La patate chaude McKinsey
TRIBUNE - Le 17 mars, jour de la parution du rapport du Sénat sur l’"Influence des cabinets privés sur les politiques publiques", Valérie Pécresse a posté un tweet destiné à intimider son adversaire à l’élection présidentielle.
"Emmanuel Macron doit s’expliquer sur le recours massif de l’État à l’entreprise McKinsey, dont le Sénat révèle qu’elle ne paie pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir".
Quelques jours plus tard, elle rejoue l’indignation en déclarant :
"Toute la clarté doit être faite sur les liens d’Emmanuel Macron avec le consultant McKinsey". "Sur la stratégie vaccinale, on assiste à un naufrage bureaucratique".
Pour les explications, rien de plus simple. Valérie Pécresse n’a qu’à s’adresser à son fidèle soutien Maël de Calan, en charge de la coordination de toute la stratégie vaccinale pour l'actuel gouvernement au sein du cabinet McKinsey.
Qui est Maël de Calan, cet homme que l’on a pu apercevoir au premier rang du meeting de campagne de Valérie Pécresse à Vannes le 19 mars dernier ?
Maël de Calan, 41 ans, est un juppéiste qui a déjà une longue carrière politique derrière lui. À 18 ans, il adhère au RPR et devient président des jeunes de l’UMP. Devenu conseiller municipal de la commune de Roscoff (Finistère) en 2014, il brigue la présidence de "Les Républicains" en 2019, mais échoue face à Christian Jacob. Il quitte le parti en même temps que Valérie Pécresse. Lorsqu’elle crée le mouvement « Soyons Libres », elle confie la vice-présidence à Maël de Calan. En 2021, élu conseiller départemental, il devient le président du conseil département du Finistère. Dans le privé, l’homme est également « associate partner » (le grade en dessous d’associé) chez McKinsey.
Cette affaire, emblématique de la porosité entre le champ politique et le monde des affaires, illustre ce que la politique française est devenue. Qu’il s’agisse d’Emmanuel Macron ou de Valérie Pécresse, dans ce système de fausses alternances, tout est d’une stupéfiante obscénité, des propositions au système de défense. À les écouter, on est d’abord frappé par le sentiment de vide intérieur que dégagent ces deux candidats. Jouer les habités quand on est à ce point déserté ou imposer sa vacuité souriante font partie des spectacles les plus désolants infligés aux citoyens qui ne sont plus dupes de la facticité de leurs candidatures.
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