Festival de Cannes : entre Sri Lanka et banlieue parisienne, "Dheepan", de Jacques Audiard, 4e film français en compétition (VIDEO)

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Jean-Michel Comte
Publié le 21 mai 2015 - 19:41
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Festival Cannes Jeudi 21 Jacques Audiard Film "Dheepan"
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©Eric Gaillard/Reuters
Jacques Audiard entouré des actrices et acteur de son film "Dheepan" (Srinivasan Kalieaswari, Claudine Vinasithamby et Jesuthasan Antonythasan) lors du photocall, jeudi 21.
©Eric Gaillard/Reuters

"Dheepan", de Jacques Audiard, quatrième film français en compétition, et "The Assassin", du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien, étaient au programme du jour ce jeudi au Festival de Cannes.

La guerre civile au Sri Lanka et le trafic de drogue dans les cités de banlieue parisienne: on est loin du glamour, des stars à décolleté et du tapis rouge dans Dheepan, le film de Jacques Audiard présenté jeudi 21 au Festival de Cannes, et plutôt bien accueilli.

C'est le quatrième film français à viser la Palme d'or (qui sera décernée dimanche 24), après Mon roi de Maïwenn, La loi du marché de Stéphane Brizé, Marguerite & Julien de Valérie Donzelli, et avant Valley of Love, de Guillaume Nicloux, qui sera projeté vendredi 22.

Dheepan raconte l'histoire d'un ancien combattant tamoul qui, pour fuir la guerre civile au Sri Lanka, obtient l'asile politique en France et se fait passer pour le mari et le père d'une jeune femme et de sa petite fille. Tous trois s'installent dans une cité de la banlieue, où l'homme trouve un emploi comme gardien d'un immeuble envahi par des dealers. Face aux trafiquants de drogue, à la violence, et au danger que cela représente pour lui, il va devoir réagir…

"Mon but n'était pas de réaliser un documentaire sur la guerre sri-lankaise ou sur les cités, tout en considérant ces deux environnements pour en faire un ou plusieurs regards sur la France", explique Jacques Audiard, qui n’était pas revenu dans la compétition cannoise depuis 2012, où il avait présenté De rouille et d’os. Son film "n'est pas une déclaration politique", dit-il: "lorsque j'ai découvert cette épouvantable guerre dont les conséquences n'ont pas toutes été tirées, j'étais bouleversé. Je ne peux même pas qualifier ce conflit, d'autres le font à ma place et je pense que c'est mieux ainsi. Je me suis saisi de la chose simplement, mais c'était intéressant de faire entrer le conflit tamoul au sein d'une fiction. Voilà pour moi le seul geste politique de Dheepan".

Pas d'acteur connu dans le film, dont le rôle principal est tenu par Jesuthasan Anthonythasan, 36 ans, ancien combattant lui-même (il fut enrôlé à l’âge de 16 ans par les Tigres de Libération de l’Îlam Tamoul), avant de se réfugier en Thaïlande puis en France depuis 1993. Il y a multiplié les petits boulots –employé de supermarché, cuisinier, homme de ménage, groom dans un hôtel d’Eurodisney– tout en menant en parallèle une carrière d’écrivain sous le nom de Shobasakthi.

Loin de la réalité actuelle, l'autre film de la journée en compétition, The Assassin, du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien, se situe dans la Chine du IXe siècle. Une justicière (interprétée par la belle Shu Qi), experte des arts martiaux, maintient la paix dans sa province, jusqu'au jour où elle se retrouve face à un dilemme: éliminer un rival alors qu’elle est amoureuse de lui.

C'est un film de cape et d'épée à la chinoise, mais loin de Tigre et dragon. Hou Hsiao-Hsien, habitué de la Croisette (c'est son 7e film en compétition, il a obtenu le Prix du Jury en 1993 pour Le Maître de marionnettes), reste fidèle à ses principes et à sa manière de filmer, plutôt austère. "J’affectionne les longs plans-séquences qui englobent l’arrière-plan des personnages et le contexte des objets qui les entourent", dit-il, imaginant le spectateur "comme assis sur la berge d’un torrent". Généralement les spectateurs se classent en deux catégories: ceux qui sont emportés par le courant, enthousiastes, et ceux qui restent assis sur la rive, endormis.

Pour les photographes, l'événement de la soirée de ce jeudi était le dîner caritatif annuel de l'AmFar, l'association américaine de lutte contre le sida, avec son cortège de vedettes en marge du Festival, à l'hôtel Eden Roc du Cap d'Antibes, à quelques dizaines de kilomètre de la Croisette.

Vendredi 22 le cinquième film français, Valley of Love, de Guillaume Nicloux, avec Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, sera présenté. En lice également pour la Palme, le film Chronic, du Mexicain Michel Franco, avec Tim Roth.

Mais à la veille du week-end final, les festivaliers auront un joli cadeau avec la projection, hors-compétition, du Petit Prince, le dessin animé tiré du chef d'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry, adapté par l'Américain Marc Osborne, le réalisateur de Bob l'éponge et de Kung Fu Panda.

(Voir ci-dessous un extrait du film Dheepan):

 

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