Traitement du Covid : Janus à l'Elysée
CHRONIQUE — Le 9 novembre au soir, pour sa neuvième intervention télévisée depuis le début de la "guerre" du Covid-19, pour parler comme lui, le président de la République a terminé son discours par un curieux "N'ayez pas peur !", qui n'était pas sans rappeler le message de Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, à l'aube de son pontificat, encourageant les Polonais à se libérer du joug totalitaire des Soviétiques, et ouvrant la voie à la chute du mur de Berlin.
Curieux message, en effet, pour un pouvoir qui a tant contribué à saper le moral des Français en actionnant en permanence le triple registre de la peur, précisément, du contrôle, et de la sanction. Comment s'étonner ensuite que ce pays soit "malade" et "triste", comme l'observe le professeur Raoult ?
Le président du 9 novembre n'était d'ailleurs pas celui du 12 juillet. L'œil noir et le propos virulent avaient cédé la place au candidat en campagne au ton patelin. Les promesses n'engageant que ceux qui les entendent, il n'a pas été question de l'échéance du 15 novembre, censée marquer la fin de la privation d'accès à certains lieux pour les Françaises et les Français qui ont osé braver l'ordre présidentiel d'offrir leur corps à un produit encore en phase expérimentale, qui ne répond tellement pas à la vraie définition d'un vrai vaccin que M. Macron n'a pas osé dire "Vaccinez-vous pour protéger les autres !", comme on l'a tellement entendu. Se contentant d'un "Vaccinez-vous pour vous protéger !", à l'adresse de six millions de Françaises et de Français...
Le double langage d'un président
Revenant au Covid-19 au terme de son propos, après de très longues digressions en forme de bilan d'autosatisfaction, ou d'annonce de projets pour un second mandat (le bilan du premier étant bien mince, si l'on excepte une explosion de la violence qui éclate aux yeux de tous, ou une amplification de la dette du pays, c'est-à-dire de sa dépendance vis-à-vis de ses prêteurs, comme des taux d'intérêt), le chef de l'État a annoncé l'arrivée, pour le mois de décembre, d'une "nouvelle arme : les premiers traitements réellement efficaces contre les formes graves du Covid-19".
Hélas pour lui, cette annonce vient se télescoper avec l'information rendue publique par l'avocat du professeur Raoult, Me Di Vizio, après l'audience du "procès de la réussite" qui s'est tenue à Bordeaux à l'initiative de l'Ordre des médecins. "L'avantage, déclarait l'avocat à propos du professeur Raoult, c'est qu'Emmanuel Macron l'appelle encore régulièrement aujourd'hui. Donc, vous avez un président de la République qui, concrètement, fait confiance à un praticien au point de lui confier une mission - il l'a dit, c'est public ! - sur le repositionnement des molécules anciennes ; et donc, d'un autre côté, vous avez une juridiction qui le condamne. À quoi ça ressemble ?"
Voir aussi : "Ce qu’on ne supporte pas chez Didier Raoult, c’est qu’il parle aux gens" Fabrice Di Vizio
Mais, si "le procès de la réussite" (pour reprendre le mot de Didier Raoult) avait lieu le 5 novembre, l'homélie présidentielle a été prononcée le 9 novembre. Et, là, les Françaises et les Français ont entendu un tout autre discours. Lorsque M. Macron annonce l'arrivée imminente des "premiers traitements réellement efficaces contre les formes graves" de la maladie, si les mots ont encore un sens dans ce monde qui a perdu tout bon sens, cela signifie très clairement qu'il n'existait pas de "traitements réellement efficaces" avant la découverte de ces nouvelles molécules fantastiques. Et, dans les mots du président de la République, il n'est nullement question des "molécules anciennes" évoquées par Fabrice Di Vizio !
Rien ne pourra être plus efficace...
Pas de chance pour ce président à deux faces, tel Janus, le dieu romain ! Disposant de son propre émetteur, où il n'est ni censuré, ni interdit d'antenne - comme le professeur Perronne, à qui la porte des grands médias est fermée, et à double tour ! - le professeur Raoult expliquait, quelques heures seulement avant l'allocution élyséenne, que l'IHU Méditerranée Infection avait "traité plus de 40 000 personnes à l'hydroxychloroquine et à l'azithromycine" avec un succès magnifique : "une mortalité de 1 pour 1 000, la plus basse rapportée au monde".
Ce même 9 novembre, décidément riche en informations capitales, Didier Raoult enregistrait une interview pour BFM TV, diffusée le 10 novembre au matin. Face à un journaliste sans la moindre concession, complaisance ou complicité, le professeur Raoult enfonçait le clou : "Il est quasiment impossible, statistiquement, de montrer avec les traitements qui arrivent sur le marché qu'il y a quelque chose qui est supérieur à une mortalité de 1 pour 1 000 sur le traitement précoce. Donc, rien ne pourra être plus efficace que ça. Rien. On peut rajouter toutes les molécules, elles pourront coûter 100 fois plus cher. Rien ne sera capable de remplacer ça". Et, le président de la République ose laisser entendre qu'il n'existait pas de "traitement réellement efficace"...
Une France désarmée pour entrer en "guerre"
Aussi faut-il rappeler que le Plaquénil était en vente libre dans nos pharmacies, depuis des décennies, jusqu'à la décision inique de Mme Buzyn, ministre de la Santé de M. Macron, intervenue en janvier 2020, peu avant l'entrée en "guerre" contre le Covid. Ce qui soulève une question de la plus haute importance : quel pays organise son propre désarmement avant d'entrer en guerre ?
Pour moins, beaucoup moins que cela, Michel Debré avait écrit, en 1947, dans "La mort de l'État républicain" : "Un crime se commet sous nos yeux : l'État - notre État français, notre État républicain - se meurt, et il se meurt assassiné". J'ajouterai en 2021, et dans le contexte de cette "guerre" contre le Covid : assassiné par qui ? Hélas, hélas, hélas ! Par ceux qui avaient le devoir de préparer, d'organiser et d'assurer sa défense.
Voir aussi : Emmanuel Macron, arrêtez de dire n’importe quoi !
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