Accord de 700 millions de dollars entre les États américains et Johnson & Johnson pour échapper à une enquête sur un talc soupçonné d’être cancérigène

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France-Soir
Publié le 13 juin 2024 - 08:26
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Tama /AFP
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Après des mois de tractations, Johnson & Johnson parvient à un accord avec la justice américaine. Le laboratoire américain a accepté de payer la “modique” somme de 700 millions de dollars pour mettre fin à une enquête de 42 États américains et Washington DC, liée à son talc et d’autres produits à base de cette poudre. Johnson & Johnson est entre autres accusé d’avoir induit en erreur ses consommateurs, en affirmant pendant plusieurs décennies que ces produits, soupçonnés de causer le cancer ovarien, étaient sûrs.  

Les faits remontent à une cinquantaine d’années. Pendant un demi-siècle, le laboratoire américain a commercialisé du talc qui contenait de l’amiante et ses dirigeants, au courant du danger de ce matériau utilisé dans la fabrication de feutres, de plaques cartonnées ou de plaquettes de freins, ont délibérément dissimulé cette information.  

Faillites et condamnations à des milliards de dollars 

Les procès accusant la multinationale de commercialiser des produits à l’origine de cancers chez les consommateurs, se sont cumulés au fil des années. Le groupe, qui nie jusqu’à aujourd’hui que son talc soit cancerigène malgré des preuves accablantes, a été condamné une première fois en 2016. Un jury de l'État américain du Missouri a ordonné à J&J de verser 72 millions de dollars à la famille d'une femme, Jackie Fox, dont le décès à 62 ans du cancer des ovaires serait lié à l'utilisation du talc Baby Powder de la société. 

Les affaires se sont enchaînées. En 2018, l’agence de presse britannique, Reuters, révélait, sur la base de documents internes, que les dirigeants de J&J étaient informés du danger de leur produit en raison de la présence de l’amiante. La même année, le labo est une nouvelle fois condamné à verser 4,7 milliards de dollars de dommages et intérêts, à un groupe de 22 femmes affirmant avoir développé un cancer de l’ovaire suite à l’utilisation de ce produit. Un montant a été réduit à 2,1 milliards en 2020 en appel et confirmé en 2021 par la Cour suprême. 

Pour se tirer d’affaires, Johnson & Johnson a multiplié les propositions, décidant même en 2021 de mettre en faillite certaines de ses filiales liées au talc. Le double objectif de cette manoeuvre, rejetée par les tribunaux, était de calmer la controverse tout en absorbant les frais engagés dans les nombreuses procédures judiciaires enclenchées par cette affaire, comme celle d’une femme atteinte de mésothéliome, à qui le géant pharmaceutique devait 260 millions de dollars sur ordre d’un tribunal de Portland. 

La commercialisation de ce talc a d’abord été suspendue sur le marché nord-américain puis, à partir de 2022, ailleurs dans le monde. Jonhson & Johnson a remplacé cette matière par de l’amidon de maïs pour fabriquer sa poudre pour bébé. Loin de calmer la colère des consommateurs puisque jusqu’au mois de mars dernier, environ 61 500 personnes, des femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ou de mésothéliome pour la plupart, poursuivaient encore la firme. Ce chiffre constituait alors 99,75% des plaintes qui visaient J&J.  

Le mois de mai qui suit, le géant américain propose, contre la fin de ces poursuites civiles, de payer environ 6,5 milliards de dollars sur 25 ans. “Ce plan est l'aboutissement de notre stratégie de résolution consensuelle annoncée en octobre", expliquait un responsable juridique. Une réserve de 11 milliards de dollars a été mise de côté pour absorber les dettes liées au produit incriminé. 

"Depuis [octobre 2023], le groupe a travaillé avec les avocats représentant la très grande majorité des plaignants pour trouver une issue à ce litige, que nous anticipons avec ce plan", a-t-il précisé. 

Accord avec les États américains 

Mercredi, Johnson & Johnson est parvenu à un accord pour régler une de ces si nombreuses poursuites. La firme a accepté de payer 700 millions de dollars pour mettre fin à une enquête, menée par 42 États américains et Washington, DC. Le labo est accusé dans cette instruction d’avoir induit les consommateurs en erreur en leur faisant croire que ses produits à base de talc étaient sûrs. 

Jusqu’à nos jours, le groupe maintient ses propos, selon lesquels ses produits sont sûrs et ne provoqueraient pas le cancer. Une position maintenue lors du règlement de cet accord avec les États américains, la Floride, la Caroline du Nord et le Texas à leur tête.  "Il s'agit d'une avancée majeure pour la sécurité des produits de consommation", de l’avis du procureur général de Floride, Ashley Moody. 

J&J, basé dans le New Jersey, et doit aussi faire face à un autre recours collectif de la part des actionnaires, qui lui reprochent d’avoir “frauduleusement caché” les dangers du talc.  "La société continue de suivre plusieurs voies pour parvenir à une résolution globale et définitive du litige concernant le talc", a encore déclaré avant-hier le même dirigeant, Erik Haas, vice-président mondial des litiges de J&J. 

"Nous continuerons à répondre aux réclamations de ceux qui ne veulent pas participer à notre résolution consensuelle de faillite envisagée par le biais d'un litige ou d'un règlement", explique-t-il. 

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