Les BRICS réunis par Vladimir Poutine lors d’un sommet à Kazan pour promouvoir un ordre mondial multipolaire

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France-Soir
Publié le 22 octobre 2024 - 10:45
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Novozhenina PoolAFP
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Un peu plus d’un an après le dernier sommet à Johannesburg, les BRICS se réuniront à nouveau ce mardi 22 octobre 2024. Contrairement à la précédente édition, le président russe Vladimir Poutine, absent de l’Afrique du Sud en raison d’un mandat d’arrêt de la CPI, sera bel et bien présent et hôte de ce sommet, prévu à Kazan. Le chef du Kremlin rencontrera plusieurs dirigeants. Outre les habitués comme Xi Jinping ou Narendra Modi, sont attendus Recep Tayyip Erdogan, dont le pays a déposé la candidature à une adhésion, ou encore Massoud Pezechkian, président iranien récemment élu et dont le pays est membre du bloc depuis janvier 2024. Un sommet aux enjeux à la fois spécifiques et convergents aussi bien pour les dirigeants conviés que Vladimir Poutine. 

Réunis en août 2023 dans la capitale sud-africaine, les BRICS, bloc politique et économique composé de cinq pays "émergents" (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), avaient évoqué la dédollarisation, le multilatéralisme ou encore l’adhésion de nouveaux membres. Au deuxième jour de cet événement, le pays hôte a annoncé l’adhésion de six nouveaux membres, à savoir l'Iran, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Argentine qui s’est finalement désistée en décembre 2023. 

La guerre, la dédollarisation et la coopération économique 

Un peu plus d’une année après, le bloc se réunit à nouveau en Russie. Plus d’une vingtaine de dirigeants étrangers et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avec qui le chef du Kremlin s’est déjà entretenu, sont attendus. Les invitations ont été envoyées à 38 pays et 32 d'entre eux ont déjà confirmé leur participation”, avait déclaré le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.  

A cela s’ajoutent une vingtaine de réunions bilatérales prévues par le président russe, pour faire de ce sommet “le plus grand événement diplomatique jamais organisé” sur le sol russe ou, surtout, garantir les enjeux économiques, géopolitiques et symboliques de Moscou. 

Pour le président russe, la priorité est de réaffirmer à l’Occident les liens solides qui lient son pays à ses alliés à travers le monde. A court terme, le Kremlin espère négocier des accords économiques avec ses partenaires pour maintenir son effort de guerre et son avantage actuel sur le front ukrainien. Il est particulièrement question de la Chine et de l’Inde, qui ont déjà largement contribué à faciliter le contournement, par Moscou, des sanctions occidentales. New Delhi est un client important de plusieurs produits de base russes, comme le pétrole, tandis que Pékin fournit à son tour d’autres biens essentiels et nécessaires à l’armée russe. 

Vladimir Poutine, qui misera beaucoup sur son partenaire “fiable et efficace”, à savoir Xi Jinping, entend aussi remettre sur la table la question de la dédollarisation, en essayant d’obtenir le soutien des autres membres, y compris les nouveaux adhérents comme l’Arabie Saoudite, pour contourner le réseau mondial SWIFT et les sanctions américaines au profit d’une plateforme alternative.  

De son côté, Xi Jinping et son pays miseront sur cette présence à Kazan pour promouvoir encore un ordre mondial multipolaire, remettant en cause celui qui est dirigé par les États-Unis. Pékin, rappelons-le, avait été l’un des principaux partisans de l’élargissement du bloc, qui pourrait aussi lui faciliter le déploiement des nouvelles routes de la soie. Le sommet de Kazan sera une occasion de renforcer les liens économiques, technologiques et militaires avec les pays présents. 

Le monde multipolaire est-il déjà là ? 

New Delhi, à l’opposé, se retrouve dans une situation délicate, devant équilibrer ses relations avec la Russie sans froisser celles avec l’Occident. Celui-ci multiplie les pressions sur le Premier ministre indien et son gouvernement pour dénoncer la guerre en Ukraine tout en renforçant leurs liens pour contrer l’influence chinoise dans la région. 

L’Iran prévoit de renforcer son partenariat avec Moscou lors de ce rendez-vous à Kazan. Téhéran a de moult reprises suscité l’inquiétude de l’Occident ces derniers mois, tantôt par ses projets spatiaux, tantôt par sa proximité grandissante avec la Russie. Le pays, qui est d'ailleurs un acteur incontournable au Moyen-Orient, est accusé par l’Occident de fournir des drones à Moscou mais les deux partenaires démentent ces accusations.  

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan espère s’assurer une position avantageuse au sein des BRICS. Début septembre dernier, Ankara, qui avait plusieurs fois exprimé son intérêt pour une adhésion au bloc, a officiellement soumis sa demande, tout comme la Malaisie et l’Azerbaïdjan. Bien que frustrée par une interminable procédure d’adhésion à l’UE, la Turquie ne considère pas le groupe comme “une solution alternative à toute autre structure”. "La Turquie peut devenir un pays fort, prospère et respecté si elle développe simultanément ses relations avec l'Est et l'Ouest", explique son président.  

Autant d’enjeux que le Kremlin entend mettre en évidence pour démontrer une nouvelle dynamique du pouvoir mondial, tout en confirmant sa capacité à contourner les sanctions et sortir de l’isolement que l’Occident souhaite lui imposer, comme pour rappeler, comme le disait le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, que le monde multipolaire est déjà une réalité.  

Quant au dirigeant brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, il a annoncé dimanche qu'il ne se rendrait pas en Russie, ses médecins lui ayant déconseillé les longs voyages aériens après une chute à son domicile.

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