Voitures sans permis : les escargots de la route passent au contrôle technique

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Par Bouchra BERKANE - AFP
Publié le 19 mars 2024 - 18:25
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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Une voiture sans permis Aixam Crossline Premium
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©Aixam/Facebook
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Simples, bruyantes et lentes, les voitures sans permis vont devoir passer au contrôle technique, et leurs conducteurs se disent fatalistes face aux réparations qui pourraient leur être demandées.

Celle de Frédéric - qui n'a donné que son prénom - lui permet de se rendre au travail quotidiennement en région Centre-Val de Loire depuis la perte de son permis il y a deux ans. Lui qui avait l'habitude de rouler en BMW break se déplace désormais au quotidien en Aixam City, "une espèce de purée de pois cassés" selon lui.

Immatriculée en 2016, sa voiturette devra passer avant la fin 2024 son premier contrôle technique. Celui-ci devient obligatoire à partir du 15 avril pour toute la catégorie L, qui inclut motos, scooters et voitures sans permis.

Une directive européenne de 2014 impose un contrôle technique des deux-roues, trois-roues et quadricycles à moteur, au nom de la sécurité des conducteurs et de la protection de l'environnement.

Au garage La Reprog à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), on répare déjà ce type de véhicule. Le patron Amine, 44 ans, qui répare aussi la voiture sans permis de sa femme, assure que les quadricycles n'ont rien de la robustesse des voitures.

La plupart sont faites de plastique, de "fibre de verre et d'aluminium; c'est équivalent à du beurre en termes de protection" selon le garagiste.

- "Assainir le parc roulant" -

Avec leur poids maximum de 425 kg, les voitures sans permis obligent les constructeurs à les équiper de matériaux plus légers et moins résistants.

Mais Alain Young, secrétaire général d'Equal, une association de constructeurs de quadricycles légers, rappelle que ces voiturettes ne "sont pas comparables" aux voitures classiques et qu'elles sont "d'abord et avant tout une alternative aux cyclomoteurs".

"On n'a pas la prétention d'avoir le niveau de protection d'une voiture d'une tonne. (...) Mais il y aura une protection sur une voiture sans permis que vous n'aurez jamais sur un deux-roues", ajoute-t-il.

Marine Falcinelli, responsable des ventes chez un concessionnaire Ligier à Suresnes (Hauts-de-Seine), se dit ravie de l'instauration du contrôle technique, qui "va permettre d'assainir le parc roulant existant".

"Dans le +sans permis+, on voit parfois des véhicules dangereux, des châssis dessoudés, des freins qui ne fonctionnent plus du tout", alerte-t-elle. "Le contrôle technique va permettre de vérifier que les organes de sécurité du véhicule sont corrects."

- Tous les trois ans -

Le nombre de points de contrôle (78) est inférieur à celui des voitures, avec 165 points de défaillance qui impliquent des réparations et une contre-visite avant deux mois, comme des défauts de freinage ou d'éclairage.

A partir de juin 2025 s'ajoutera le contrôle du bridage, qui risque de concerner "beaucoup" de véhicules, d'après la directrice générale des centres de contrôle Dekra, Karine Bonnet. Les voitures sans permis, homologuées avec des moteurs de 50 cm3, ne doivent pas rouler à plus de 45 km/h.

Le premier contrôle sera obligatoire à partir de la cinquième année après l'immatriculation du véhicule, puis tous les trois ans, ou avant chaque vente du véhicule, comme pour les voitures "normales".

Pour ne pas engorger les centres de contrôle les premières années de l'entrée en vigueur, l'obligation est étalée jusqu'en 2027.

Sur les 282.560 voitures sans permis roulant en France (moins de 1% des voitures), plus de la moitié ont été mises en circulation avant 2017 et doivent donc passer le contrôle en 2024, selon AAA Data.

Après les voiturettes les plus âgées, ce sera le tour en 2025 des véhicules immatriculés entre 2017 et 2019.

Tous les centres de contrôle technique ne proposeront pas ce service, qui nécessite une formation à faire avant le 15 avril pour tous les véhicules de catégorie L.

"L'automobile nous donne déjà assez de boulot, mais la loi étant passée, on n'a pas le choix que de s'y mettre" grince Christophe, contrôleur et gérant du centre de contrôle technique ACS Montmagny (Val-d’Oise), qui ne se dit "pas forcément pour l'obligation".

"Je pense qu’on avait mieux à faire que d'inclure la catégorie L pour le moment", ajoute-t-il.

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