Le Paxlovid de Pfizer : un médicament peu efficace aux multiples interactions
Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le laboratoire Pfizer. Le géant américain a été forcé de reconnaître que sa nouvelle pilule anti-Covid, le Paxlovid, ne procurait qu’une efficacité réduite dans le traitement du Sars-CoV-2. Pire encore, le produit pourrait, selon les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) américains, conduire à "un rebond de l'infection" après le traitement. Une révélation qui vient après la déclassification des documents sur le vaccin anti-Covid du laboratoire par la FDA (Food and Drug Administration, agence du médicament) dont le contenu avait fortement agité les réseaux sociaux.
Le Paxlovid, un médicament à l’efficacité non prouvée
De son propre aveu et dans un communiqué original publié le 29 avril 2022, le laboratoire pharmaceutique reconnaît que son médicament n’est pas assez efficace pour prévenir de l’infection du Sars-CoV-2 et que les objectifs fixés n’ont pas été atteints, comme le montrent les résultats de la phase clinique 2/3 de l’essai auquel ont pris part 3 500 patients, tous traités avec cette nouvelle molécule ou faisant partie du groupe placebo.
"Dans cette étude, par rapport au placebo, Pfizer a observé des réductions de risque de 32 % et 37 % chez les adultes ayant reçu le Paxlovid pendant cinq et dix jours, respectivement, pour prévenir l'infection. Ces résultats n'étaient toutefois pas statistiquement significatifs et, par conséquent, le critère d'évaluation principal, à savoir la réduction du risque d'infection confirmée et symptomatique par le Covid-19 chez les adultes qui avaient été exposés au virus par un contact familial, n'a pas été atteint.", écrivent les auteurs de l’étude.
Par ailleurs, l’étude précise que "les analyses de tous les critères d’évaluation secondaires et des sous-groupes sont en cours, et que les résultats finaux de l’étude seront inclus dans la publication ou la présentation des résultats finaux de l’étude".
Après avoir pris connaissance de la publication de l'essai clinique, le PDG de Pfizer, Albert Bourla, reconnaît que ces analyses sont décevantes. Cependant, passant très vite sur le sujet, il déclare préférer attendre les résultats définitifs de l’étude, avant de rappeler les résultats de l’essai précédent qui, d’après lui, a montré "de solides données d’efficacité et de sécurité pour le traitement des patients susceptibles de développer une maladie grave".
Interactions et toxicité
Malgré un taux d’efficacité inférieur à 50 %, le médicament a été approuvé pour une autorisation conditionnelle ou d’urgence dans plus de 60 pays dans le monde pour traiter l'infection par Covid-19.
En France, le médicament avait reçu un avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) et de l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) dès le 21 janvier dernier. Les autorités ont décidé d'en commander 500 000 boîtes pour un montant de 250 millions d’euros et le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, sans citer le nom du médicament, a écrit le 25 mars dernier sur Twitter : "Le savez-vous ? Il existe désormais un traitement efficace contre la covid-19. Il réduit de 85 % le risque d’hospitalisation et de décès. Si vous êtes âgé de plus de 65 ans ou malade et que vous venez de contracter la Covid, avec des symptômes, n’hésitez pas à en parler à votre médecin."
La posologie est la suivante : trois gélules deux fois par jour pendant cinq jours. Le médicament est cependant limité, d’une part, aux personnes adultes immunodéprimées et à celles qui présentent des comorbidités, quel que soit l’âge et le statut vaccinal, et d'autre part, aux personnes âgées de plus de 65 ans qui risquent de développer une forme grave de la maladie. Toutefois, en raison des multiples effets secondaires potentiels, tous les patients ne sont pas éligibles. Il est particulièrement contre-indiqué pour les personnes qui présentent des insuffisances hépatiques ou rénales, ainsi que pour les femmes enceintes.
Le 22 mai 2022, une étude faisait état d’une liste de médicaments susceptibles de provoquer des interactions avec le nilmatrelvir boosté par le ritonavir, qui sont les deux médicaments combinés dans le Paxlovid. Les auteurs de l’étude précisent également que cette liste qui mentionne plus de 50 molécules actuellement sur le marché n’est pas exhaustive. Ils ajoutent également que les interactions "peuvent être gérées en toute sécurité et ne doivent pas empêcher l’utilisation de ce médicament qui est le seul antiviral oral hautement efficace pour le traitement du Covid-19".
L'effet rebond
D'étranges signes cliniques ont été observés sur des patients traités au Paxlovid :
Après avoir pris le traitement, certaines personnes, après avoir été testées négatives, redeviennent positives et contagieuses deux à huit jours après l'arrêt du traitement qu'elles ont reçu pendant cinq jours.
Le phénomène, reconnu par les CDC américains et leur directrice Rochelle Walensky, est appelé "rebond de l'infection". S'il a été observé sur plusieurs patients, rien n'est encore expliqué du point de vue des mécanismes de cet étrange phénomène biologique.
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