Fake News : faites-vous partie des sept profils de personnes qui désinforment ?
En temps de crise, il est plus que jamais nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées. Les “infox” ou “fake news” sont partout, sous différentes formes, et c’est pour cela qu’il est difficile de toutes les démasquer. Il est même fréquent de diffuser des rumeurs ou des informations trompeuses sans le vouloir, simplement en partageant sur les réseaux sociaux trop rapidement. Selon une étude récente, 30% de Français ont déjà transmis une information à leurs proches ou via les réseaux sociaux avant de se rendre compte qu'elle était fausse.
La BBC a cartographié le profil des personnes responsable de la diffusion d’information trompeuses, et a identifié sept types bien distincts. Faites-vous partie de l’un d’entre eux ?
Le blagueur
Vous avez un sens de l’humour apprécié, et ce qui vous motive le plus est de poster sur les réseaux sociaux ce qui pourrait faire rire à vos amis ? Après tout, quoi de mieux qu’une bonne blague pour détendre l’atmosphère anxiogène de la pandémie ? Si cette description vous correspond, vous pourriez faire partie de la catégorie des “blagueurs”.
D’après le quotidien Los Angeles Times, en plein crise sanitaire, des vidéos, “meme” et blagues “sont partagés des dizaines de millions de fois par jour” entre amis, membres de la famille et collègues de travail. Cette pratique pourrait être inoffensive, mais elle est en réalité trompeuse, car certaines personnes prennent au sérieux les blagues absurdes créées uniquement pour faire rire.
Vous avez peut-être déjà partagé un “meme” concernant une femme sortie de chez elle sans attestation de déplacement pour être arrêtée et ainsi échapper à ses enfants à la maison ? Ou cette blague sur prêtre qui aurait baptisé un bébé avec un pistolet à eau pour respecter la distance de sécurité ? Pour certaines, la blague est claire, mais d’autres peuvent confondre la blague avec la réalité, et se faire des fausses idées sur les précautions sanitaires, la propagation du virus, etc.
L’escroc
Des personnes sans scrupules n’hésitent pas à créer et diffuser de fausses informations pour promouvoir des produits, et tirer un bénéfice économique de la panique et des rumeurs. C’est le cas par exemple d’un candidat de télé réalité, Benjamin Samat, qui avait créé la polémique en faisant la promotion d’un masque de protection sur les réseaux sociaux au tout début de la crise, alors que l’utilité des différents types de masques n’était pas claire.
Des escrocs ont commencé à utiliser de fausses nouvelles sur le virus pour gagner de l'argent dès février, avec des courriels suggérant que les gens pouvaient "cliquer pour un examen en vue d’une guérison du coronavirus". Des services trompeurs ont aussi vu le jour moment de la sortie du générateur d’attestation de déplacement numérique pour diffuser des applications pirates qui collectent vos données.
Le conspirationniste
Pour certaines personnes, l’explication systématique à tous les événements et faits d’actualité est la théorie du complot mondial. Internet regorge de toutes sortes de théories conspirationnistes sur le Covid-19, la plus connue étant l'hypothèse qui prétend que le virus a volontairement été créé dans un laboratoire chinois ou américain, alors qu’une autre affirme qu’il est propagé par les réseaux de téléphonie 5G.
Le politicien
Donald Trump est en bonne place pour remporter la médaille du politicien créateur de fake news par excellence. Une des dernières en date: ses déclarations sur l’effet de la lumière du soleil ou des rayons UV pour affaiblir le Covid-19, et l’effet bénéfique potentiel du désinfectant employé comme traitement contre le virus, en injection par exemple (c’est faux!).
Les patriotes Chinois qui cherchent à défendre l’honneur de leur pays dans cette crise sont aussi à l’origine de nombreuses fake news. Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique étudie avec attention l’activisme de la diplomatie chinoise. Selon lui, il s’agirait d’une opération organisée de désinformation qui viserait à réécrire l’histoire à l’avantage de la Chine et “à louer son modèle par tous les moyens".
Le proche bien intentionné
On connait tous quelqu’un qui transmet sans arrêt des informations qui pourraient rendre service, un collègue, un cousin, ou notre mère, qui nous transfère systématiquement la dernière rumeur Facebook juste “au cas ou c’est vrai”. Manger de l’ail pour prévenir le coronavirus ou d’autres conseils nutritionnels pour renforcer le système immunitaire, conseils souvent dangereux puisque erronés.
