De l’égalité d’éducation

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Sébastien Ménard pour FranceSoir
Publié le 09 septembre 2020 - 12:00
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Comme chaque année, au mois de septembre, les successeurs de Jules Ferry, l'homme le plus célébré au fronton des 67 000 établissements scolaires français, nous dessinent de bonne foi, un inventaire à la Prévert, Jacques de son prénom, afin de nous réciter les avancées, les progrès, les facilités dont vont bénéficier nos petites têtes blondes, brunes, et rousses !

C’est vrai, les choses bougent. Positivement. Depuis septembre 2017, nous avons tous applaudi une vraie grande mesure de justice sociale reconduite depuis dans nos écoles primaires situées dans les quartiers dits politique de la ville : Le dédoublement des classes de CP « en REP+ » qui bénéficie à plus de 60 000 élèves par an. Cette mesure inédite et promise par le candidat devenu président, Emmanuel Macron, s’inscrit dans la priorité donnée à l’école primaire et à la formation de nos enfants. Et personne ne reprochera au Président et à son Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de s’engager politiquement pour que 100% des élèves puissent maîtriser les enseignements fondamentaux à la sortie de l’école primaire : lire, écrire, compter et respecter autrui. Mais dans un souci d’égalité républicaine, cette mesure phare du quinquennat Macron devrait être généralisée partout. « Quoi qu’il nous en coûte… »

Aussi pour l’année scolaire 2020-2021, Jean-Michel Blanquer, qui est, reconnaissons-le, un bon Ministre de l’Education nationale, s’est engagé à augmenter le niveau général des élèves sans décrochage scolaire. Son équation du possible est louable : élever le niveau global de nos enfants tout en réduisant les inégalités qui parfois handicapent et souvent discriminent. Et ce que j’apprécie avec Jean-Michel Blanquer, c’est qu’il dit depuis ses débuts, la vérité. Avec lui, notre souris verte qui courait dans l'herbe, trempée dans l’huile et dans l’eau, ne se transformera pas en un escargot tout chaud !

Trêve de plaisanterie. Car face à ses bons résultats et à ses bonnes intentions pourtant bien réelles, nous ne sommes pas encore tous égaux. Et dans quelques villes de France, le promoteur de l'école publique, gratuite, laïque, Jules FERRY, qui fut de 1879 à 1883 un très grand Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, doit à chaque rentrée scolaire, et comme le disait ma grand-mère dans son franc-parler, se retourner dans sa tombe !

Comme les choses sont toujours bien faites, c’est une école élémentaire biarrote portant le nom de notre illustre ministre, Jules Ferry, qui fait les frais à Biarritz dans les Pyrénées Atlantiques des distorsions narratives et du grand décalage entre les nobles paroles des uns et les actes ratés des autres.

Alors que des efforts sont entrepris partout pour caper à une moyenne nationale de 22 élèves par classe en primaire, l’école Jules Ferry à Biarritz, bat tous les records ! Dans cet établissement la moyenne est de plus de 30 élèves par classe, 32 pour être précis dans des classes en double niveaux.  Il s'agit du taux d'encadrement le plus élevé du département, et probablement de l’hexagone.

Evidemment, le Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale, a trouvé les justes mots pour supprimer une classe et surcharger les autres. Il a tenté d’expliquer aux nantis provinciaux, j’en suis, que la station balnéaire n'est pas la commune la plus défavorisée de France, et que les élèves peuvent ici mieux qu’ailleurs travailler dans des classes surchargées.

Pour vous, pour nous, pour nos enfants, l’égalité républicaine ce n’est pas cela. L’égalité républicaine est donc assurée depuis lundi par des parents courageux, volontaires et bénévoles qui assurent la classe de nos enfants. Des enfants de notre République, qui de Marseille à Paris, de Toulouse à Calais, de Sarcelles à Biarritz, doivent être considérés, protégés et instruits de la même manière sans distinction ou discrimination aucune. L’œuvre républicaine de Jules Ferry est à ce prix. Ce même Jules Ferry, celui de notre école, qui déclara en 1870, « c’est une œuvre pacifique, c’est une œuvre généreuse, et je la définis ainsi : faire disparaître la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l’inégalité d’éducation… »

 

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