Retour sur le parcours de Chérif Kouachi : plongée dans le milieu du djihadisme français

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 février 2016 - 16:36
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Les deux principaux suspects de l'attentat de "Charlie Hebdo": Chérif et Saïd Kouachi.
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©Ministère de l'Intérieur
Les deux principaux suspects de l'attentat de "Charlie Hebdo": Chérif (g.) et Saïd (d.) Kouachi.
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Quand il sème la mort avec son aîné à" Charlie Hebdo" le 7 janvier 2015, Chérif Kouachi n'est visé par aucune enquête judiciaire. Pourtant, depuis sa condamnation dans un dossier de filière irakienne, il n'a jamais été loin de figures de l'islamisme violent français.

Les notes des services de renseignement, dont la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), consultées par l'AFP, dressent le portrait d'un Chérif Kouachi méfiant, changeant souvent de portables et dont les fréquentations dessinent un Who's who du djihadisme français.

Chérif Kouachi a été condamné dans l'affaire de la filière irakienne des Buttes-Chaumont, démantelée en 2005. Ces années sont cruciales dans la formation de son réseau. En témoignent ses échanges au fil des ans avec Mohamed al-Ayouni, vétéran du front irakien où il a perdu un œil et un bras.

C'est surtout Peter Cherif, également condamné dans ce dossier, qui retient l'attention. Si ce sont les papiers de Saïd Kouachi qui ont été utilisés, les enquêteurs pensent que c'est bien Chérif Kouachi qui s'est rendu à l'été 2011 au Yémen via Oman, pour y rencontrer ce personnage clé. En avril 2012, la DGSI présente Chérif Kouachi comme "l'un des contacts en France" de Peter Cherif, cadre d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Elle le soupçonne "d'organiser, depuis le Yémen, une filière d'acheminement de jihadistes susceptible d'impliquer" Chérif Kouachi.

Quelques mois plus tard, des mails sont échangés entre le Yémen et un cyber-café voisin de l'appartement de Kouachi. Fin 2012, la police s'inquiète des recherches internet de Kouachi "sur une éventuelle colocation d'une chambre dans la ville d'Al Jouf", fief d'Aqpa, l'organisation dont se sont réclamés les frères Kouachi après la tuerie de Charlie Hebdo.

Ce délinquant radicalisé de 35 ans est une tête d'affiche des djihadistes français en Syrie quand, en février 2015, il décrit dans une vidéo de propagande le "grand plaisir" que lui ont procuré les attentats. "On attend que d'autres frères prennent le même exemple", poursuit-il au micro du journaliste otage britannique John Cantlie. Mais il ne fait pas état de Chérif Kouachi qu'il connaît pourtant: ils étaient dans le même avion lors du périple yéménite de 2011.

Chérif Kouachi connaît aussi des djihadistes de la génération précédente. Il apparaît dans l'environnement d'un proche du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en 2007, et il est un intime de Djamel Beghal, rencontré en détention à Fleury-Mérogis en 2006/2007.

En mars 2010, ce proche des GIA algériens, assigné à résidence après avoir purgé sa peine pour un projet d'attentat à Paris, reçoit la visite à Murat (Cantal) de Chérif Kouachi, accompagné d'Amédy Coulibaly. Aux yeux de la DGSI, Kouachi apporte un "soutien logistique et amical" à Beghal, qu'elle soupçonne de préparer sa fuite. Quelques semaines plus tard, ils sont interpellés pour le projet d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, un des auteurs des attentats à Paris au milieu des années 1990.

Selon une note de renseignement d'octobre 2010 sur la prison de Meaux, Kouachi est un "proche de Menad Benchellali jusqu'à la sortie de ce dernier" un mois plus tôt. Ce vétéran d'Afghanistan a été condamné dans l'affaire des "filières tchétchènes", accusées d'avoir fomenté des attentats en France en 2001-2002. Dans la même note, Chérif Kouachi est décrit comme "un fidèle de Feridhi, avec lequel il discute en promenade". Mourad Feridhi purgeait sa peine pour un braquage raté, destiné à financer Al-Qaïda.

Le 8 février 2012, à Clichy-sous-Bois, Chérif Kouachi est sous surveillance quand il monte dans une voiture où a pris place Slimane Khalfaoui, membre du groupe de Francfort, condamné pour un projet d'attentat contre la cathédrale de Strasbourg et le marché de Noël en décembre 2000. Ce jour-là, Chérif Kouachi rencontre un autre ancien du groupe de Francfort, Nicolas Belloni, beau-frère de Khalfaoui.

Au printemps 2012, Chérif Kouachi apparaît en marge d'un dossier judiciaire de revente de chaussures et de vêtements de contrefaçon chinois. Selon une note de juin 2012, "une partie du fruit de ce commerce illicite constitue un soutien financier à la mouvance terroriste". Son associé est Fritz-Joly Joaquin, intercepté sur la route de la Syrie quelques jours après les attentats de janvier 2015.

Cette enquête conduit les policiers à un gérant de taxi-phone et patron d'un garage, surnommé "le Kabyle", qui vit à Mantes-La-Jolie. Cet homme a salarié plusieurs salafistes, dont un ancien de Guantanamo. En juillet 2013, les services de renseignement jugent "peu probable que la nature des relations" entre le "Kabyle" et Kouachi, "soit exclusivement d'ordre professionnel". Le "Kabyle" est aujourd'hui en prison, mis en examen pour avoir participé à la fourniture d'armes à Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d'avoir voulu commettre en avril 2015 un massacre dans des églises du Val-de-Marne.

 

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