“La liberté académique est morte” : un professeur de Stanford raconte son “enfer” après s’être opposé au confinement
Un professeur de l’Université de Stanford, Jay Bhattacharya, rapporte que “sa vie était devenue un enfer” après avoir exprimé en octobre 2020 son désaccord contre le confinement à domicile dans le cadre des mesures sanitaires imaginées pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Ce professeur de médecine, d’économie et de politique de recherche en santé à l'Université de Stanford, a ainsi affirmé que “la liberté académique est morte”. Co-auteur de la déclaration de Great Barrington, signée par des milliers de scientifiques et recommandant une approche alternative contre l'épidémie de Covid-19, Jay Bhattacharya a fait état d’un “haut clergé qui déclare ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai”.
Ce scientifique était l’invité d’une conférence sur la liberté académique à la Graduate School of Business de Stanford, qui s’est déroulée les 4 et 5 novembre 2022. Lors de son intervention, Jayanta Bhattacharya a dressé un constat sans appel sur les conséquences des mesures sanitaires mises en œuvre au cours de la crise covid et la censure idéologique qui pèse sur les scientifiques qui contestent le discours officiel relatif à leurs mérites. Il a illustré son opinion par son expérience personnelle, c’est-à-dire “l’enfer” auquel il fait face depuis qu’il a exprimé, avec des milliers d’autres scientifiques, son désaccord avec la politique dominante de la lutte contre le coronavirus.
Ce professeur a réitéré son avis quant aux confinements. Lors de cette conférence, il a qualifié la politique adoptée de “la plus catastrophique de toute l’histoire”. Il s’agit, de son avis, “la pire erreur de santé publique des 100 dernières années”.
Un environnement “profondément hostile”
Jay Bhattacharya a évoqué la Déclaration de Great Barrington. "Le document avait pour but de dire au public que le confinement ne faisait pas consensus au sein de la communauté scientifique. De nombreux épidémiologistes, de nombreux médecins, de nombreuses autres personnes comme des personnalités éminentes n'étaient pas d'accord", a-il expliqué.
Cette déclaration a vivement été dénoncée par des responsables de la santé publique. Parmi eux, le directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, Anthony Fauci, qui a qualifié l'appel à miser sur l'immunité collective évoqué dans cette déclaration de "non sensé et de très dangereux". Le Pr Bhattacharya a d’ailleurs dénoncé le Dr Fauci : "Vous avez quelqu'un comme Anthony Fauci qui dit, sans ironie, que si vous m'interrogez, vous n'interrogez pas simplement un homme, vous interrogez la science elle-même”.
Pour lui, par leur attitude, le Dr Fauci et ses confrères incarnent un "haut clergé qui déclare d'en haut ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai". Et quand “vous adoptez une position en contradiction avec le clergé scientifique, votre vie devient un enfer (...) Vous faites face à un environnement de travail profondément hostile”, poursuit le Pr Bhattacharya.
Interrogé le 21 novembre dans une interview sur Fox News, ce professeur affirme que “dans de nombreux cercles scientifiques pendant la pandémie, le pouvoir a remplacé l'idée de vérité comme guide”. Il estime qu’Anthony Fauci a instauré “un exercice de pouvoir brut, où il se place effectivement comme le pape de la science, au lieu d'être animé par un véritable désir d'apprendre la vérité”.
"Ils ont systématiquement essayé de donner l'impression que tout le monde était d'accord avec leurs idées sur la politique Covid, alors qu'en fait il y avait un profond désaccord entre les scientifiques et les épidémiologistes sur la bonne stratégie. C'est pourquoi nous avons écrit la déclaration de Great Barrington pour dire au public qu'il y avait ce désaccord. Il y avait une autre politique alternative disponible”, a-t-il encore déclaré à Fox News.
Lâché par les dirigeants de Stanford
Bhattacharya a révélé que peu de temps après que la diffusion de la déclaration de Great Barrington, il a reçu “des menaces de mort, des courriers haineux et des questions sur l'origine de ses fonds”, lui, qui affirme avoir été employé par le Centre de démographie et d'économie de la santé et du vieillissement de Stanford.
Plus tard, une “pétition secrète” a été lancée sur le campus pour demander la censure de Bhattacharya. Ce dernier a également déclaré avoir été victime d’une campagne d'affichage sur le campus qui le blâmait pour des décès dus au Covid-19 en Floride.
Lors de cette conférence organisée au début du mois de novembre, il a notamment exprimé son regret quant à l’attitude de l’administration de l’Université de Stanford, notamment celle de son président. Le scientifique a déclaré que si le président de Stanford avait appelé à débattre de la déclaration de Great Barrington, les choses se seraient passées différemment : "Il y aurait eu une énorme controverse à ce sujet, mais en même temps, l'environnement de travail hostile se serait dissipé parce que ce qu'il aurait dit, c'est : “Écoutez, débattons, il est légitime d'avoir ce débat, un endroit comme Stanford est l'endroit où ce débat devrait avoir lieu”.
Et de poursuivre : “Si vous avez un point de vue scientifique ou politique légitime et que vous n’en parlez pas, vous envoyez un message selon lequel vous ne vous souciez pas de la vérité”. Aussi, le Pr Bhattacharya n'hésite pas à conclure que "la liberté académique est morte, car elle n'a d'importance que lorsqu'il y a des sujets de controverse comme celui-ci. Et si les dirigeants universitaires ne le défendent pas, ils ne méritent pas les postes qu'ils occupent”.
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