Les États-Unis confirment l’existence de laboratoires biologiques en Ukraine, la Russie exige des réponses
Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain ce mardi 8 mars, la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland a déclaré que des bio-laboratoires existent bel et bien sur le sol ukrainien. Cette déclaration faisait suite à une question sur l’éventuelle présence d’armes chimiques en Ukraine. Après avoir confirmé cette réalité, la diplomate a insisté sur l’importance d’œuvrer à empêcher la Russie de mettre les mains sur ces armes biologiques, visiblement inquiète de la progression des formes armées russes sur le territoire ukrainien. De son côté, le ministère de la Défense russe a fait état de ces mêmes programmes biologiques militaires, soulignant l’implication des États-Unis dans leur financement. Selon cette même source, le gouvernement de Kiev aurait aussi procédé à un nettoyage d’urgence des traces de ces laboratoires. Dans une conférence de presse mercredi, Maria Vladimirovna Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, a exigé que les États-Unis donnent des réponses au « monde » sur ces activités biologiques.
« L’Ukraine possède des installations de recherche biologique »
« L’Ukraine possède des installations de recherche biologique. Nous craignons que les troupes russes, que les forces russes ne cherchent à en prendre le contrôle », a affirmé Victoria Nuland au sénateur Marco Rubio, lors de son audition. Et d’ajouter : « Nous travaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont ils peuvent empêcher que ce matériel de recherche ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’approchent. »
À ces propos, Marco Rubio a répondu : « Je suis certain que vous savez que les groupes de propagande russes diffusent déjà toutes sortes d’informations sur le fait qu’ils ont découvert un complot des Ukrainiens pour libérer des armes biologiques dans le pays avec l’aide de l’OTAN. S’il y a un incident ou une attaque à l’arme biologique ou chimique à l’intérieur de l’Ukraine, y a-t-il le moindre doute dans votre esprit que les Russes seraient sans nul doute les responsables ? »
Réponse de Victoria Nuland : « Cela ne fait aucun doute dans mon esprit, sénateur, et c’est une technique russe classique d’accuser l’autre de faire ce qu’ils prévoient de faire eux-mêmes », sans toutefois préciser si cet « incident biologique » pourrait avoir lieu après confirmation officielle que ces armes soient passées sous contrôle russe.
Le ministère de la Défense russe dévoile des documents sur ces laboratoires impliquant des financements américains
L’agence de presse russe RIA Novosti a publié des documents qui constituent, pour le ministère de la Défense, la preuve que des recherches sur le développement d’armes biologiques dans des « biolabs » ont été conduites par l’Ukraine et financées par les États-Unis.
Par ailleurs, le 6 mars, le représentant officiel du ministère russe de la Défense, le général Igor Konashenkov, a soutenu que le régime de Kiev avait détruit en urgence les traces de ce programme biologique militaire qui implique la participation financière du département américain de la Défense. Ce "nettoyage" fait suite à l’opération militaire lancée par la Russie sur le territoire ukrainien, selon M. Konashenkov, qui affirme : « Nous avons reçu des documents des employés des laboratoires biologiques ukrainiens sur la destruction d’urgence d’agents pathogènes particulièrement dangereux le 24 février 2022, à savoir les agents responsables de la peste, de l’anthrax, de la tularémie, du choléra et d’autres maladies mortelles ». Et d’ajouter : « De toute évidence, après le lancement des opérations militaires spéciales, le Pentagone a eu peur que les expériences biologiques secrètes menées en Ukraine soient exposées au grand jour. Nous partagerons très prochainement les résultats d’analyse de ces documents, que nous avons reçus. Nous publions en ce moment même certains documents, notamment l’ordre émanant du ministère ukrainien de la Santé qui commande la destruction des agents pathogènes et les certificats d’achèvement des bio-laboratoires de Kharkov et Poltava. »
Selon Igor Kirillov, chef des troupes russes de lutte contre le risque de menace chimique et biologique au sein du ministère de la Défense, 30 laboratoires ukrainiens exécutaient les consignes du département américain de la Défense. En outre, le ministère de la Défense a annoncé que plus de 320 conteneurs, dans lesquels des agents pathogènes de la leptospirose, de la tularémie, de la brucellose et de la peste ont été identifiés, ont été détruits rien qu'à Lviv. Cette même source affirme que les activités de ces laboratoires biologiques ont entraîné une augmentation incontrôlable du nombre de maladies infectieuses avec un haut niveau de dangerosité. Parmi elles, il y aurait une augmentation du nombre de cas de rubéole, de diphtérie, de tuberculose et de rougeole. De plus, le ministère rappelle aussi que l'Organisation mondiale de la santé a classé l'Ukraine au sein des pays à haut risque d'épidémie de poliomyélite.
