Koh-Lanta : comment les réseaux sociaux modifient le comportement des participants
Vingt ans après le début du programme phare de TF1, d’anciens candidats estiment que l’arrivée des réseaux sociaux ont changé la donne en influençant le comportement de certains aventuriers, plus soucieux du regard des internautes et donc moins authentiques.
Le 4 août 2001, TF1 diffusait le tout premier épisode de Koh-Lanta. À l’époque, tous les foyers français n’étaient encore équipés d’internet, les réseaux sociaux n’existaient pas, pas plus que YouTube. Les aventuriers débarquaient donc sur une petite île de Thaïlande donc sans a priori ni réputation auprès des téléspectateurs.
Vingt ans et vingt-six saisons plus tard, l’émission des débuts a laissé place à un show dans lequel les candidats n’hésitent pas à se mettre en scène pour obtenir l’amour du public… quitte à renier leur vraie personnalité. C’est ce que déplorent certains aventuriers ayant participé à plusieurs reprises à Koh-Lanta. Dans une enquête menée par 20 Minutes, ils estiment que l’émergence des réseaux sociaux a changé la donne et creusé le fossé entre les générations de candidats.
La pression des réseaux sociaux
Ainsi, Cindy, qui a participé à l’émission en 2019, estime que « la pression des réseaux sociaux » est bien présente. « Tu sens que des gens sont portés par le public plus que d’autres. Tu as peur : si tu fais un coup de maître, tu es peut-être plus dans la retenue. Avant, les gens y allaient et jouaient Koh-Lanta à fond. Aujourd’hui, tu fais toujours un peu attention parce que c’est tellement violent que tu n’es jamais préparée. »
Craignant un « bashing » sur Twitter, certains aventuriers hésitaient avant de faire preuve de stratégie. D’autres, au contraire, mettaient en garde ceux qui étaient tentés de la jouer solo. Jade, qui a participé trois fois à Koh-Lanta, rapporte ainsi des propos ahurissants : « Attention à ce que tu fais contre moi, tu vas te faire lyncher après » et « si tu essayes de m’éliminer, peut-être que ma communauté pourrait mal le prendre ».
Un manque de sincérité
Un point de vue partagé par Coumba, participante à l’émission en 2005, 2010 et 2012. Selon elle, la popularité sur les réseaux sociaux a pris le pas sur l’envie de vivre l’aventure à fond. « Même les stratégies ne sont pas sincères parce que certains font beaucoup attention à ce qu’ils disent, à ce qu’ils font, ils ne se mouillent pas et je trouve ça dommage de ne pas assumer », estime-t-elle.
« Pour moi, aujourd’hui, c’est de la téléréalité par rapport à mes saisons en 2009 et 2012 », abonde Patrick. « Il y a beaucoup de personnalités show off [qui friment] donc c’est pour ça que Patrick dit que c’est de la téléréalité, il y a moins ce naturel de la personnalité, développe Jade. Tu as été casté parce que tu as une personnalité comme celle-là et on attend de toi que tu sois comme ça et pas dans la retenue. »
Des candidats naturels pendant l’émission selon la production
De son côté, la production de Koh-Lanta ne voit pas les choses de la même façon. Interrogé par 20 Minutes, le présentateur historique Denis Brogniart estime que pendant l’émission, la dureté de la vie quotidienne et la difficulté des épreuves rend impossible pour les candidats un contrôle permanent de leur image. Il concède cependant que certains aventuriers populaires ont capitalisé sur leur image à travers les réseaux sociaux. « Mais pendant, je crois sincèrement qu’il n’y a pas une grande différence. Je n’ai jamais vu des gens se dire qu’ils devaient faire comme ci ou comme ça parce qu’il y a les réseaux sociaux, parce que ça donne une popularité plus grande ou différente en fonction du comportement. »
Même son de cloche du côté de la productrice Alexia Laroche-Joubert, qui se dit surprise de ces révélations. « Je leur ai demandé s’ils avaient eu l’impression de vivre différemment cette saison des précédentes. Tous m’ont dit qu’ils étaient hyper naturels. »
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