On prend les mêmes et on recommence ! Le jeu de bonneteau
Le même empire et les mêmes en pire ? C'est possible.
En tout cas, une chose est sûre et impossible à contester sans se forfaire totalement : le Gouvernement de Michel Barnier, nommé par Emmanuel Macron « sur proposition » de son Premier Ministre (article 8 de la Constitution), est une insulte faite au souverain, le peuple. Un crachat « diurne » sur le résultat des urnes, dirais-je, pour la rime, car c'est au grand jour qu'intervient ce braquage des institutions. Ce crachat à la face des électeurs qui, pour les deux tiers d'entre eux, ont désavoué Emmanuel Macron lors des élections législatives et donné à l'Assemblée nationale une nouvelle composition. Une violation de l'exigence qui en découle, pour le président de la République et son Premier Ministre, de former un Gouvernement un tant soit peu en conformité avec cette nouvelle composition.
Une composition très représentative de l'empire Macronistan
En effet, alors que « Ensemble pour la République », le groupe présidentiel à l'Assemblée nationale, et ses deux alliés idéologiques officiels, à savoir « Horizon & Indépendants » et « Les Démocrates », comportent respectivement 96 députés, 33 députés et 36 députés. Soit un total de 165 députés seulement sur les 577 que compte l'hémicycle, ce qui fait à peine 29 % (1) ! Alors que le groupe « LR », son nouvel allié ad hoc depuis la nomination de Michel Barnier, comporte 47 députés, soit tout juste 7 % (1) de l'hémicycle, ce qui fait un total général d'un gros tiers seulement (36 %) de la composition de l'Assemblée nationale, et tenez vous bien, 100% des membres du nouveau Gouvernement (Premier Ministre compris) sont issus de ces trois formations politiques. Aucun, des 39 ministres de ce Gouvernement, n'est issu d'autres formations ! Elle n'est pas belle la vie démocratique en France.
Malgré cela, la politique française version Emmanuel Macron étant un champ permanent d'inversions accusatoires, Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier Ministre et aujourd'hui sénateur « LR », menace publiquement de représailles, les députés « qui s'opposeront à ce Gouvernement. » Traduisez « qui voteront la motion de censure » que Jean-Luc Mélenchon, leader du Nouveau Front Populaire, a d'ores et déjà expressément annoncé vouloir déposer, ou celle que Jordan Bardella, Président du Rassemblement National, a indiqué être hautement possible venant de son camp.(2) On avait vu un président vouloir "emmerder" les non-vaccinés sous la contrainte, on a en sus un ancien premier ministre qui fait le garde chien et annonce la couleur : en macronie, pas de place pour les gentils. C'était dans le Grand Jury RTL - Le Figaro - M6 - Public Sénat, ce dimanche 22 septembre 2024.
Adepte qu'il est, depuis toujours, du mensonge éhonté avancé comme vérité incontestable, notamment lorsqu'il était Premier ministre de Jacques Chirac (j'y reviens juste après), Jean-Pierre Raffarin a ajouté ceci, péremptoire et solennel, comme justification fallacieuse de ses propos : « puisqu'il n'y a pas d'autre solution. »
Ah bon ?
J'imagine que c'était pour atténuer, comme requis, le caractère sinon manifestement répréhensible des menaces explicites au possible qu'il avait donc proférées juste avant, au début de sa phrase.
Remarquez, il n'y a rien d'étonnant à ce que Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier Ministre, soutienne publiquement le Gouvernement de Michel Barnier, et que pour ce faire, il fasse un usage éhonté d'une énième inversion de la vérité.
Pardi !
Rappelez-vous, Michel Barnier est l'auteur du texte du Traité de Lisbonne. À savoir le texte pour l'adoption duquel, alors Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin s'est battu bec et ongles, lors de la campagne électorale attachée au référendum qu'il a initiée à ce sujet en 2005. C'est-à-dire le texte que Jean-Pierre Raffarin voulait faire adopter par référendum, comme Constitution de l'Union européenne. Ce sont donc les retrouvailles sur un sujet qui leur est cher, peu importe que les Français n'en aient pas voulu.
