L’État et Atos engagent des négociations exclusives pour le rachat des supercalculateurs
L’État et le groupe informatique Atos engagent un nouveau round de négociation, après l’échec des dernières discussions. L’informaticien, en proie à une crise financière depuis plusieurs années, est entré en négociations exclusives avec l’État pour le rachat d’une partie de ses activités, particulièrement celle des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire. L’offre, précise Atos, repose sur une valeur d’entreprise comprise entre 500 et 625 millions d’euros.
Les dernières discussions entre l’État français et Atos, qui ont débuté en juin dernier, n’avaient pas abouti à un accord en octobre. Les négociations concernaient à ce stade-là toutes les activités stratégiques du groupe et l’État avait proposé la bagatelle de 700 millions d’euros.
Bercy et Atos relancent les négociations
Après une décennie sous Thierry Breton, marquée par des acquisitions effrénées, Atos a enregistré en 2021 une année sombre, entre chute de ses actions et baisse de sa rentabilité. On reproche à l’ex-commissaire européen d’avoir tenté une croissance externe sans que, réellement, l'ensemble de filiales acquises ne soient intégrées au groupe. A cela, s'ajoutent des retards dans le virage vers le cloud ainsi qu’un manque d'investissement dans la recherche, le développement et la formation.
Le groupe a de ce fait envisagé la scission de ses activités à partir de l’été 2023, entre les secteurs historiques et les nouveaux secteurs, parmi lesquels la filiale “Big Data & Security”. En octobre 2023, la commission des Finances a voté pour la nationalisation temporaire d’une partie du groupe Atos. A la fin de cet exercice, la dette financière nette d'Atos s'élevait à 2,23 milliards d'euros. Quant à sa dette financière brute, elle s’élevait à 4,65 milliards d'euros. L’ex-fleuron informatique a généré en 2023 un flux de trésorerie disponible négatif, estimé à 1,08 milliard d'euros.
Début février 2024, un mandataire ad hoc a été désigné pour encadrer les négociations sur cette dette avec les banques. L’ex-ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, affirmait que “l’Etat utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques" d’Atos. Un mois plus tard, le groupe s’enfonçait encore dans la crise après le retrait “brutal” d’Airbus des discussions liées au rachat des activités big data et sécurité de l’ex-fleuron informatique.
Atos a réussi en juillet 2024 à obtenir un accord avec un groupe de banques et de créanciers obligataires, pour qu’ils sécurisent le financement de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,675 milliard d'euros.
Hier, lundi 25 novembre, le groupe annonçait la reprise des négociations avec l’État. Celles-ci sont exclusives et ce round “constitue une première étape cruciale, non seulement pour le redressement et la restructuration du groupe mais aussi pour la sécurisation de l’activité stratégique des supercalculateurs”. Il est question, selon des détails dévoilés dans le communiqué, d’une offre “non-engageante” pour une valeur d’entreprise de 500 millions d’euros et jusqu’à 625 millions d’euros.
Seule l’activité des supercalculateurs concernée
Rappelant que les précédentes négociations concernaient aussi les activités Mission Critical Systems et Cybersecurity Products, Atos précise que ce nouveau round portrait uniquement sur l’activité Advance Computing. L’exclusivité est accordée à Bercy jusqu’au 31 mai 2025, dernier jour pour signer un contrat de cession d’actions. L’informaticien évoque aussi un paiement initial de 150 millions d’euros à verser à Atos à la signature de ce contrat.
La branche Advanced Computing, qui comprend notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, emploie actuellement environ 2 500 salariés et a généré un chiffre d’affaires d’environ 570 millions d’euros en 2023.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a confirmé que “l’ouverture des discussions exclusives entre l’État et Atos constituait une première étape cruciale”, aussi bien pour la restructuration du groupe que pour “la sécurisation de l’activité stratégique des supercalculateurs”.
Si ces négociations exclusives aboutissent, Atos devra lancer une autre procédure de cession pour les activités Mission Critical Systems et Cybersecurity Products. La vente de Worldgrid à Alten est la transaction la plus avancée, tandis que la filiale Big Data et Sécurité attend toujours un repreneur.
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