Loi Travail : Valls va recevoir les jeunes, avant des annonces lundi
Au lendemain des manifestations contre le projet de loi El Khomri, Manuel Valls fait un pas vers les organisations de jeunesse, qu'il reçoit vendredi 11, avant d'annoncer lundi 14 aux partenaires sociaux jusqu'où il accepte de revoir sa copie.
Aucune réforme n'a mis autant de monde dans la rue, depuis la légalisation du mariage homosexuel. Mercredi 9, entre 224.000 personnes, selon les autorités, et 500.000 personnes, selon les organisateurs (syndicats de salariés, d'étudiants, de salariés), ont battu le pavé pour exiger le retrait du projet de réforme du droit du travail. Ce n'est qu'un "premier avertissement", a prévenu Force ouvrière. Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est fixée au 31 mars, un appel de FO, CGT et Solidaires notamment. Quant à l'Unef, le principal syndicat étudiant, il donne rendez-vous dès le 17 mars.
De leur côté, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l'Unsa et la Fage (étudiants) ont prévu des rassemblements le 12 mars pour demander des modifications, plutôt qu'un retrait, du projet de loi. Mais ils n'excluent pas une plus forte mobilisation si elles ne sont pas entendues.
Minimisée par Jean-Marie Le Guen (Relations avec le Parlement), la contestation a été suffisante pour que Manuel Valls fasse un pas vers les jeunes, en acceptant de les consulter vendredi. Selon les représentants étudiants et lycéens, qui font un parallèle avec le CPE de 2006, le projet de loi El Khomri est une "offensive sans précédent contre les jeunes et les salariés", de nature à les rendre "précaires à vie". Selon l'Unef, 100.000 jeunes étaient dans les cortèges mercredi.
Myriam El Khomri estime, elle, que sa réforme "est faite pour que les jeunes puissent rentrer plus facilement sur le marché du travail en étant en CDI". "Il faut entendre les critiques, les doutes", a concédé Mme El Khomri. Avant les jeunes, le Premier ministre aura entendu celles des syndicats et du patronat pendant toute la semaine. Lundi Manuel Valls et les partenaires sociaux se retrouvent pour un bilan de la concertation, sans doute assorti d'annonces.
Deux mesures sont unanimement rejetées par les syndicats: le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif, qui ne pourront plus dépasser 15 mois de salaire pour les salariés les plus anciens, et la réforme du licenciement économique, dont les critères seront plus précis et appréciés, pour les multinationales, sur leurs seules filiales établies en France. Les syndicats s'opposent aussi à la possibilité, dans les petites entreprises, de se passer d'accord collectif pour appliquer le forfait-jours, dispositif dérogatoire aux 35 heures qui permet de rémunérer les salariés en fonction du nombre de jours travaillés par an.
Manuel Valls est resté discret sur ses intentions. Bruno Le Roux, le chef des députés socialistes, a assuré qu'il y aurait des "améliorations significatives", notamment sur "la définition du licenciement économique". Certains parlementaires de la majorité menacent de ne pas voter le projet s'il reste en l'état.
Mercredi, Jean-Marie Le Guen a évoqué la possibilité d'ajouter une surtaxation des CDD courts dans la loi, avant de se rétracter jeudi matin. Le débat est "sur la table", mais dans le cadre de la renégociation en cours des règles d'assurance chômage par les partenaires sociaux, a assuré Mme El Khomri. Réclamée de façon récurrente par les syndicats pour lutter contre la précarité, la surtaxation n'est pas rejetée en bloc par le patronat, certains employeurs voyant d'un mauvais œil que les entreprises vertueuses financent, via l'assurance chômage, celles qui multiplient les contrats courts.
Les organisations syndicales et patronales ont déjà introduit, depuis juillet 2013, une surtaxation de certains contrats de moins de trois mois. Les cotisations patronales d'assurance chômage, normalement fixées à 4% du salaire brut, peuvent monter jusqu'à 7%. Mais cette majoration ne concerne que certains CDD de moins de trois mois -d'usage ou pour surcroît d'activité- et exclut l'intérim. Elle n'a pas permis d'enrayer l'inflation des recrutements en CDD courts, qui représentaient encore 87% des embauches, hors intérim, fin 2015.
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