Pollution plastique : certaines entreprises n'ont fait aucun progrès

Alors qu’un rapport français publié en mars dernier soulignait certains progrès  en matière de recyclage de plastiques, la situation reste catastrophique au niveau de la production d’emballages plastiques. Ils représentent environ 60 % des déchets plastiques, et leur taux de recyclage reste bas. En Europe, 42% du plastique des emballages est recyclé, alors qu’en France, les emballages polluent deux fois plus, car seulement 26,4% sont recyclés. Les grandes marques, des groupes énormes avec d’importants moyens pour innover ne cessent pas de communiquer sur leurs emballages moins polluants. Mais selon “Break Free From Plastic” , ce sont ces mêmes grandes entreprises qui restent les plus gros pollueurs de la planète. L’ONG va même plus loin, en estimant que les trois plus gros pollueurs, Coca-Cola, Nestlé et PepsiCo, n’ont fait absolument aucun progrès!

PepsiCo, Nestlé, Coca-Cola, le podium des plus gros pollueurs inchangé depuis 3 ans

Les dix principaux pollueurs mondiaux ont leur siège en Europe et aux États-Unis: The Coca-Cola Company; PepsiCo;Nestlé; Unilever; Mondelez International; Mars, Inc.; Procter & Gamble; Philip Morris International; Colgate-Palmolive; et Perfetti Van Melle.
Sept de ces principaux pollueurs ont rejoint The New Plastics Economy Global Commitment, un projet de la Fondation Ellen MacArthur rassemblant des centaines d'entreprises pour travailler à une meilleure utilisation du plastique grâce à des engagements volontaires - mais ils ont fait très peu de progrès pour atteindre leurs propres objectifs 2025 pour combattre la crise de la pollution plastique.

Les efforts environnementaux des grandes marques sont-ils suffisants?

Selon le rapport de “Break Free From Plastic”, les entreprises redoublent d’efforts avec des “fausses solutions”, qui peuvent paraître encourageantes en surface mais qui manquent de substance. Les engagements à rendre tous les emballages «100% réutilisables, recyclables ou compostables d'ici 2025» sont tout d’abord insuffisants car ils n'incluent pas d'objectifs de réduction et permettent aux entreprises de continuer à justifier leur production excessive de plastiques à usage unique.
Dans un communiqué, Emma Priestland, coordinatrice globale des campagnes de Break Free From Plastic visant les entreprises, explique que les multinationales les plus polluantes au monde déclarent travailler jour et nuit pour résoudre la pollution plastique, mais “en réalité, elles continuent à déverser une quantité faramineuse d’ emballages plastiques nocifs dans l'environnement.” Des systèmes de réutilisation robustes et standardisés doivent être mis en place pour changer réellement la tendance. “Coca-Cola, PepsiCo et Nestlé devraient montrer la voie vers l’implémentation de vraies solutions” souligne Emma Priestland.
Des solutions éprouvées existent, mais doivent encore être adoptées à grande échelle par les entreprises.

Les entreprises propagent le “mythe égoïste” que les bouteilles en plastique créent des emplois

Une des croyances qu'essaye de démentir le rapport, affirme que l’industrie permet de créer une activité économique pour les ramasseurs informels de déchets qui récupèrent leurs emballages.
Mais les témoignages de première main des ramasseurs révèlent une réalité différente: la majorité des plastiques jetables à usage unique collectés lors de l'audit des marques ont une valeur monétaire faible ou nulle. Le plastique de faible valeur se présente le plus souvent sous la forme d'emballages multicouches comme des sachets, qui sont utilisés pour vendre de petites quantités de produits comme le shampooing, le détergent, les condiments et le café. Les données de l'audit mondial de la marque de cette année révèlent que les sachets étaient le type d'article le plus couramment trouvé. Ces minuscules emballages en plastique multicouche ont une valeur si faible qu'il n’y aucun sens économique pour les ramasseurs de déchets de les collecter, ce qui les rend très difficiles à recycler.

Emballages et Coronavirus : gare à l'expansion de la production de plastique

Enfin, le rapport alerte contre l'expansion de la production de plastique pour des raisons de préservation des conditions hygiéniques. En effet, la pandemie du Coronavirus a augmenté la perception de besoin des emballages . Cependant, comme l’indique le rapport, nous ne pouvons pas permettre à l'industrie du plastique de profiter de la pandémie de coronavirus pour justifier l'expansion de la production de plastique. “Il nous est possible de reconstruire en mieux, en réinventant un avenir sans coronavirus et sans plastique à usage unique”  conclut Break Free From Plastic .
Car, selon l’organisation “Si nous continuons à maintenir ce statu quo, la production de plastique pourrait doubler d’ici 2030 et même tripler d’ici 2050”.