Souad Amidou Hajij, fondatrice et présidente de l’association La Tanière, est décédée. Hommage.

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Laurence Beneux, France-Soir
Publié le 29 janvier 2024 - 12:01
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Souad Amidou Hajij
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Souad Amidou Hajij, décédé le 7 janvier dernier. Elle avait donné une interview à notre site au mois de juin.
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HOMMAGE - Le 3 juin 2023, France-Soir interviewait Souad Amidou Hajij, maman "désenfantée” et fondatrice de l’association La Tanière, qui accompagne les familles d’enfants agresseurs sexuels et prend en charge ces derniers. Souad Amidou Hajii nous a quittés, le 7 janvier dernier, et son décès constitue une grande perte pour la protection de l’enfance. Hommage à cette femme douce et courageuse, qui avait accordé à France-Soir une interview en juin dernier, et rappel de l’essentiel de ses combats.

Souad est une double victime de nos institutions. Victime de l’institution judiciaire française, encore récemment rappelée à l’ordre par l’ONU pour ses manquements en matière de protection des enfants victimes d’agressions sexuelles et son acharnement contre les parents protecteurs, et victime du dogmatisme de certains hôpitaux qui refusent, aujourd’hui encore, le droit à une greffe d’organe à des patients, au motif qu’ils ne sont pas vaccinés contre le Covid. L’aveuglement acharné tue.

Souad était maman de deux jumelles, aujourd’hui orphelines à l’âge de 12 ans. 

Quand, une de ses filles, alors âgée de 4 ans, lui a révélé avoir été violée par un enfant de 8 ans, le fils de la nouvelle compagne de son père, Souad a cherché une aide qu’elle n’a pas trouvée. Elle s’est au contraire heurtée au déni des institutions et, comme c’est trop souvent le cas, la justice a préféré la considérer comme folle, malgré les propos tenus par la petite, et transférer la garde des jumelles à leur père. Souad a perdu jusqu’à l’exercice de l’autorité parentale et le droit de voir ses enfants qui, par voie de conséquence, ont perdu celui de voir leur mère.

Plutôt que de céder à la colère, Souad Amidou a voulu comprendre, afin que son drame serve aux autres, et elle a fondé l’association La Tanière. 

Son objet : s’attaquer au tabou des enfants agresseurs sexuels, accompagner ces derniers et leurs familles, pour éviter les récidives. Car un enfant prédateur est aussi un enfant victime, qui reproduit ce qu’il a subi ou vu, et qui ne récidive pas en cas de prise en charge adéquate. 

Souad s’est formée et a recruté des professionnels bénévoles pour son association, qui est supervisée par le Centre de ressources des intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles de Bordeaux. La France est tellement indigente en matière de prise en charge des mineurs agresseurs sexuels que l’expertise des membres de La Tanière a rapidement été sollicitée par l’institution judiciaire, des travailleurs sociaux, des psychologues et des familles de la France entière.

Alors même que des magistrats demandaient de l’aide à Souad pour prendre en charge des enfants auteurs de violences sexuelles, d’autres s’obstinaient à la considérer comme un danger pour ses propres filles.

Il a fallu attendre 2023 pour que la justice autorise Souad et ses enfants à se revoir lors de visites médiatisées, après plus de trois ans de séparation complète. En novembre dernier, mère et filles ont pu se rencontrer deux fois et les retrouvailles se sont bien passées. Pourtant, le père des petites s’est obstiné à vouloir effacer leur mère de leur vie, et a décidé de violer la décision de justice en ne présentant pas les jumelles lors de la visite programmée début décembre. 

Souad n’a pas supporté la violence de cette nouvelle séparation contrainte. Ses reins ont lâché. Certes, la maman était fragilisée par une insuffisance respiratoire rendant nécessaire une greffe des poumons que l’hôpital lui refusait du fait de son statut vaccinal contre le Covid, mais elle n’était pas en danger de mort imminente. L’avocate de Souad, maître Myriam Guedj Benayoun, explique, lors d’un entretien filmé accordé à Kathya de Brinon pour l’association SOS Violenfance, que les médecins attribuent la dégradation subite de la santé de la jeune femme à un choc psychologique violent. Elle est tombée dans le coma, ses autres organes ont lâché et elle est décédée le 7 janvier 2024, créant un grand vide dans le milieu de la protection des enfants, et suscitant une vive émotion chez tous ceux qui la connaissaient.

Nous vous invitons à découvrir ou à revoir l’interview accordée à France-Soir par Souad Amidou Hajij. Le plus grand hommage à rendre cette femme lumineuse, au courage exceptionnel, est que son message lui survive et que l’essentiel travail réalisé par La Tanière se perpétue et se développe.

Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches.

Association La Tanière

2 rue Roger et André Dudezert

47200 Marmande

E-mail : associationlatanière@hotmail.com

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