Le Parisien : crise interne après un éditorial prenant la défense de Sarkozy
Dans un communiqué daté du 2 mars, la rédaction du Parisien a annoncé se désolidariser de l’éditorial signé de son directeur, et qui prenait la défense de Nicolas Sarkozy, récemment condamné par la justice.
Une "minimisation des faits"
La rédaction du quotidien Le Parisien n’est pas d’accord et elle le dit. Dans un communiqué publié dans la soirée du 2 mars, elle explique se désolidariser de l’éditorial signé de son directeur Jean-Michel Salvator, dans lequel il dénonce des décisions de justice "d’une sévérité accrue ou d’une intransigeance implacable" lorsqu’elles concernent des hommes politiques.
Faisant référence à Nicolas Sarkozy, condamné la veille à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire "des écoutes", Jean-Michel Salvator écrit que l’ancien chef de l’État "se voit reprocher d’avoir envisagé d’appuyer une promotion en faveur d’un magistrat (qui ne s’est pas faite). Comme si les juges estimaient qu’un élu doit être plus durement traité parce qu’il est censé montrer l’exemple".
Une "omission d’une partie de la réalité"
Pour la rédaction du Parisien, représentée par les organisations syndicales (SNJ, SNJ-CGT, SGJ-FO, SNPEP-FO, SGLCE-CGT), la SDJ (la Société des Journalistes) et le collectif des femmes, l’appréciation de Jean-Michel Salvator n’est pas compatible avec les valeurs du quotidien.
Les organisations syndicales reprochent notamment au directeur de la rédaction une "minimisation des faits" et rappellent qu’"en matière de droit, il n’est pas nécessaire que l’avantage ait été accordé pour que le délit de corruption soit caractérisé".
Ils dénoncent également l’évocation que fait Jean-Michel Salvator de la décision de justice concernant Georges Tron. Le 18 février dernier, l’ex-secrétaire d’État a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour viol. Or, le directeur du journal se contente de parler "d’agressions sexuelles". "En plus d’omettre une partie de la réalité, le propos est contradictoire avec l’engagement affiché par la direction de la rédaction, dans la charte de l’égalité signée en novembre dernier", rappellent les organisations syndicales.
Une "promesse non tenue"
"Il n’appartient pas à notre journal de donner une opinion sur une décision de justice. Éclairer sur ses conséquences, oui. Le reste relève du commentaire", souligne la rédaction du Parisien, qui estime que Jean-Michel Salvator, qui a pris la tête du quotidien en septembre dernier, n’a pas respecté son indépendance éditoriale. "En arrivant au Parisien, Jean-Michel Salvator a assuré aux organisations syndicales qu’il n’était pas question de faire de notre quotidien un journal d’opinion. Cet engagement doit être respecté À la lecture de ce texte, cette promesse n’est pas tenue", concluent les signataires, qui demandent désormis à être reçus par le directeur de la rédaction.
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