Israël intensifie la surveillance des Palestiniens avec un programme de reconnaissance faciale
Les dernières avancées des outils de surveillance ne sont pas seulement appliquées sous prétexte de contrer la pandémie ; elles sont aussi largement déployées pour la surveillance des migrants, des groupes minoritaires et pour le contrôle des frontières. Le 8 novembre dernier, le Washington Post a évoqué comment l'armée israélienne mène un vaste effort de surveillance en Cisjordanie. En appliquant les dernières avancées en reconnaissance faciale, croisées avec les données de smartphones, les soldats israéliens ont développé un "Facebook pour Palestiniens" qui permet de suivre de près les mouvements de ceux qu’ils considèrent comme suspects. Grâce aux révélations de deux soldats israéliens interviewés par le mouvement appelé "Breaking the Silence" (groupe d'anciens combattants de l'armée israélienne qui s'opposent à l'occupation), le quotidien américain décrit le fonctionnement de cet outil de surveillance.
Une application qui détermine, par reconnaissance faciale, si un Palestinien doit être arrêté ou non
Les soldats sont munis d’une application nommée Blue Wolf, qui, en capturant des photos de visages palestiniens, peut les retrouver dans une base de données d'images et fournir un avis. Une lumière clignote alors pour alerter les soldats lorsqu’une personne doit être détenue, arrêtée ou laissée libre. Pour créer ce système, les soldats ont d'abord dû photographier de nombreux Palestiniens, y compris des enfants et des personnes âgées. Ainsi, plusieurs milliers de Palestiniens ont été répertoriés en photo pour pouvoir faire partie de cette base de données.
Des caméras à balayage facial dans la ville d’Hébron
En plus de Blue Wolf, l'armée israélienne a installé des caméras qui capturent les visages dans la ville frontalière d'Hébron pour aider les soldats aux points de contrôle à identifier les Palestiniens avant même qu'ils ne présentent leurs cartes d'identité. Un réseau plus large de caméras en circuit fermé, surnommé "Hebron Smart City", assure une surveillance en temps réel de la population de la ville. Ce circuit fermé serait même capable, selon un ancien soldat, de filmer et inspecter l'intérieur des maisons. L'armée israélienne déploie ces technologies comme recours pour défendre Israël contre les terroristes. « Je ne me sentirais pas à l'aise s'ils l'utilisaient dans le centre commercial de ma ville natale, disons-le ainsi », a déclaré un des soldats israéliens qui a participé à l'interview, argumentant que cette technologie représente une "violation totale de la vie privée de tout un peuple".
Les technologies issues de l’IA peuvent avoir des effets catastrophiques si l’on ne protège pas les droits humains
Alors que l'armée israélienne a reconnu l'existence de l'initiative dans une brochure en ligne, ces entretiens avec d'anciens soldats offrent la première description publique de la portée de ces outils en Cisjordanie. Alors que ce type d’outil de surveillance se répand dans le monde, en absence d’un cadre global, l’ONU a publié un communiqué de presse et un rapport qui alerte sur les risques que les nouvelles technologies de surveillance font peser sur les droits de l'Homme, et réclame un moratoire sur la vente et l'utilisation de ces technologies.
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