"La route sauvage" : l'ado et le cheval (critique)
Le monde des courses dans l'Oregon puis le voyage solitaire d'un adolescent qui tente, avec son cheval, de retrouver sa tante à plusieurs centaines de kilomètres de là forment la trame du film La route sauvage, du réalisateur britannique Andrew Haigh, qui sort ce mercredi 25 sur les écrans français.
Charley, 15 ans, a appris à vivre seul et à se débrouiller. Sa mère a quitté le foyer conjugal et son père, qui l'aime et avec lequel il entretient de bons rapports, est souvent absent et inconstant. Tous deux viennent d'arriver à Portland, dans l'Oregon, sur la côte ouest américaine, et l'adolescent est à la recherche d'un petit boulot et d'un peu de chaleur humaine.
Il va trouver l'un et l'autre auprès d'un modeste entraîneur de chevaux, qui participe aux courses de la région en tirant un peu trop sur la corde et en demandant parfois un peu trop d'efforts à ses montures. Peu à peu Charley se prend d'amitié pour un des pur-sang, Lean on Pete, sur le déclin mais qui, tant qu'il gagne de temps en temps, n'est pas menacé d'être envoyé au Mexique pour finir à l'abattoir.
Tout change quand Lean on Pete, surmené, se blesse et n'est plus compétitif. Alors, quand l'entraîneur annonce qu'il va le vendre, Charley s'enfuit avec lui, emmenant le cheval dans son van. Livré à lui-même en l'absence de son père, l'adolescent prend la direction du Wyoming où habite sa tante, fâchée avec son père et qu'il n'a pas vue depuis longtemps mais qui pourra lui apporter, espère-t-il, la stabilité et un semblant de vie familiale. Le voyage sera long et semé d'embûches…
C'est le quatrième long-métrage du jeune réalisateur britannique Andrew Haigh, 45 ans, après Greek Pete (2009) et Week-end (2011) qui parlaient tous deux d'homosexualité, et 45 ans (2015), film sur la crise de confiance d'un couple de retraités qui valut à Charlotte Rampling le prix de la meilleure actrice au Festival de Berlin et une nomination à l'Oscar.
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Le film est l'adaptation d'un roman de l’écrivain américain Willy Vlautin, Lean on Pete (c'est aussi le titre original du film), paru en 2010 et publié en français en 2012 sous le titre Cheyenne en automne (13e Note Editions). "Il y avait une simplicité dans le roman que je voulais retrouver dans le film", explique le réalisateur. "Le voyage de Charley n’est pas qu’un classique récit d’apprentissage qui le conduirait vers l’âge adulte. Il y a quelque chose de plus fondamental: ce qui l’entraîne est un besoin désespéré d’appartenance à un foyer, une famille –la quête d’un lieu où il se sentirait protégé".
Le jeune acteur Charlie Plummer est remarquable dans le rôle principal, d'abord bien épaulé dans la première partie du film par Steve Buscemi qui joue l'éleveur de chevaux, puis livré à la solitude et à l'aventure dans la seconde partie. Car le film est d'abord une intéressante description du monde des courses, avant de devenir un beau portrait d'adolescent confronté aux grands espaces et aux marginaux d'une Amérique quotidienne et pas toujours facile.
Le récit est à la fois réaliste et émouvant, parfois sombre mais rempli d'espoir, un film doux-amer dont on se demande comment il finira: film d'auteur et fin dramatique, film grand public et happy end, ou ni l'un ni l'autre, ou les deux à la fois? La réponse est au bout du voyage –et ce n'est pas ici qu'on vous vendra la mèche…
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