Du changement de cap permanent en Macronie

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 12 juillet 2023 - 11:30
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Macron
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Emmanuel Macron ou l'art du changement de direction à 180°.
F. Froger / Z9, pour France-Soir

ÉDITO - Une certaine fébrilité semble apparaître chez nos dirigeants et plus particulièrement à la tête de l'exécutif, au vu de ses récents multiples changements de cap. La Macronie opère des virages à 180 degrés dans sa communication et cela a pu être observé à propos de l'affaire Nahel. 

En effet, alors que nos chers dirigeants ont généralement l'habitude de prendre la défense des policiers qui sont mis en cause pour des coups de feu tirés après des refus d’obtempérer, Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et Gérald Darmanin ont tous les trois rapidement cloué au pilori médiatique le policier qui a ouvert le feu sur Nahel.

Le président de la République a notamment déclaré à ce sujet que c'est "un acte inexplicable et inexcusable", puis d'ajouter que "rien ne justifie la mort d’un jeune". Pas même, par exemple, les cas pourtant expressément définis par la loi de la légitime défense, soit le fait d'empêcher la commission d'un crime ou d'en arrêter l’intervention ? Bien des questions se posent à propos de ce qui s'est déroulé à Nanterre. L'enquête est toujours en cours et l'on espère justement que rien ne soit "inexplicable". 

Ce mot choisi par le locataire de l'Élysée sonne faux comme les mots "d'affection, de peine partagée et de soutien" qu'il a adressés à la famille et à l'entourage de Nahel. À croire que sa professeur de théâtre qu'il a eu lorsqu'il était adolescent n'a pas su lui apprendre l'art de ressentir des émotions et, en même temps, de les exprimer authentiquement...

De son côté, Élisabeth Borne a fustigé des "images choquantes" qui "montrent une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l’ordre."  Quant au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, il a évoqué des "images extrêmement choquantes" qui décrivent "des gestes absolument pas conformes aux instructions et à la loi de la République", et a qualifié cet événement de drame, car "il n’y a pas d’autre mot quand un jeune meurt." 

En résumé, le gouvernement tout entier a jugé et condamné ce policier, qui n'a pas bénéficié, lui, de la présomption d'innocence comme un certain Éric Dupond-Moretti, toujours en fonction au ministère de la Justice.

Ce changement de cap tranche avec les réactions habituelles de l’exécutif pour ce type d’événement. Le dernier cas remonte à juin dernier, lorsqu'un Guinéen de 19 ans a été tué à Angoulême par un représentant des forces de l'ordre - qui a été mis en examen pour homicide - après un refus d'obtempérer. Aucune réaction similaire de Macron, Borne ou Darmanin, comme dans le cas des 13 personnes décédées en 2022 dans le cadre de refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.

Nul n'est dupe. Principaux instigateurs des lois adoptées depuis 2017, Emmanuel Macron et son gouvernement ont fortement contribué à faire pourrir la situation dans les banlieues. Et ceux-ci n'ont apporté aucune solution aux problèmes économiques et sociaux. Le seul but de ce changement soudain de ton a été d'éviter l’embrasement. Éviter que les émeutes gagnent l'entièreté du pays, et virent à un chaos supérieur, d'une terrible intensité.

En résumé, pardonnez l'oxymoron, il fallait éviter la fin d'un "chaos sous contrôle". Autrement dit la fin d'une confusion généralisée, qu'elle soit le fruit d'une profonde incompétence ou d'une malveillance assumée en soufflant sans cesse le chaud et le froid. Une situation nocive pour la société qui permettrait au final de réformer le pays de façon unilatérale, anti-démocratique, avec par exemple des projets de loi liberticides ou antisociaux.

Des réformes cruciales à propos desquelles les débats sont absents ou n'arrivent pas à capter l'attention du grand public, pris dans la nasse médiatique et affligé par un coup émotionnel permanent. Ne restent alors visibles qu'aux franges les plus extrêmes de l'électorat le recours à des remèdes qui ne soignent rien en profondeur mais qui font espérer à la Macronie de pouvoir glaner quelques voix afin de se maintenir à tout prix aux affaires. Jusqu'à quand, ce manège ?

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