Souvenez-vous. À cette occasion, il avait recouru à des affirmations démagogiques, frauduleuses, aussi « abracadabrantesques » (clin d'œil à Jacques Chirac), que celle consistant à dire que ce texte était la seule garantie possible, pour les Nations, de pouvoir exercer pleinement leur souveraineté. Que la France serait obligatoirement plus forte ! Que seule cette Europe-là pouvait garantir la paix ! On voit ce que ça donne aujourd'hui : c'est justement cette Europe où les peuples n'ont aucunement leur mot à dire qui veut nous entraîner dans la troisième guerre mondiale, suite au vote de vendredi dernier des députés européens sur l'autorisation de frappes profondes en Russie. Sans bien sûr que le peuple n'ait eu son mot à dire ! Un acte belliciste qui pousse l'Europe aux portes d'une guerre nucléaire synonyme d'apocalypse pour les peuples, cela sur ordre de la Commission européenne : un organe de décision qui a tous pouvoirs, alors qu'elle est composée uniquement de personnes qui n'ont pas été élues.
Comme il fait partie des politiciens prêts à tout pour séduire frauduleusement les électeurs, Jean-Pierre Raffarin était donc allé, jusqu'à reprendre à son compte le message titre livré par la chanson pour ados à succès du moment, « La positive attitude » ; et ceci sans demander l'autorisation à son interprète, la chanteuse Lorie qui s'en était d'ailleurs offusquée, et à juste titre.
Maintenant, toute la question est de savoir ce que vont faire les partis politiques officiellement « d'opposition », que sont le Rassemblement National (RN) et le Nouveau Front Populaire (NFP). Une entente entre eux deux devient une condition nécessaire pour penser renverser ce nouveau Gouvernement. Cet exécutif contre lequel ils hurlent à l'infamie de concert, certes avec des sons de cloche légèrement différents (voir supra), mais identiques concernant l'essentiel : la composition de ce Gouvernement ne tient nullement compte du résultat des urnes.
À une heure de grande écoute, on voit donc poindre la musique d'un « je t'aime moi non plus » version 2024, remixé au parfum de « besoin de rien, envie de toi » synonyme de « d'accord sur tout quand c'est moi qui l'annonce, mais ok sur rien si c'est l'autre qui en fait part ». Cette énième tartufferie est là pour amuser la galerie, alors que les Français sont réellement dans le besoin, que la dette publique nous met au bord de la « chypriotisation » des avoirs des Français et que les députés européens franchissent allègrement le casus belli avec la Russie en autorisant les frappes profondes au sein du territoire russe. C'est bien le film d'une réelle "Non-assistance à pays en danger", qui se joue sous nos yeux, production 100 % française à nos frais.
Néanmoins, je crains « Faure » (voir infra) que, comme depuis le début de l'ère Macron, ces deux faux frères ennemis politiques que sont l'extrême droite et l'extrême gauche, nous refassent le coup du refus d'unir leurs forces contre Emmanuel Macron, un refus au motif avancé par l'extrême droite, qu'il n'y a pas pire pour la France que l'extrême gauche, et au motif avancé par l'extrême gauche, qu'il n'y a pas pire pour la France que l'extrême droite.
Diable ! En l'occurrence, ces motifs méconnaissent ouvertement le résultat des urnes, exactement comme le fait le Gouvernement formé par Michel Barnier.
Et, le parti socialiste ? Ses leaders ont sans doute cru un temps la promesse qu'Emmanuel Macron leur a faite, peut-être, que certains d'entre eux feraient partie du Gouvernement qu'il nommerait.
