Jusqu’au bout de l’immonde : l’oubli des enfants en Occident

Auteur(s)
Christophe Lemardelé pour France-Soir
Publié le 18 mai 2024 - 08:50
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OPINION - Le western Jusqu’au bout du monde de Vigo Mortensen, actuellement sur les écrans, s’intitule The Dead don’t hurt, le mort ne souffre pas, c’est-à-dire, on ne souffre pas une fois mort… Mais avant. Le titre français ne correspond donc en rien au titre américain. Il se fonde sur les dernières images du film et les paroles d’un enfant qui regarde l’océan. Le titre original, quant à lui, est la reprise de parole du héros à ce même enfant qui vient de perdre sa mère. 

Il ne s’agit pas d’un héros en fait, plutôt d’un antihéros. Mais, comme de nombreux critiques voient dans ce film un western féministe – il suffit pour cela que l’héroïne soit indépendante et au caractère bien trempé (que dire alors de la mère guerrière dans AvatarII ?), pour ne plus voir que cela… –, on en vient à lire que le personnage d’Olsen est un homme déconstruit… 

Bien au contraire, il est une personne construite car il va faire de cet enfant son enfant alors même qu’il est le fruit d’un viol, du viol de sa propre femme pendant son absence puisqu’il était parti « lâchement » à la guerre. Ce film trop lent, qui ne démarre jamais vraiment, a toutefois quelque chose de très beau quand on comprend à la fin que tout est fait dans L’Intérêt de l’enfant, pour reprendre le titre du très réussi roman de Ian McEwan relatant l’histoire d’une femme juge aux affaires familiales. 

Mais, dans nos démocraties occidentales, on oublie aujourd’hui les enfants. Ils peuvent être massacrés par milliers à Gaza dans l’indifférence médiatique. L’heure est à l’indépendance féminine. Donc, qu’importe qu’un homme, qui n’est pas le père biologique d’un enfant, devienne son père véritable, après s’être vengé du violeur sans l’avoir tué. Si Mortensen n’avait pas une grande aura auprès des médias français – il est jugé démocrate et non trumpiste –, peut-être son histoire aurait-elle été appréciée différemment : l’IVG inscrite désormais dans la Constitution s’applique de manière automatique pour une grossesse provoquée par un viol… Après tout, n’est-ce pas une vision prolife que distille le film ? 

Tout cela est évidemment ridicule. Nous allons jusqu’au bout de l’immonde en niant le propre de l’humanité qui réside dans la protection des enfants – la GPA est aujourd’hui bien plus dénoncée pour l’esclavage des femmes que pour le problème d’identité des enfants à naître –, ce que fait précisément cet homme blessé mais construit, qui tient debout pour son fils. Il lui dit qu’on ne souffre pas une fois mort, mais les morts font terriblement souffrir les vivants. Ceux qui ne souffrent pas, qui sont insensibles à l’horreur de Gaza, ne sont peut-être plus tellement vivants.  

Nos taux de natalité qui s’effondrent en Occident montrent que le réarmement démographique voulu par un président hors-sol et vaguement guerrier est impossible à partir du moment où l’amour déserte nos esprits. Et le paradoxe est tel que les milliers de femmes qui ont vu leur cycle menstruel perturbé à la suite de la vaccination de masse n’ont retenu l’attention de personne… Même le féminisme est à géométrie variable. Mais on s’ébahit devant le désir d’enfant d’un couple non-binaire. Entre chair à canon et chair à normalisation, on peut se demander : où se trouve la place de l’enfant dans notre post-modernité ? 

Tout enfant a besoin d’au moins un parent qui ne transige pas sur la nécessaire protection qu’il lui doit, en toute circonstance. C’est le message du film. Parce qu’il faut transmettre, que la vie se perpétue. Et il faut de l’équilibre pour ce faire. Le parent doit protection mais l’enfant n’est pas propriété de l’adulte : « l’autorité parentale est un ensemble de droits et devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant (…). Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité » (Code civil, article 371-1).  

Malgré cela, dans les procédures de divorce, la tendance est à la généralisation de la garde alternée sans trop se préoccuper de ce que des enfants désirent – il n’est question que d’égalité hommes/femmes (pardon : femmes/hommes). Inconfort d’identité (PMA, GPA), inconfort de résidence. Une chose n’a pas changé : faire le bien des enfants sans rien leur demander. Faire le bonheur des enfants malgré eux, c’est assurément faire leur malheur. 

Christophe Lemardelé est enseignant - chercheur en sciences sociales

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