Trafic d’êtres humains : Plus de 2 500 personnes arrêtées dans “la plus grande opération” menée à ce jour par Interpol
Plus de 2 500 personnes arrêtées et plus de 3 000 victimes potentielles secourues. Tel est le bilan de “la plus grande opération contre le trafic d’êtres humains” menée à ce jour par Interpol. La Liberterra II, qui s’est déroulée pendant une semaine en octobre dans 116 pays et territoires, a nécessité la surveillance de près de 24 000 vols et 8 millions de vérifications dans les bases de données de cette organisation internationale de police criminelle.
3 222 victimes secourues, 2 571 personnes arrêtées
Selon un communiqué diffusé mercredi 6 novembre 2024, l’opération Liberterra II a permis de “sauver 3 222 victimes potentielles” de la traite des êtres humains et d’identifier 17 793 migrants irréguliers. Parmi les victimes figurent des mineurs, dont 14 en Argentine, contraints de travailler dans des exploitations fruitières et maraîchères avec 45 autres victimes.
21 autres mineurs ont été interceptés par les autorités tunisiennes avec 6 autres individus, lorsqu'ils tentaient de se rendre au Royaume-Uni sous prétexte d’un séjour linguistique. Dans les deux opérations, des armes à feu et des sommes considérables en liquide ont été saisies tandis que des suspects identifiés ont été déférés devant la justice.
Au Mali, 24 Togolaises retenues contre leur gré et obligées de participer à une combine commerciale, après avoir été attirées par la promesse d’une embauche à l’étranger, ont été identifiées. Sur le continent européen, Interpol fait état de l’arrestation de 12 suspects liés à deux groupes criminels en Serbie, qui ont facilité le passage d’au moins 178 migrants irréguliers vers la Bosnie-Herzégovine.
Au Brésil, frontalier avec l’Argentine, il est plutôt question d’une enquête sur un trafic de drogue qui a permis de dévoiler une opération de trafic de migrants. Un candidat au conseil municipal et son associé ont été arrêtés pour avoir fait passer 70 migrants aux États-Unis. En outre, 750 000 dollars ont été saisis. Plus au nord, au Costa Rica, une femme à la tête d’une secte a été arrêtée pour “exploitation d’enfants, travail forcé et violences physiques et psychologiques”.
Cette opération, qui s’est déroulée du 29 septembre au 04 octobre avec la participation de plus de 110 pays, a ainsi mené à 2 517 arrestations, dont 850 concernaient spécifiquement le trafic d’êtres humains ou de migrants. Ces résultats préliminaires incluent les résultats d’une opération contre des centres d’escroqueries en ligne aux Philippines, où “250 personnes, Chinois pour la plupart, se livraient à des arnaques aux sentiments à l’échelle industrielle”.
Des modes opératoires évolués
Interpol insiste particulièrement dans son communiqué sur la “rupture claire” des procédés avec “les schémas traditionnels de la traite”. La Liberterra II “a permis de découvrir des dizaines de cas dans lesquels des victimes de la traite ont été trompées et contraintes de commettre une fraude”, explique-t-on. En d’autres termes, l’exploitation humaine n’est plus “le seul objectif criminel”.
“Dans de nombreux cas, les victimes sont attirées par de fausses promesses d’emploi et sont maintenues sur place par l’intimidation et les abus”, poursuit le communiqué. “La traite des êtres humains et le trafic de migrants sont de plus en plus liés à d’autres formes de criminalité, utilisant souvent les mêmes réseaux et itinéraires criminels”, souligne-t-on.
“Dans leur quête incessante de profit, les groupes criminels organisés continuent d’exploiter des hommes, des femmes et des enfants, souvent à plusieurs reprises”, a déploré le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock. “Seule une action coordonnée peut contrer ces menaces”, a estimé le SG sortant, qui s’apprête à céder ces jours-ci sa place au Brésilien Valdecy Urquizava.
La première mouture de cette opération remonte à 2021. Ses résultats, bien moins significatifs que celle d'octobre dernier, étaient déjà considérés comme “notables” avec 286 arrestations, 430 victimes secourues, 4 000 migrants irréguliers interceptés, donnant lieux à l’ouverture de 60 nouvelles enquêtes.
Toutefois, la première opération Liberterra n’a pas porté le coup escompté à ce trafic, puisque Interpol émettait en 2023 une notice orange liée à une “tendance criminelle alarmante”. “Le trafic d'êtres humains à grande échelle lié à des centres d'escroquerie en ligne”, initialement concentré en Asie du Sud-Est, [prenaient] une dimension mondiale”, poussant aussi bien dans les pays européens qu’ailleurs, à renforcer mobilisation et arsenal juridique.
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