Pourquoi dis-je cela ? Parce que le secrétaire général du Parti Socialiste (PS), Olivier Faure, a été catégorique concernant la procédure de destitution d'Emmanuel Macron en cours engagée par le NFP : il ne la votera pas. Mais, bon, ça, c'était avant de connaître la composition exacte du Gouvernement Barnier. Cependant, ayant depuis constaté qu'aucun membre du PS n'y figure, Olivier Faure & Co sont certainement désormais plus enclins à voter une motion de censure déposée contre ce Gouvernement, qu'ils ne le sont concernant cette procédure de destitution. Ceci tout particulièrement si cette motion de censure est déposée, non pas par le RN, mais par le NFP : l'allié du Parti socialiste lors des élections législatives 2024. Eh oui ! Si tel est le cas, les députés PS n'auront pas l'excuse, pour ne pas voter cette motion, qu'elle a été déposée par leur adversaire idéologique « séculaire », ce parti « épouvantail » grâce auquel le PS a quand même obtenu beaucoup plus de sièges à l'Assemblée Nationale, qu'il n'en aurait eu sans. Et idem les autres partis : tous ont bénéficié de cet effet « épouvantail » lors du second tour des élections législatives 2024.
Qu'il s'agisse de ne pas déposer une motion de censure contre le Gouvernement de Michel Barnier, ou qu'il s'agisse de ne pas voter pour une motion de censure déposée contre celui-ci, quelles que seront les raisons invoquées par les uns et les autres pour ce faire, RN, NFP, PS et Cie, nous aurons une preuve supplémentaire que tous ces partis prétendument « d'opposition » à Emmanuel Macron, en réalité travaillent main dans la main avec lui. Que tous sans exception, les partis politiques présents au Parlement français participent à leur façon (à chacun leur rôle) au « Parce que c'est notre projet ! » pour lequel Emmanuel Macron a été placé à l’Élysée. Cette destruction programmée et méthodique de la France à laquelle conduit la politique qui est menée depuis sept ans par Emmanuel Macron. Cette politique a été rejetée par deux tiers des Français lors des élections européennes et législatives de cette année. Qu'importe ! Avec ce Gouvernement composé exclusivement de personnes qui sont issues du camp présidentiel, et de personnes qui ne se sont jamais opposées à cette politique, Emmanuel Macron va pouvoir continuer de la mener.
Je ne sais pas vous, mais, personnellement « J' suis pô content ! » Et, visiblement, je ne suis pas le seul que cela rend grincheux.
Néanmoins, faisons-leur crédit pendant quelques jours. Précisément jusqu'au 1ᵉʳ octobre 2024. C'est le jour où Michel Barnier présentera « son » Gouvernement officiellement, lors de la séance de l'Assemblée nationale, lors de laquelle il fera son discours dit « de politique générale. » Pourquoi ? Parce que c'est seulement à cette occasion, et non avant, qu'une motion de censure pourra être déposée contre ce Gouvernement, et auquel cas être adoptée... ou pas.
Oui. Accordons jusque-là aux députés des partis prétendument « d'opposition » à la politique d'Emmanuel Macron, le bénéfice du doute. Après tout, voilà deux mille six cent soixante-neuf jours que cela perdure. On peut attendre huit jours de plus, pour avoir confirmation, ou non, qu'en réalité, ils n'ont aucunement cure des intérêts de la France et des préoccupations des Français. Que seul compte, pour ces messieurs et dames de la politique française, d'avoir leur part du gâteau. De vivre aux crochets des Français, et ceci qui plus est en étant grassement payés à ne rien faire, si ce n'est d'aggraver sans cesse nos problèmes, et nous en créer d'autres toujours pires que les précédents.
Le vrai jeu de bonneteau en temps réel. Dès hier, on voyait poindre les désaccords profonds entre le nouveau ministre de l'Intérieur issu des Républicains et le ministre de la Justice issu du parti socialiste. Les mêmes personnes produisent les mêmes effets !
1) j'ai arrondi au point supérieur.
2) si Marine Le Pen la valide, après, comme d'habitude, un avis pris auprès... d'Emmanuel Macron.
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