"Une histoire d'amour" bouleversante, Alexis Michalik entre rire et larmes


THEATRE - Tout commence en chanson : "Et pourtant je n'aime que toi..." Sans qu'on comprenne encore la place de la chanson d'Aznavour... « Une histoire d’amour », un titre simple, la promesse d’une pièce légère et romantique ? Improbable, une histoire d’amour sans complication, surtout lorsque celle-ci est imaginée par Alexis Michalik, l'enfant prodige du théâtre français. Auteur, metteur en scène, il est même remonté sur les planches pour la pièce, du moins la première saison. Pour ce nouveau cycle, deux équipes se partagent les représentations.
L'histoire démarre dans une certaine légèreté : une rencontre entre deux femmes qui se transforme vite en une aventure passionnelle. Justine est pétillante et vive, Katia est plus angoissée, marquée par des blessures d’enfance qu’elle tente de dissimuler sous une certaine froideur caustique. De cet amour naît un désir d’enfant, gage éternel de leur union. Jusque-là c’est une jolie histoire d’amour, mais qui peine un peu à démarrer malgré les effets de la "patte Michalik" : narration enlevée, obsession du rythme, transitions "in vivo" avec les changements de décor faits par les acteurs, qui jouent chacun plusieurs rôles, du vrai théâtre de troupe... Les habitués apprécieront, les novices découvriront avec délice, même si c'est un ton plus sobre que certaines de ses mises en scène virtuoses.
C'est donc en finesse que l'auteur et metteur en scène nous emmène donc dans cet amour "impossible" (et pourtant...) juste, servi par des acteurs remarquables, précis et habités. L'homosexualité de cette histoire d'amour est laissée à sa place : ni vraiment anodine, ni vraiment majeure dans l'histoire. Un parti pris qui pourra heurter ou laisser cours à différentes interprétations, mais qui est une mise en retrait derrière ses personnages assez bienvenue, sans pour autant être "dégagée" : le contexte politique est évoqué, juste assez pour ancrer dans la réalité d'une époque son histoire, mais pas trop pour ne pas alourdir d'un propos militant son récit.
Et puisqu'en France, tout finit par des chansons, la boucle se referme avec la chanson inaugurale : "Et pourtant je n'aime que toi" prend alors tout son sens...
Et pourtant, et pourtant Je marcherai vers d'autres cieux, d'autres pays
En oubliant ta cruelle froideur / Les mains pleines d'amour j'offrirai au bonheur
Et les jours, et les nuits, et la vie / De mon cœur
Et pourtant... Pourtant, je n'aime que toi..."
★★★ "Une histoire d'amour", à la Scala, jusqu'au 21 août 2021.
Avec en alternance Clément Aubert, Pauline Bression, Juliette Delacroix et Marie-Camille Soyer ou Stéphanie Caillol, Alexia Giordano, Paul Lapierre et Julia Le Faou.
Et en alternance Victoire Brunelle-Rémy, Lior Chabbat, Lila Fernandez, Elisa de Lambert et Léontine d’Oncieu

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