Électricité : la France redevient premier exportateur en Europe mais les prix resteront encore élevés durant le prochain hiver

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France-Soir
Publié le 11 août 2023 - 10:00
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Photo de Jametlene Reskp sur unsplash.com
Les centrales nucléaires françaises repartent. Mais les factures d'électricité ne baissent pas. Illustration : centre nucléaire de production d'électricité de Cruas-Meysse (Ardèche).
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ÉNERGIE - Importatrice nette en 2022, la France a retrouvé au premier semestre 2023 sa place de premier exportateur d’électricité en Europe. Selon un cabinet d’analyse de données énergétiques, l’Hexagone a dépassé la Suède et l’Espagne, exportant 17,6 TWh (terawatt-heure) à destination, principalement, du Royaume-Uni et de l’Italie. Un renversement de situation favorisé par la relance du nucléaire, qui ne va pourtant pas empêcher la hausse des prix de l’électricité, prévue par les levées progressives du bouclier tarifaire. Après une augmentation de 15% des tarifs d’électricité le 1er février dernier, une autre hausse de 10% est entrée en vigueur le mardi 1er août. La tendance devrait se poursuivre durant le prochain hiver.  

Selon un rapport du cabinet d’étude spécialisé dans l’énergie, EnAppSys, la France, dont la production d’électricité en 2022 est tombée à son plus bas niveau depuis 1992, a récupéré, six mois plus tard, son statut de premier exportateur en Europe. Paris a exporté 17,6 TWh vers ses voisins européens durant le premier semestre 2023, dépassant la Suède (14,6 TWh) et l’Espagne (8,8 TWh). Le Royaume-Uni et l’Italie sont ses principaux clients, fait-on savoir.  

Le nucléaire booste la production d’électricité 

La France était pourtant devenue en 2022 une importatrice nette d’électricité après la fermeture de ses réacteurs nucléaires. Selon le bilan annuel du Réseau de Transport d’Electricité (RTE), l’Hexagone avait, pour la première fois depuis 1980, enregistré un déficit de 16,5 TWh, soit un peu moins de 4% de la consommation nationale. Près de 85% de ce déficit, soit 14 TWh, a été importé entre juin et décembre 2022. Six mois plus tard, c’est-à-dire durant le premier semestre de l’année en cours, la France exporte près de 18 TWh.  

Une relance expliquée par le redémarrage des réacteurs nucléaires. La compagnie EDF a remis la moitié du parc en service. "L'augmentation des exportations en France par rapport à l'année précédente s’explique par une disponibilité accrue des actifs nucléaires du pays", confirme Jean-Paul Harreman, directeur d'EnAppSys. "Bien que les disponibilités soient toujours inférieures de 10 à 15 % à la normale, l'augmentation de capacité comprise entre 5 et 10 GW par rapport à l'année dernière a permis de retourner le bilan énergétique français vers l'exportation". 

Les exportations ont aussi été favorisées par l'activité des opérateurs qui, bénéficiant de prix de vente minimum garantis, ont maintenu la production, faisant chuter les prix de marchés à court terme. "Alors que la production moins chère est devenue disponible sur le marché français, elle a recommencé à exporter vers la Grande-Bretagne", confirme encore EnAppSys.  

Malgré la hausse de la production et la reprise des exportations, les tarifs d’électricité ne baisseront pas le prochain hiver. Certes, le RTE affiche pour l’automne et l’hiver des prévisions meilleures que l’an dernier, grâce à des stocks hydrauliques des barrages et de gaz qui sont à des "niveaux très satisfaisants", "des énergies renouvelables en développement", un nucléaire "au plus haut" et une "consommation d'électricité toujours en baisse". Les tarifs, quant à eux, resteront élevés. 

La facture moyenne annuelle des Français passe à 1850 euros 

RTE explique ce maintien des prix à un niveau élevé par les "inquiétudes disproportionnées" sur les marchés, liées au nucléaire français. Si EDF a pu renouer avec les bénéfices au premier semestre 2023 grâce aux exportations, une série d’examens visant à vérifier l’état des centrales nucléaires permet encore aux opérateurs de spéculer. Fin juillet, 11 sur les 16 réacteurs sensibles au problème dit de "corrosion sous contrainte", ont été réparés. Deux autres sont toujours en cours de réparation.

Les acteurs attendent ainsi de savoir le nombre exact de réacteurs disponibles durant le prochain hiver avant de décider d’une quelconque baisse des prix, laissant le marché actuellement sous tension, avec des prix à un an encore élevés. Les tarifs sur les marchés à terme, quoique inférieurs à ceux de 2022, restent encore très élevés, atteignant ces dernières semaines entre 200 et 400 euros le MWh contre 200 euros chez d’autres pays européens. Une situation que RTE explique par la "vision trop pessimiste" des acteurs du marché du risque d’approvisionnement en France.  

En attendant, les ménages tout comme les entreprises devront payer une électricité encore plus chère depuis le début du mois. Le gouvernement poursuit la levée progressive du bouclier tarifaire instauré en octobre 2021 pour protéger le pouvoir d’achat. Les tarifs, qui ont déjà augmenté de 15% le 1er février, ont enregistré une autre hausse de 10% le 1er août dernier. Celle-ci représente un surcoût moyen d’un peu plus de 150 euros par an (13 euros par mois) pour les ménages. La facture moyenne d’électricité passera ainsi d’une moyenne de 1.700 euros à un peu plus de 1.850 euros. 

L’État prendra encore en charge plus du tiers de la facture électrique des Français dans le cadre de ce bouclier, qui a déjà coûté (gaz et électricité y compris) environ 40 milliards d’euros. Le bouclier électricité sera maintenu jusqu’à début 2025 avec des allégements réguliers.

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