« Le monde doit savoir ce que vous aviez l'intention de faire avec ces labos »
Le 3 mars, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déclaré que les États-Unis, craignant d’en perdre le contrôle, étaient inquiets du sort de ces laboratoires militaires construits par le Pentagone à Kiev et à Odessa : « Nous avons des preuves que le Pentagone est très préoccupé par le sort des installations chimiques et biologiques en Ukraine. Parce que le Pentagone a pris part à la construction de deux laboratoires militaires biologiques à Kiev et à Odessa, il s'est engagé dans le développement d'agents pathogènes. Maintenant, ils craignent de perdre le contrôle de ces labos », expliquait-il.
Mercredi 9 mars, Maria Zakharova, porte-parole du ministre des Affaires étrangères, a exigé des explications de la part de Washington, s'appuyant sur les documents du ministère de la Santé ukrainien :
« Nous considérons que ces produits existent aujourd’hui. Les confirmations faites ces jours-ci par le côté Ukrainien et des États-Unis - il y a eu une déclaration faite par le secrétaire d’État ajoint, Victoria Nulland – ne laissent aucun doute sur le fait que Washington ne manquera pas de garder le silence cette fois-ci. Nous nous souvenons toute ces années de leur tentative, tout en versant du sang, de trouver des armes biologiques et chimiques dans le monde entier alors qu’en fait, leur occupation causait des morts. Nous avons trouvé vos propres produits, nous avons trouvé votre propre matériel biologique. Il a été développé principalement à des fins militaires. Il s’avère que tout se passait en Ukraine. Que faites-vous là-bas ? C’est un continent opposé au vôtre qui n’a pas de frontières avec vous. Que faites-vous là-bas sous couvert de recherches scientifiques ? Vos spécialistes, entre autres, donnaient régulièrement des instructions à la partie Ukrainienne quant aux objectifs des études en question. Maintenant, comme nous avons des preuves qui ne peuvent être réfutées, nous exigeons que vous nous fournissiez les détails (de ces recherches). Le monde doit savoir ce que vous aviez l’intention de faire là-bas. Dans quel but et dans quel délai ? Quel était le montant des investissements dans les activités soi-disant biologiques de l’Ukraine ? Veuillez fournir en totalité les documents et les données relatives à ce matériel. »
Si l’authenticité des documents n’a pour l’heure pas été confirmée, un porte-parole du Pentagone a fustigé « cette désinformation russe absurde et absolument mensongère ». En outre, un porte-parole du gouvernement ukrainien a fait savoir que l’Ukraine démentait formellement ces allégations, rapporte la chaîne américaine Newsmax.
La Chine appelle les États-Unis à la transparence
Les autorités chinoises ont appelé les États-Unis à divulguer les informations relatives à ces laboratoires basés en Ukraine. Selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, 26 laboratoires américains opéraient dans le pays. « Les États-Unis, en tant que partie qui possède le plus d'informations sur les laboratoires, devraient divulguer dès que possible toute information pertinente à ce sujet, y compris en ce qui concerne les virus qui s'y trouvaient et la nature des recherches à leur sujet », a-t-il déclaré.
Zhao Lijian a également suggéré que les programmes biologiques militaires américains en Ukraine ne sont que la « pointe de l'iceberg », expliquant que les autorités américaines surveillent 336 laboratoires dans 30 pays à travers le monde, et qu'elles le font « sous prétexte de coopération en vue de réduire les risques biologiques dans le cadre de la sécurité et de la protection de la santé mondiale. »
The US has 336 labs in 30 countries under its control, including 26 in Ukraine alone. It should give a full account of its biological military activities at home and abroad and subject itself to multilateral verification. pic.twitter.com/vEiytBRKuo
— Spokesperson发言人办公室 (@MFA_China) March 8, 2022
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