Mediapart, pourfendeur anticorruption de la droite et de la gauche

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Par Taimaz SZIRNIKS - Paris (AFP)
Publié le 12 juillet 2019 - 15:39
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Dans les locaux de Mediapart à Paris, le 2 juillet 2019
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
Dans les locaux de Mediapart à Paris, le 2 juillet 2019
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Journalistes ou "procureurs"? Avec ses révélations sur François de Rugy, Mediapart déstabilise de nouveau un membre du pouvoir en place et se voit accusé par le ministre visé d'avoir le "fantasme des coupeurs de têtes".

Depuis sa création en 2008, à coup de scoops et révélations, le site d'actualité s'est forgé l'image d'un pourfendeur anticorruption de la droite et de la gauche, avec les affaires Tapie, Karachi, Bettencourt, ou celle des "valises libyennes" de Nicolas Sarkozy.

Ces derniers mois, les journalistes du site d'information ont notamment travaillé sur l'affaire Benalla, l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron dont les avantages et les relations troubles ont secoué la présidence.

Cette semaine, c'est François de Rugy qui a été visé à travers une série d'articles. Dans une première enquête parue mercredi, le journaliste du site Fabrice Arfi décrivait "la vie de château sur fonds publics des époux de Rugy", avec le récit "d'agapes entre amis dignes de grands dîners d’État", avec homards et grands crus, quand François de Rugy présidait l'Assemblée nationale.

Mediapart a ensuite révélé que l'actuel ministre de la Transition écologique avait fait réaliser de coûteux travaux dans son appartement de fonction, qu'il occupait un logement à vocation sociale à Nantes, et que sa directrice de cabinet, limogée depuis, avait indûment conservé un HLM. Le Parisien et Ouest France ont publié des informations complémentaires.

- Quand Rugy soutenait Mediapart -

Vendredi, l'intéressé a exclu de démissionner, et riposté point par point en vilipendant Mediapart. "Le but, c’est d’informer le public? Ou de mener en permanence des campagnes contre le gouvernement?", a lancé sur RMC/BFMTV un François de Rugy "très en colère".

Spécialisé dans les enquêtes politique et financières, Mediapart peut déjà se targuer d'avoir fait tomber l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac en 2013 ou le conseiller de François Hollande Aquilino Morelle en 2014.

Cette année-là, le site comptait parmi ses abonnés le même François de Rugy, alors coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée, et chantre de la transparence, qui défendait le site dans ses tweets.

"Nous ne sommes pas des coupeurs de têtes ou des procureurs", s'est défendu vendredi Fabrice Arfi, à l'AFP. "Nous sommes des journalistes qui publient des informations, dont le ministre reconnait lui-même qu'elles choquent l'opinion".

Le cofondateur et président de Mediapart, marqué à gauche, Edwy Plenel s'est fait une spécialité depuis trente ans de publier des enquêtes qui ont ébranlé le sommet de l'État; notamment à la tête de la rédaction du Monde, où il a été accusé d'"abus de pouvoir", par les journalistes Pierre Péan et Philippe Cohen.

A son lancement en 2008, Mediapart publie notamment des révélations sur plusieurs affaires dont celle de Karachi, un éventuel détournement de commissions sur des contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan.

- Réussite économique -

Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2012, le Premier ministre François Fillon accuse le site, qui produisait un document affirmant que la Libye avait participé au financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, d'être une "officine financée par de riches amis" de François Hollande.

Dans la foulée, Nicolas Sarkozy entame une action judiciaire contre Mediapart pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles". Un long bras de fer que l'ex-président de la République a définitivement perdu début 2019.

Mediapart a essuyé depuis ses débuts plus de 150 procédures judiciaires, entrainant de lourds frais d'avocats et quelques condamnations pour diffamation ou "erreur matérielle".

François de Rugy a annoncé de son côté qu'il "envisageait" de "porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre maintenant, dorénavant, tous les articles" comprenant des "mensonges".

A l'étranger, Mediapart représente surtout un modèle de réussite économique pour un site indépendant, poursuivant son envol en 2018 avec plus de 150.000 abonnés et près de 14 millions de chiffre d'affaires. Le site prend désormais part à des enquêtes internationales. En grande forme dans un paysage de la presse décimé, il continue à recruter et compte désormais 87 salariés en CDI, dont 47 journalistes.

Les actionnaires de Mediapart ont prévu de céder bientôt son capital à une structure d'intérêt général, "non capitaliste et à but non lucratif", pour sanctuariser son capital et pérenniser son indépendance.

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