Au surlendemain des élections, tirons des plans sur la comète

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 02 juillet 2024 - 12:12
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Comète
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Au surlendemain des élections, tirons des plans sur la comète
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Halley, Edmond ! Au surlendemain (1) des résultats du premier tour des élections législatives : essayons-nous au jeu des pronostics. Oui. Qu'importe qu'à cette occasion on « comète » (2) immanquablement des erreurs ! D'orthographe notamment, donc, sauf que moi, là, je le fais exprès.

Pardi ! Certes, les 7 jours d'attente, d'ici au second tour de ces élections, ne sont rien comparés aux 27 759 jours à attendre (3) entre-deux-tours de la comète de Halley. Cependant, 7 jours, est une attente diablement longue quand il s'agit de savoir quelle sera l'étendue et la nature des dégâts, de cette grenade dégoupillée, qu'un pompier pyromane vous a balancée dans les jambes. Dissolution du paysage politique ou dissolution du paysage tout court ? Du pays, via le « Risk » de guerre civile. Ce « Risk » dont il avait fait état, immédiatement après avoir lancée, cette grenade, dans la partie de jeu de stratégie auquel il nous a convié de force, histoire, escompte-t-il, de renforcer sa position à un moment où, avec une cote de popularité abyssale due à un bilan catastrophique, il vacille de toutes parts. Ce risque ne cesse d’être répété tous médias confondus, si le RN arrivait au pouvoir, émeute sociale il y aurait !

Quant aux supporters du Rassemblement National et ceux du Nouveau Front Populaire, ils se sont enivrés pour fêter paradoxalement la victoire « En Marche », de leur équipe favorite, alors que les supporters d'Emmanuel Macron, eux se sont saoulés pour noyer leurs désillusions, devant la catastrophe annoncée (4) pour leur équipe, dimanche prochain. Ce soir, nous sommes à la mi-temps du match. À savoir pile exactement où, l'alcool faisant, les langues se délient, et les extrapolations les plus fantasmagoriques résonnent, euphoriques pour les uns, traumatiques pour les autres.

Euro 2024, je suis tenté d'avoir cette analyse de situation. Le centre est hors-jeu. Ça, c'est un fait établi. Alors qui va gagner ? La Gauche ? La Droite ? Hier soir, c'était la France qui gagnait face à la Belgique par le plus petit des écarts.

En réalité, qu'importe le vainqueur, au final, nous savons qui sera certainement le grand perdant.

En effet, l'équipe qui va hériter du pouvoir, va hériter de la situation catastrophique en tous points (politique, économique, sociale et autres) qu'Emmanuel Macron laissera au terme de sept années de gouvernance. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Emmanuel Macron a cherché à couler le bateau « En Marche. » D'abord aux européennes, en nommant tête de liste Valérie Hayer, la pire communicante qui soit, et, ensuite, en se mettant lui-même en avant durant cette campagne des législatives, en tant que leader d'équipe, en pariant sur le fait notoire qu'il cristallise autour de sa petite personne, la colère des deux types de « mécontents » : les dégoûtés et les déçus. Les dégoûtés de la politique en général :  qui, au lieu de s'abstenir comme ils le font d'habituellement, votent pour le RN ou pour le NFP. Cela revient donc à voter contre les candidats du camp Macron. Et, les déçus du macronisme : qui, au lieu de voter pour les candidats du camp Macron, optent pour l'abstention.

Eh oui ! La grenade dégoupillée dont parle Emmanuel Macron, consiste en réalité en une torpille. La torpille avec laquelle il a fini de couler son propre navire, lui donnant le coup de grâce.

Tel le capitaine d'un Titanic, fonçant délibérément sur l'iceberg géant qu'il sait être la seule façon de ne pas devoir, avouer aux passagers que si on lui avait confié la barre du bateau, c'était pour le couler. Le couler après avoir saboté le moteur, semé la zizanie, vidé la cale de toutes les marchandises et dépouillé les passagers de leurs biens.

Et, grâce au transfert de la responsabilité du naufrage, via des élections législatives post dissolution, au nouveau capitaine du navire et Premier Ministre issu de la majorité qui en sortira, Emmanuel Macron pourra se présenter aux survivants comme étant leur sauveur.

Rappelez-vous, c'est un des quatre scénarios possibles dont je vous ai fait part dans l’édito titré Hara-Kiri-ou-Tora-Tora-Tora (partie 1 et partie 2)

Vu la déclaration que Gabriel Attal a faite dimanche soir, en commentaire des résultats du premier tour, c'est ce scénario du naufrage délibéré opéré aux fins machiavélique de procéder à ce transfert de responsabilité qui apparaît le plus probable.

Nous serons fixés très bientôt. À savoir de quel type de majorité le Rassemblement National disposera le 7 juillet prochain, hier matin les marchés financiers ouvraient avec une hausse de 2,59% marquant ainsi une forme de satisfaction de voir le risque NPF s’éloigner.  Le plafond de verre du RN semble brisé. La question reste qui Macron entrainera-t-il avec lui dans sa chute ?

 

PS : cette analyse m'a été inspirée par la deuxième partie de ce sketch de Raymond Devos qui date de 1985, mais toujours d'actualité quelques 40 ans plus tard : « Parler pour ne rien dire »  

En voici le texte :

« Parlons de la situation. Il y a quelques mois, souvenez-vous, la situation, pour n'être pas pire que celle d'aujourd'hui, n'en était pas meilleure non plus. Déjà nous allions vers la catastrophe, et nous le savions ! Car il ne faut pas croire que les responsables de la situation d'hier sont ceux d'aujourd'hui. D'ailleurs ce sont les mêmes. Oui. La catastrophe, nous le pensions, était pour demain. C'est-à-dire qu'en fait elle devrait être pour aujourd'hui d'ailleurs. Si mes calculs sont justes. Or, que voyons-nous aujourd'hui ? Qu'elle est toujours pour demain. Alors je vous pose la question, mesdames et messieurs :  est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même, que nous l'éviterons ? D'ailleurs je vous signale entre parenthèses, que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assumer la catastrophe, il est possible que l'opposition s'en empare. »

Et je me suis également inspiré de cet autre sketch « du Maître des Mots », qui justement s'appelle « La politique vue par Raymond Devos », sketch très court dans lequel il dit ceci, montrant le bandonéon de poche qu'il tient dans les mains :

« Ça, en politique, c'est l'instrument de l'alternance par excellence. Quand vous appuyez à droite, ça souffle à gauche. Et quand vous appuyez à gauche, ça siffle à droite. Et à l'intérieur, c'est du vent. »

 

1) cet édito aurait dû être publié hier, mais un incident technique nous en a empêché. Désolé.

2) « commette », aurais-je dû écrire.

3) avec 19 années bissextiles, en moyenne, sur les 86 ans que dure son périple autour de la Terre.

4) deux tiers au moins des membres de leur équipe, victorieuse lors des législatives précédentes, vont être disqualifiés. Disqualifiés, non pas pour dopage, mais pour usage. usage abusif du 49-3, l'équivalent en politique, du 4-3-3 footballistique, dans la version (« l'aversion », plutôt) française, du « catenaccio » italien : le verrouillage du débat parlementaire.

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