Des sons, des docs, des dons : musiciens au temps du coronavirus
Sets de DJ sur les réseaux, documentaires en ligne, festivals virtuels, droits de chanson reversés aux soignants: les musiciens jouent sur toute la gamme des possibles pour tisser du lien en temps de confinement.
Comment être utile en pandémie quand on est chanteur? Calogero a composé un morceau, "On fait comme si", mis sur les plateformes ce jeudi, dont les recettes iront à la Fondation Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France, au profit des "héros" en "première ligne dans la bataille contre le coronavirus".
Et quand on n'est pas une star de ce calibre? "Je donne ce que je peux donner, moi c'est la musique, je suis un saltimbanque", expose à l'AFP Dombrance.
L'artiste électro tente d'infuser "un peu de bonheur dans ce malheur" avec ses morceaux-machine à danser où les seules paroles sont des noms de politiques comme François Fillon, Philippe Poutou, Christiane Taubira, etc.
Ce moustachu façon Vercingétorix a posté sur Facebook un live entre boucles techno et élans disco, depuis sa cuisine, vu plus de 130.000 fois. On aperçoit même sa petite fille et celle de sa sœur, les deux couples avec enfant étant confinés ensemble.
"On n'allait pas leur dire de ne pas venir (rires), c'est ça la vie en confinement". Parmi les retours, ces "personnels hospitaliers" le remerciant l'ont touché. Récidive ce vendredi, avec des patronymes de dirigeants du Mexique, où il était récemment en tournée.
- "Être créatif c'est être vivant" -
Les offres musicales sont légion. Neil Hannon, cerveau de The Divine Comedy, a débuté un tutoriel de guitare sur Facebook. Keren Ann se produit sur Instragram et lit un message - adressé par un internaute à quelqu'un d'autre - parmi tous ceux reçus à l'adresse bâtie à cet effet "daysofconfinement2020@gmail.com".
Arnaud Rebotini, artificier électro, a lancé sur sa chaîne Youtube son projet "This is quarantine" ("C'est la quarantaine") avec des clips produits par l'Ina (Institut national de l'audiovisuel). The Liminanas, franc-tireurs du rock, déroulent sur leurs réseaux des podcasts grands formats délicieusement rétros.
Toutes ces initiatives font "que la vie gagne à chaque fois, être créatif c'est être vivant, on crée avec la contrainte au lieu de la subir", analyse pour l'AFP Yael Naim, qui livre sur Instagram des sessions inspirées de son magnifique dernier album "Nightsongs".
Pour mutualiser les concerts faits maison de différents artistes, plusieurs festivals en ligne voient le jour: Le Sofa (www.sofa-festival.fr.) avec notamment Alain Souchon ou Barbara Carlotti, ou encore #festivaljerestealamaison, bientôt sur Facebook, avec Malik Djoudi, nommé aux Victoires de la musique, ou encore Sanseverino.
- "Chaîne de talents" -
L'artiste Taur supervise lui la création d'un morceau basé sur "une chaîne de talents", où chaque musicien rajoute une couche, ligne de basse, guitare, etc. Des figures pop-électro comme Yuksek ou les Naive New Beaters ont répondu à l'appel.
Baden Baden, formation pop rare et exigeante, profite du temps long de l'isolement pour diffuser en libre accès un documentaire, "Les vents contraires". Le réalisateur Teva Bourdin y suit de l'intérieur les premières années.
S'enchaînent répétitions dans une cave, signature d'un label, mais aussi, plus intime, le refus d'une vie rock'n'roll - les deux têtes pensantes gardent leur travail à côté - ou l'isolement pour écrire.
"C'est émouvant de voir ces images, remonter dix ans en arrière, avec une montée crescendo quand le groupe trouve sa consistance", confie à l'AFP Julien Lardé, un des deux leaders avec Eric Javelle.
Touchant aussi de voir "la boule au ventre" des deux hommes avant de monter sur scène, comme le dit Julien, alors que les autres membres sont plus à l'aise. Une appréhension qui leur manque maintenant que les concerts sont reportés.
Enfin, en prévision de la fin du confinement, le festival No Logo BZH (14-16 août près de Saint-Malo) offre 100 "pass de trois jours" aux soignants.
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