"Catastrophique" ! Vous avez dit "catastrophique"...
Bien singuliers sont les commentaires qui ont accompagné le maintien de son statut de site d'information accordé à "FranceSoir". Et bien curieux tous ces apôtres de la liberté qui sont tellement épris de liberté qu'ils n'ont qu'un rêve : faire taire tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Et, tout cela, en proclamant leur attachement à la République, dont ils méconnaissent pourtant, et gravement, le premier mot de la devise : liberté. Sans doute les nombreuses atteintes aux libertés fondamentales intervenues depuis un an -dont celle d'aller et venir, sans justificatif de déplacement ! - leur donnent-elles l'idée de mettre aussi entre parenthèses la liberté d'expression, la liberté de l'information. A eux, le privilège de détenir le vrai - ils savent ! - et le droit de prendre des... libertés avec les faits.
Mardi matin, j'écoute la radio de service public en continu, celle qui se vante de "lutter contre la désinformation" ! Son message revient avec une régularité de métronome : au Brésil, la situation est "catastrophique", la pandémie de Covid-19 a causé 350 000 décès. A aucun moment, il n'est indiqué à l'auditeur que le Brésil, ce n'est pas la France. Bien sûr, il ne saurait être question de préciser que le Brésil compte 213 millions d'habitants. 350 000 morts, il est certain que le chiffre frappe les esprits. Et pourtant ! Si l'on rapporte le nombre de décès dans l'Hexagone à la population du Brésil, nous aurions en France, non pas 100 000 morts, mais 317 900 morts ! Soit 9% de moins seulement que le nombre de morts actuels au Brésil - avec toutes les limites de ce genre de comparaison, mais la vérité des chiffres, c'est donc qu'il n'y a pas de quoi pavoiser, c'est tout juste un peu moins "catastrophique" chez nous.
Autre exemple. Courant les plateaux et les salles de rédaction pour y présenter son dernier livre "Le jour d'après", Philippe de Villiers intervient mercredi soir sur ces mêmes ondes. Sans grand risque de se tromper, il indique que quand les entreprises ne se trouveront plus sous la perfusion de l'Etat, de nombreux dirigeants de petites entreprises (bistrots, restaurants, "non essentiels") seront contraints de frapper à la porte des tribunaux de commerce, là où sont enregistrés les dépôts de bilan, et décidés les redressements et liquidations judiciaires. Pour tous ces entrepreneurs, c'est le travail d'une vie qui va être effacé. C'est la crainte, sinon la certitude de lendemains douloureux, en particulier pour ceux qui n'avaient pas souscrit une assurance contre la perte d'emploi. Comment relativise-t-on les propos de Philippe de Villiers lorsqu'il a tourné les talons ? En déclarant que les entreprises qui vont disparaître sont celles qui n'étaient "pas viables". Diantre ! Elles ne vivaient pas ces entreprises avant la pandémie, avant que le pouvoir ne leur intime l'ordre de fermer leurs portes, sous peine des pires sanctions, parce que le confinement de l'ensemble des Français a été préféré à l'isolement, et au soin, des seules personnes infectées par le virus ?
Force est bien d'admettre qu'il existe deux France : celle qui entreprend et qui est exposée, et celle qui est abritée derrière des statuts. J'imagine la colère du dirigeant de petite entreprise - car c'est une entreprise, même avec quelques salariés seulement - qui est à l'écoute de ce morceau d'anthologie. Et le pire, c'est que ce sont les mêmes voix éclairées qui, à longueur d'antenne, n'ont qu'un mot à la bouche : "complotistes", pour dénigrer et discréditer les femmes et les hommes qui osent ne pas penser comme eux. Mais n'est-ce pas un complot contre le peuple français que de lui asséner en permanence des demi-vérités, ou des quarts de vérité ? Oui, le complot n'est pas là où on le cherche, sans jamais le trouver. Il est chez toutes celles et tous ceux qui abusent de leur pouvoir, ou de leur position dominante, pour anesthésier l'opinion et répandre le chloroforme sur une population apeurée par une désinformation savamment orchestrée.
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