Près de 100 morts dans un bombardement au nord de Gaza, une nouvelle proposition de trêve en cours, Beyrouth espère un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
Une frappe meurtrière, “horrible” selon les termes de Washington et de l’ONU, a ciblé mardi un immeuble à Beit Lahia au nord de Gaza, faisant près de 100 morts, dont des femmes et un quart d’enfants. La communauté internationale condamne vigoureusement le bombardement israélien tandis que les médiateurs s’apprêtent à faire une proposition de trêve aux belligérants. Le Hamas rejette tout cessez-le-feu n’incluant pas un retrait permanent des forces de Tsahal tandis que Tel Aviv entend “maintenir la pression militaire” tant que les otages ne sont pas libérés. Même discours chez le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, qui se dit prêt à discuter d’un cessez-le-feu tout en affirmant son intention de poursuivre le plan de Hassan Nasrallah, son prédécesseur, tué cela fait plus d’un mois par une frappe à Beyrouth.
Près de 100 morts en une seule frappe
Mardi 29 octobre, une frappe israélienne a ciblé un bâtiment d’habitation où étaient réfugiées des dizaines de Palestiniens, à Beit Lahia, dans le nord de Gaza. Le bâtiment a été rasé, faisant, selon des témoins puis la Défense civile, une centaine de morts dont un quart d’enfants. Il s’agit, depuis le début de la guerre, de l’un des pires bilans pour une seule frappe. Pour Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, c’est l’une “des attaques les plus meurtrières à Gaza depuis près de trois mois”.
Paris "condamne fermement" cette frappe ainsi que “les récentes frappes israéliennes contre des hôpitaux au nord de l'enclave, soumis à des ordres d'évacuation et qui abritent des patients dans un état critique". Le Quai d'Orsay a appelé à lever "sans délai" le "siège imposé au nord de Gaza". La région est le théâtre d’une opération israélienne, particulièrement dans le camp des réfugiés de Jabaliya, où au moins 770 personnes ont été tuées depuis le 06 octobre dernier.
Les États-Unis ont de leur côté exprimé leur “désarroi”. "Nous sommes profondément préoccupés par la perte de vies civiles" dans cette frappe "horrible dont le résultat est horrible", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État Matthew Miller. "Nous avons contacté le gouvernement d'Israël pour lui demander ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.
L’armée israélienne ne parle que de “blessés”, déclarant être “au courant d’informations selon lesquelles des civils ont été blessés aujourd’hui dans la région de Beit Lahia. Les détails de l’incident sont en train d’être examinés. Nous insistons sur le fait que la zone a été évacuée par les FDI (l’armée israélienne) et qu’il s’agit actuellement d’une zone de combat active”, essaie-t-on de justifier.
Tel Aviv encore accusé de “génocide”
Au moins 102 Palestiniens ont encore été tués dans les attaques israéliennes entre mardi et mercredi, a confirmé le ministère gazaoui de la Santé. Le nombre total de morts dépasse les 43 163 tandis que 101 510 autres personnes ont été blessées depuis le début de la guerre.
Pour Francesca Albanese, experte, mandatée par le Conseil des droits de l’homme, Isräel vise “l’éradication des Palestiniens” de leurs terres par le “génocide”. “Le génocide de la population palestinienne apparaît comme le moyen de parvenir à une fin : l’expulsion complète ou l’éradication des Palestiniens de la terre à laquelle est rattachée une part si essentielle de leur identité et qui est illégalement et ouvertement convoitée par Israël”, a-t-elle déclaré, suscitant la colère d’Israël qui appelle à sa démission.
Une source proche des discussions a annoncé que les pays médiateurs s’apprêtaient à proposer une trêve à Gaza. Le projet prévoit un cessez-le-feu "de moins d'un mois" et a fait l'objet de discussions à Doha entre le chef du Mossad, le renseignement extérieur israélien, David Barnea, le directeur de la CIA Bill Burns et le Premier ministre qatari, qui se sont terminées lundi dernier.
Toutes tentatives de médiation sont restées vaines jusqu'à présent, plombées par les conditions du Hamas et de Tel Aviv, inflexibles. Un responsable du mouvement palestinien a affirmé qu'il étudierait tout projet de cessez-le-feu dans la bande de Gaza s'il intégrait un retrait israélien du territoire.
"Nous n'avons pas officiellement reçu de proposition globale. Nous sommes prêts à discuter de toute idée ou proposition qui nous est présentée, pourvu qu'elle mène à la fin de la guerre et à un retrait de l'armée de Gaza", a-t-il ajouté, accusant le Premier ministre Israélien, Benjamin Netanyahu, d'empêcher les avancées sur un cessez-le-feu pour mener une politique de "génocide, nettoyage ethnique et de déplacement de population".
La proposition émanant de Doha est ainsi rejetée d’avance. “Nous avons déjà exprimé notre position sur l’idée d’une trêve temporaire dans la guerre, qui ne servira qu’à reprendre l’agression ensuite. Le Hamas soutient un arrêt permanent, pas temporaire, de la guerre”, a ajouté un autre responsable.
Le Hezbollah ouvert à des négociations “à condition”
De son côté, l'Arabie saoudite accueille la première réunion d'une nouvelle "alliance internationale" visant à encourager la création d'un État palestinien, pour mettre en œuvre la solution à deux États à laquelle appelle la communauté internationale.
Pendant ce temps, Tsahal poursuit le bombardement du Liban. Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a exprimé mercredi son espoir quant à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Mais le nouveau chef du mouvement chiite s'est engagé à poursuivre le "plan de guerre" de son prédécesseur Nasrallah.
Israël poursuit toujours ses bombardements dans plusieurs régions du Liban. Mardi, les raids ont fait 30 morts et 165 blessés, selon le ministère de la santé. Le bilan avoisine les 2 800 morts et les 12 800 blessés depuis le début de la guerre à Gaza.
"Si l'Israélien décide qu'il veut arrêter l'agression, nous disons que nous acceptons, mais à nos conditions", a dit Naïm Qassem, le nouveau chef du Hezbollah.
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