Le confinement a-t-il accéléré la transition numérique du marché de l'art ?

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Publié le 15 juin 2020 - 19:35
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Foires d’art annulées, galeries d’art et maisons de vente contraintes de fermer provisoirement leurs portes, le marché de l’art contemporain subit de plein fouet la crise du Coronavirus Covid-19. Pour minimiser la casse, les différents acteurs du marché de l’art se réinventent. Parmi les nouveaux enjeux, la transition numérique occupe une place de choix. Comment le numérique vient-il au secours du marché de l’art ?
 
Qu’est-ce que le marché de l’art ?
 
Le marché de l’art désigne le marché de transactions d’œuvres d’art. Il est divisé en deux sous marchés. Le premier marché correspond à l’ensemble des œuvres vendues pour la première fois, la plupart du temps par l’intermédiaire d’une galerie d’art en ligne, d’une galerie d’art traditionnelle ou d’une foire d’art. Lorsque les œuvres sont revendues, en maison de vente ou lors de ventes de gré à gré, on parle alors de second marché. 
 
Objet de convoitise pour les uns, véritable investissement pour les autres, l’art constitue un marché à part entière. En attestent les montants des transactions dont les œuvres d’art font l’objet. Désormais globalisé, le marché de l’art est touché par les différents bouleversements et enjeux mondiaux. La crise sanitaire du Coronavirus Covid-19 ne déroge pas à la règle. Tout comme la crise de 2008 et son impact brutal sur le monde de l’art, le confinement de plus de 4 milliards d’individus aux quatre coins du globe affecte fortement le marché de l’art. 
 
Marché de l’art : quel constat avant le confinement ?
 
Déjà en 2019, le marché de l’art enregistrait une baisse des ventes de 5% dans le monde. -5% pour les États-Unis, -10% pour la Chine ou encore -9% pour la Grande-Bretagne, la France restait le seul pays à tirer son épingle du jeu avec une hausse de 7% du marché total cette même année. 
 
Représentant 42% du marché total, les ventes publiques sont celles qui ont été le plus durement affectées par la baisse de 2019, avec -17% de transactions. En revanche, avec +2%, les ventes privées des commissaires-priseurs et les ventes des galeristes ont connu certes une petite progression, mais une progression tout de même. 
 
Transition numérique et marché de l’art : réponse efficace au confinement ?
 
Face à cette situation sans précédent, de nombreuses ventes et foires d’art sont annulées. Point final de l’année 2020 ? Non. À l’heure de la crise du Coronavirus Covid-19, le digital se présente comme le moyen le plus efficace pour faire tomber les murs du confinement. En effet, le web possède l’avantage de réduire la distance entre l’artiste et les collectionneurs.
 
Certaines foires d’art sont proposées en version digitale, à l’image de Art Paris qui devait se tenir début avril au Grand Palais et qui s’est tournée vers une version 100% numérique et ouverte au public. Grâce à la technologie de l’outil « Online Viewing Room », Art Paris propose une visite en immersion 3D des 150 galeries d’art qui étaient attendues. 
 
De son côté, Art Basel Hong Kong a mis en place, fin mars, une plateforme sur laquelle 230 galeries ont pu proposer 10 œuvres chacune. Et les collectionneurs ont répondu présent : le méga-galeriste David Zwirner a ainsi vendu plus de 6 millions de dollars d'œuvres dont une peinture de l'artiste sud-africaine Marlene Dumas, vendue pour 2,6 millions de dollars et une œuvre de Luc Tuymans vendue pour 2 millions de dollars.
 
Marché de l’art en ligne : bon plan pour les collectionneurs ?
 
Les foires d’art ne sont pas les seules à avoir pris le virage du numérique. En effet, de plus en plus de galeries d’art proposent une version virtuelle de leur fonds. Photographies, peintures, sculptures ou encore lithographies, les galeries d’art en ligne permettent de découvrir et d’acheter tout type d’œuvres.  
 
La célèbre salle des ventes Drouot s’est elle aussi adaptée au numérique en proposant aux acheteurs de participer en ligne aux ventes en salle. Elle offre également l'exclusivité de certaines ventes aux usagers du web, sur la plateforme «Drouot Online».
 
L’achat et la vente d’œuvres d’art en ligne permettraient aussi de démocratiser l’achat d’œuvres d’art en attirant un public plus large. L’achat en ligne est notamment plébiscité par les jeunes collectionneurs et les amateurs les moins familiers avec les codes du marché qui apprécient la discrétion et la commodité qu’offrent le web, la transparence de l’information disponible en ligne (notamment le prix !) et le fait de pouvoir se décider à son rythme. 
 
Digitalisation et marché de l’art : quels enjeux  ?
 
L’art n’échappe pas à la nécessité d’accélérer sa transition numérique. En 2016, 46 % des achats d’œuvres d’art ont été effectués par les 18-35 ans. En permettant aux acteurs du marché de renouveler leur clientèle chez les populations plus jeunes, d’intégrer de nouveaux marchés ou encore d’asseoir leur notoriété, le digital apparaît plus que jamais comme un moyen de rester à flot dans cette crise du Coronavirus Covid-19. 
 
Toutefois, la digitalisation du marché de l’art est un processus encore en construction. Le principal enjeu du marché de l’art en ligne réside dans le développement des ventes, notamment à des montants unitaires élevés. En effet, selon le rapport Art Basel 2020, la majorité des grands collectionneurs achètent en ligne des œuvres ne dépassant pas le prix de 50 000 dollars. 
 
Autre défi, la capacité des galeries en ligne à optimiser leur expérience utilisateurs afin d’accroitre le potentiel de vente. De la qualité des images filmées et photographiées, à la capacité de trouver les bons mots afin de décrire les œuvres, chaque détail compte. 
 
Il existe de nombreuses similitudes entre les enjeux de la révolution numérique du marché de l’art et ceux des autres secteurs d’activité. Cependant, la dérégulation du marché de l’art, son caractère spéculatif et les prix élevés de certaines œuvres sont autant de spécificités à prendre en compte. 
 
La digitalisation du marché de l’art inclut à la fois les transactions en ligne et les nouveaux usages liés au numérique. Qu’il s’agisse des collectionneurs passionnés, des marchands d’art, des galeristes, des artistes ou des néophytes, chaque acteur peut tirer parti de la transition numérique, désormais indispensable au marché de l’art.  
 

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