12 juillet 1998 : et un, et deux, et trois-zéro… (VIDEO)
Le dimanche 12 juillet 1998, l’équipe de France de football entraînée par Aimé Jacquet est devenue championne du monde en battant en finale le Brésil sur le score de 3-0, dans un Stade de France survolté. Un des sommets de l’histoire du sport français.
Cet été-là, la France organisait la Coupe du monde de football. Et cet été-là, son équipe nationale l’a gagnée, en battant en finale ce qui, en principe, se fait de mieux en la matière: l’équipe du Brésil. Sur un score qui, très vite, allait devenir un slogan: "Et un, et deux, et trois-zéro…".
"Le délire", titre le lendemain France-Soir, sur une photo pleine page représentant Marcel Desailly félicitant Zinédine Zidane, auteur des deux premiers buts (avant que Manuel Petit ne clôture le score à la dernière minute). "Merci Zidane pour tes deux buts, merci Petit. Vous êtes champions", dit la légende, renvoyant ensuite aux 11 autres pages du journal consacrées à l’événement.
Ce fut du délire en effet dans les rues de Paris et dans les grandes villes de France. Du délire dans la presse et dans la classe politique, où certains intellectuels louèrent les vertus de la France "black-blanc-beur", en référence aux origines diverses des Bleus.
Ce fut du délire, deux jours plus tard à la garden party du 14 juillet à l’Elysée, où la foule scanda "Zizou président!" devant un Jacques Chirac aux anges, entre deux notes de la chanson I Will Survive de Gloria Gaynor, devenue hymne officieux des Bleus.
Tout n’avait pourtant pas si bien commencé que cela, pour Aimé Jacquet et ses joueurs. Nommé à l’automne 1993 pour succéder à Gérard Houllier (après l’échec des éliminatoires pour le Mondial 1994), le sélectionneur national avait obtenu un résultat correct à l’Euro 1996 (élimination aux tirs au but en demi-finale face à la République tchèque).
Mais, pendant les deux ans de préparation au Mondial, il a ensuite été critiqué par la presse –et notamment le journal L’Equipe, avec qui il restera fâché– pour ses choix tactiques, le jeu peu séduisant de son équipe et "sa réputation d’éternel indécis".
C’est donc dans un climat peu serein que les Bleus entament "leur" Coupe du monde, en cet été 1998. Après trois victoires faciles dans la première phase (3-0 contre l’Afrique du Sud, 4-0 contre l’Arabie Saoudite, 2-1 contre le Danemark), les joueurs de Jacquet souffrent ensuite: 1-0 en huitième de finale contre le Paraguay grâce au "but en or" de Laurent Blanc (sans Zidane, suspendu), 0-0 mais qualification aux tirs au but en quart de finale face à l’Italie, et deux buts magiques de Lilian Thuram en demi-finale contre la Croatie (2-1).
Peu à peu, au fil de la compétition, les supporters et la presse –et notamment certains champions du monde du retournement de veste– se mettent à y croire de plus en plus, à soutenir les Bleus, et c’est dans une ferveur incroyable que tout le pays attend cette finale du 12 juillet.
Les Bleus jouent ce match sans Laurent Blanc, suspendu car injustement exclu en demi-finale contre la Croatie. L’équipe d’Aimé Jacquet se présente dans la composition suivante: Barthez; Thuram, Desailly, Leboeuf, Lizarazu; Deschamps, Petit, Karembeu; Zidane, Guivarc’h, Djorkaeff. Boghossian, Dugarry et Vieira entreront en cours de jeu.
En face, dans l’équipe du Brésil, l’attaquant Ronaldo est finalement présent, après une alerte médicale dans la matinée, aux côtés notamment de Roberto Carlos, Rivaldo, Bebeto et Leonardo, le futur directeur sportif du PSG.
La suite, ceux qui ont aujourd’hui plus de 20 ans la connaissent: deux buts de la tête de Zidane sur corners aux 27e et 45e minutes, l’expulsion de Desailly à la 68e pour un second carton jaune, des arrêts décisifs de Barthez et la France qui tient bon, et Emmanuel Petit traversant tout le terrain pour aller marquer le troisième but dans les arrêts de jeu.
Et un, et deux, et trois-zéro… Le soir même, en pleine gloire, Aimé Jacquet laisse la place à son adjoint Roger Lemerre, qui mènera les Bleus à un fabuleux doublé, deux ans plus tard, en finale de l’Euro 2000 gagné au but en or (de Trezeguet) face à l’Italie.
Ce 12 juillet 1998 restera l’une des dates phares de l’histoire du sport français. Pour les 20,6 millions de téléspectateurs qui étaient devant leur écran ce soir-là, les mots en direct du supporter n°1 des Bleus, Thierry Roland, sont eux aussi entrés dans la légende: "L’équipe de France est championne du monde! Vous le croyez, ça? L’équipe de France est championne du monde en battant le Brésil 3-0! (…) Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille –enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah c’est superbe! Quel pied! Ah quel pied! Oh putain! Oh la la la la la la!... Ah c’est pas vrai! Ah c’est pas vrai!...".
Et son compère Jean-Michel Larqué de le couper dans son enthousiasme: "On va laisser parler les images, Thierry, parce que…".
(Voir ci-dessous le résumé des trois buts sur TF1, commentés par Thierry Roland et Jean-Michel Larqué):
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