Luc Besson doit 465.000 euros à John Carpenter pour plagiat et contrefaçon
La cour d’appel a lourdement condamné Luc Besson et sa société de production Europacorp le 10 juin. Ils sont tenus de verser 465.000 euros de dommages et intérêts au cinéaste américain John Carpenter, à son coscénariste et à Studiocanal pour "contrefaçon" de New York 1997 (1981) avec le film Lock Out (2012). Les plaignants réclamaient au départ 2,2 millions d’euros.
"Tous les metteurs en scène dits importants, comme Spielberg, récoltent un procès à chaque film. J’ai été accusé sur Taxi, sur Le Cinquième Elément, sur Léon… bref sur tous. J’ai toujours gagné et, en plus, mes accusateurs ont eu des amendes. Ca, on en parle peu dans les journaux", assurait Luc Besson dans Paris Match en 2009. "J’ai eu dix procès pour plagiat, je les ai tous gagnés". Tous, sauf jusqu’à aujourd’hui.
Dès la sortie du film en 2012, de nombreux critiques le rapprochent de New York 1997: "un plagiat lisse, habile et éhonté" explique l’un. "On évolue plus dans le domaine du plagiat que de l’hommage" estime un autre.
En 2014, le tribunal de grande instance de Paris avait condamné Luc Besson et Europacorp à verser 85.000 euros aux plaignants. Dénonçant une "entrave à la liberté artistique", le réalisateur de Léon fait alors appel, malheureusement pour lui.
Dans sa décision, la cour d’appel souligne une accumulation de similitudes. Elle estime que le tribunal de grande instance de Paris "n’ayant pas pris la juste mesure du préjudice moral qu’ils (John Carpenter et Nick Castle) ont subi en regard, notamment, de l’importante diffusion du film Lock Out", il est nécessaire de "réévaluer le montant des indemnités accordées à chacun d’eux".
Les deux films d’anticipation se passent dans une prison isolée et invivable. Les prisonniers se mutinent et prennent en otage le président des Etats-Unis dans New York 1997, et la fille du président des Etats-Unis dans le film de Luc Besson…
Dans les deux scénarii, les autorités hésitent entre donner l’assaut ou envoyer un homme seul pour libérer l’otage. La deuxième option est finalement choisie. Autre "inspiration" de la part d’Europacorp: les autorités proposent à un prisonnier un marché; libérer l’otage contre sa liberté et dans les deux cas le héros hésite avant d’accepter. Il est manipulé par les autorités dans les deux œuvres. L’action des deux films se déroulent en une journée, le héros doit récupérer une mallette qui s’avérera vide, il retrouve un ancien comparse mais celui-ci meurt…
Le protagoniste de Lock Out est identique à celui du film de Carpenter: passé de héros (militaire ou agent de la CIA), musclé, tatoué, solitaire, cynique et rebelle. Il s’appelle Snake dans le premier film, Snow dans le second… et il refuse à chaque fois de se faire appeler par son vrai nom. L’esthétisme des deux films est aussi sensiblement le même; obscurité, lumières bleutées… de nombreuses scènes sont reprises à l'identique comme le moment où le héros fume durant son interrogatoire ou celui où il se blesse à la cuisse…
En guise d’arguments, Europacorp avance que New York 1997 s’inspire lui-même de Rio Bravo ou encore que le film de Carpenter ne dénonce pas la société, contrairement à Lock Out. Ou bien que "Luc Besson est un des plus grands talents français de tous les temps"…
Le studio de Luc Besson est en désaccord total avec la décision de la cour d’appel mais ne se pourvoira pas en cassation.
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