie Hebdo, tout le monde n'a jamais forcément aimé Charlie Hebdo. Ça m'a jamais plus dérangé que ça. La seule chose qui me dérange c'est quand les gens trouvent des raisons au meurtre et à l'assassinat. C'est quelque chose qu'on peut difficilement pardonner".

"Pour moi c'est inacceptable. Après qu'on n'ait pas forcément envie de soutenir tout ce que fait Charlie, c'est normal aussi, c'est la diversité en démocratie".

 

Sous protection policière 24h/24

"Ils (les policiers, NDLR) m'évitent de sombrer dans la paranoïa et la peur. J'ai moins le souci de penser à ma sécurité".

 

L'avenir de Charlie Hebdo

"On vend à peu près autour de 80.000 en kiosques et on a 190.000 abonnés".

 

Charb aurait été en contact avec des hommes d'affaires du Proche-Orient selon Valérie.M présentée comme la compagne du dessinateur

"Ce sont des fantasmes de gens qui ne connaissaient pas bien Charlie Hebdo. Je ne vois pas très bien ce qu'elle connaissait du journal. Charb ne fréquentait pas des gens comme ça. Après en tant que journaliste, on croise des gens, mais ce ne sont pas des personnes que l'on fréquente. Ils ne sont pas de notre monde".

 

Luz et Patrick Pelloux quittent le journal

"Luz a été très marqué par ce qui s'est passé. Il avait beaucoup de mal à dessiner avec une table de rédaction vide. Le vide et l'absence des disparus l'ont vraiment marqué tout comme la pression médiatique qui était devenu à un certain moment insupportable. Il a voulu prendre de l'air et s'occuper un peu plus de lui".

 

Ouverture d'un site internet

"Depuis 2008 on avait un site internet mais ça a toujours été un peu laborieux. On a toujours eu du mal à intégrer ça dans le processus du journal. Mais là on va essayer de l'intégrer".

 

Critique envers Philippe Verdier, chef du service météo de France-2

"Il faut des débats. Quand on aime les débats, il faut savoir être dans la contradiction et ne pas être d'accord avec tout le monde".

 

La France a-t-elle eu la bonne réaction après les attentats de janvier?

"On a en face de nous des gens qui ont en tête un système politique alternatif. Ils défendent des valeurs qui sont contraires aux nôtres. Il y  l'ambition de remettre en cause nos libertés fondamentales ici en France".

"Il ne faut pas se laisser impressionner par les gens qui n'aiment pas ça. Il y aura toujours des gens qui n'aimeront pas Charlie Hebdo. Si on cherche à faire un Charlie Hebdo qui plaît à tout le monde, il faut arrêter de le faire. On arrivera jamais à convaincre 65 millions de Français. On fait un journal pour ceux qui nous aiment et qui nous comprennent".

"Je crois qu'il faut continuer à faire ce qu'on a toujours fait. Il ne faut pas laisser le terrain à nos adversaires. Il faut se battre".

 

Livre hommage: cinq sections dédiées aux dessinateurs victimes de l'attentat

"Ce livre est la compilation des meilleurs dessins de l'année passée. Pour cette année-là, c'était un peu particulier puisque ce sont en fait leurs derniers dessins. On ne pouvait pas les noyer dans la masse. On les a un peu sanctuarisés  et chacun a son chapitre dédié. Ils ne dessineront plus jamais. Ce n'était pas facile à faire".

 

Etat d'esprit des membres de Charlie Hebdo

"Ça va quand même un peu mieux. Le plus dur est passé. Les six premiers mois ont été terribles. Chacun retrouve un peu ses repères. On regarde vers l'avenir même si on a le passé en mémoire. Il faut construire l'avenir du journal".