La personne célèbre
Enfin, ce que disent les célébrités peut avoir un impact important en raison de leur influence sur les réseaux sociaux. Un récent rapport du Reuters Institute a révélé que les célébrités jouent un rôle clé dans la diffusion de la désinformation en ligne.
Le spécialiste
Parfois, la désinformation semble provenir d'une source fiable - un médecin, un professeur ou un travailleur hospitalier. Pendant la crise sanitaire, le personnel soignant s’est exprimé librement sur les réseaux sociaux pour raconter sa lutte “sur le champ de bataille”. Les personnes confinées, désireuses de suivre l’action de près ont rendu virales certaines publications qui, dépourvues de contexte (ou en modifiant leur contexte), ont collaboré à la désinformation. C’est le cas de la polémique sur les surblouses. Suite à la publication d’une vidéo postée par une infirmière d’une surblouse en mauvaise état, un faux compte "L'infirmier", a partagé la vidéo en l'accompagnant d’un message (trompeur) : "Cette soignante est convoquée par sa direction demain (lundi) après-midi parce qu'elle a montré cette réalité des nouvelles blouses !!". L'hôpital en question, après avoir réalisé une enquête sur l'état des surblouses défectueuses a dû assurer publiquement que l'infirmière n’allait pas être convoquée et que l’hôpital été extrêmement attentif à la protection de son personnel.
Sur le spécialiste des exemples récents peut être regardés
Des pistes de recherche alternatives communiquées par des spécialistes non scientifiques (comme celle de l’importance de la bactérie Prevotella) peuvent être considérées comme fake news par les médias , si elles sont diffusées sans précaution. Elles peuvent alimenter les fantasmes et théories du complot, alors qu’une forte corrélation entre Covid et Prevotella semble « factuelle et irréfutable »,. Les médias, ne sont pas en reste dans le rôle du spécialiste : dans cette affaire, certains comme Libération, Le Monde ont titré un peu trop rapidement à la fake news, sur la base d'informations d'un autre organe de presse, alors qu'un devoir de réserve ou une interrogation eut été préférable, mais titrer à la fake news est surement plus vendeur. Un autre exemple est celui de l’affaire Dupond de Ligones, que la Police croyait avoir identifié sur un vol pour l'Ecosse. Les médias considérant la police comme une source fiable se sont engouffrés dans ce qui n'était qu'une hypothèse comme étant un fait. On connait la suite.
Nous avons contacté l'AFP pour comprendre le process utilisé dans le cadre des fact check (vérification de faits, validation de faits) mais ces derniers ne nous ont pas encore répondu. Nous esperons leur parler rapidement dans le cadre d'un article Fact Check sur le Fact checking.
Un spécialiste étranger de l'information nous a répondu : une information est avant tout un ensemble de données. Il faut décomposer cette information dans ses sous-ensembles d'hypothèses et valider ou invalider chacune des hypothèses, cela peut prendre du temps et demande du travail ; temps que les médias n'ont pas toujours travaillant en flux tendu ou faisant confiance aux sources d'informations officielles.
En dernier lieu, nous avons demandé à un avocat spécialisé : " une information doit remplir des conditions nécessaires et suffisantes pour passer le test de la validité", on doit aussi exclure que tout lien causal ne soit pas lié au hasard"
Pour ne pas vous faire piéger et ne pas alimenter les fake news vous pouvez également consulter nos 5 astuces pour ne pas tomber vous-même dans une des 7 catégories de désinformateur.
Note : Dans le cadre de l'entretien collaboratif préparé pour l'AFP, les questions suivantes avaient été posées
Information : Qu’est ce qui constitue une bonne information pour vous ? Qu’est ce qui vous pousse à valider certaines informations et pas d’autres ?
Autorité de la chose publiée: Quel process utilisez-vous pour fact checker les info avant qu’elle ne devienne news ? Quel process avez-vous dans la modification itérative des informations (par exemple amélioration de la qualité et de la certitude de l’info) ? Comment choisissez-vous les titres de vos "fact check" et leurs correspondances conclusives ?
Sur le site internet de l'AFP, il y a la description du "fact checking", mais celui ci ne répond pas dans le détail aux questions de nos lecteurs.
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