Le journaliste Frédéric Aigouy évoque la liquidation de RT France : une centaine de salariés laissés sur le carreau
DEBRIEFING - Pour le journaliste Frédéric Aigouy et une centaine d’autres confrères et salariés, le couperet est tombé. Vendredi 7 avril, la liquidation judiciaire de RT France a été décidée par le tribunal de Nanterre.
“La situation durait depuis un an”, rappelle-t-il, évoquant "une épée de Damoclès" qui menaçait une chaîne et sa rédaction qui n'ont pourtant jamais été averties, sanctionnées, ni condamnées pour la moindre entorse à la déontologie par le régulateur de tutelle (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ARCOM).
Le 27 février 2022, une interdiction de diffusion est décidée par l’Union Européenne, et appliquée dès le 2 mars suivant. Si RT France peut continuer à émettre, la chaîne n’est plus véritablement accessible au grand public : seuls les spectateurs capables de recourir aux services d'un VPN, afin de contourner le verrou du contrôle basé sur la géolocalisation des IP, parviennent encore à accéder aux programmes.
Le 20 janvier 2023, les conditions du fonctionnement de la rédaction deviennent intenables avec le gel des comptes bancaires de la chaîne, à “la demande de la Direction Générale du Trésor”, comme l’indique alors la journaliste Xenia Fedorova, présidente et directrice de l’information de RT France :
Les fonds de RT France sont gelés à la demande de la Direction Générale du Trésor, en raison du 9eme paquet de sanctions qui ne vise pas RT France. Notre chaîne ne peut plus poursuivre son activité. Voici notre communication. pic.twitter.com/aF3JUsqkLl
— Xenia Fedorova (@xfedorova) January 21, 2023
Frédéric Aigouy, qui précise que le financement de RT France est comparable à celui de n’importe quel autre média dépendant d’un État, en France ou dans le monde anglo-saxon en général, dénonce “une décision éminemment politique”.
Il s’agit à ses yeux d’une profonde source “de déception” pour toute une équipe “qui faisait le boulot” journalistique “sur le terrain”, qu'il s'agisse de sujets comme le Brexit, le RussiaGate ou les Gilets Jaunes.
"Nous sommes des journalistes français et nous faisons notre travail", témoigne Frédéric Aigouy, qui regrette le manque de confraternité de certains journalistes qui se sont acharnés contre RT France, un des rares médias qui ne suivait pas "la doxa gouvernementale".
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