Elon Musk réussira-t-il à généraliser la fin de l’embauche basée sur les diplômes ?
Dans un contexte où les étudiants sont forcés de suivre des cours à distance, et où les examens de fin d’année ont dû être repensés en raison de la crise sanitaire, la valeur des diplômes est revue à la baisse. Cela rapproche l’économie et le système éducatif d’un nouveau paradigme, dans lequel le système d'évaluation actuel n’a plus vraiment de sens. Les entreprises vont-elles discriminer les titulaires des diplômes obtenus à distance pendant la pandémie des années 2020 et 2021? Peut-être pas, mais les grandes entreprises sont déjà en train de commencer à accorder plus d’attention à d'autres critères pour leur recrutement, comme le revendique Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX, qui affirme ne plus se baser sur les diplômes.
Une politique de l’embauche recentrée sur la capacité de résolution de problèmes
Le milliardaire visionnaire Elon Musk crée des tendances, comme l’a montré le récent exode des utilisateurs de Whatsapp vers Signal, encouragé par le PDG de Tesla Motors. Il veut maintenant montrer la voie en matière de recherche de «preuves de capacités exceptionnelles» dans le cadre de l’embauche.
À un moment où le travail est très impacté par l'arrivée des machines, des compétences comme la pensée critique et la résolution de problèmes, sont plus que jamais recherchées.
Lors du Sommet mondial du gouvernement en 2017, Elon Musk déclarait poser à chaque candidat qu'il interviewait la même question: «Parlez-moi de certains des problèmes les plus difficiles sur lesquels vous avez travaillé et comment vous les avez résolus.”
On peut mentir sur ses diplômes, son parcours, et même quand on demande de citer des compétences, des forces et des faiblesses, mais on ne peut pas mentir sur la manière de résoudre un problème. Il n’est possible d’expliquer une méthode que si on l’a vraiment vécu, pour être capable d’expliquer exactement comment le problème a été résolu. “Ils connaissent et peuvent décrire les petits détails" a déclaré Elon Musk.
Et le diplôme dans tout ça? On s'en fou?
Bill Gates (Microsoft), Larry Ellison (Oracle) ou Steve Jobs (Apple) n'avaient pas de diplôme universitaire. Elon Musk, lui, veut embaucher le prochain Bill Gates et fera donc passer son diplôme bien après ses compétences réelles. C’est pour cela que lors d’un récent Tweet, Musk a ouvert le recrutement d’un poste pour son équipe d’intelligence artificielle, et a précisé dans les commentaires que tout ce qui compte est d’avoir une très bonne compréhension de l’intelligence artificielle (IA) et une capacité à déployer efficacement un réseau neuronal. “Je me fiche de savoir si vous sortez d’une université” a t-il précisé en réponse à un candidat qui demandait s’il avait le temps de décrocher un doctorat pour candidater.
En France aussi on “se fiche” parfois des diplômes… mais c’est en raison des discriminations à l'embauche
Le monde va peut-être suivre la méthode d’embauche d’Elon Musk, basée sur des compétences, et non sur des diplômes. Mais en France, les entreprises devraient d'abord s'attaquer aux discriminations à l’embauche. En effet, outre les grandes ecoles, en France, des motifs de discriminations comme l’origine sociale et géographique, ainsi que la couleur de peau ou le sexe, pèsent souvent plus lourd d’un diplôme des grandes écoles.
Pour l'économiste Stéphane Carcillo de l'OCDE, coauteur du livre "Les discriminations au travail" (Presses de Sciences Po, 2018), "le ressenti de discrimination est très fort en France, et parmi les plus élevés" au sein de l'Union européenne. Un Eurobaromètre publié en octobre 2019 confirme ce ressenti, et montre qu’en France 80% des discriminations à l'embauche sont basées sur la couleur de peau.
La discrimination est aussi sociale et géographique. Selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, "à diplôme égal, les candidats issus des territoires les moins privilégiés sont 2,5 fois moins reçus en entretien que les autres". Stéphane Carcillo explique que lors d’une crise de l'emploi post-Covid, cette problématique doit être au cœur des préoccupations plus que jamais car "Les discriminations augmentent quand il y a plus de concurrence pour les emplois".
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