Euro-2016 : la gendarmerie déploie dix chiens contre les ceintures d'explosifs
G'Iris, Junior, Haegen, J'Thyser: ces chiens devraient être parmi les dix que la gendarmerie va déployer dans les villes de l'Euro-2016 de football avec la mission de détecter d'éventuelles ceintures d'explosifs.
Au Centre national d'instruction cynophile (CNICG) à Gramat (Lot), douze chiens accompagnés et leurs maîtres achèvent ce samedi une formation de trois mois avec un ultime exercice au Stade de France, avant la Finale de la Coupe de France entre le Paris SG et l'Olympique de Marseille.
Ces chiens, la plupart des bergers belges malinois, sont les seuls en France capables de repérer des explosifs sur des personnes en mouvement. Qu'il s'agisse des traditionnels Semtex, C4... ou de l'artisanal TATP (peroxyde d'acétone), l'explosif des terroristes à Paris et Bruxelles.
Née en 1899 en Belgique, la recherche cynophile est arrivée en France en 1949. Aujourd'hui, la gendarmerie compte 471 équipes avec 554 chiens pour 16 spécialités: drogue, cadavres, monnaie, armes, avalanche, produits d'accélération d'incendie...
"La recherche d'explosif sur une personne en mouvement est nouvelle. Elle a été décidée après les attentats de Londres et Madrid", explique le colonel Dominique Dalier, patron du CNICG. Pour cette formation, les chiens ont été triés sur le volet: dix chiens sur les 61 déjà formés sur les explosifs statiques, ainsi que deux de leurs congénères vierges de toute spécialisation ont été retenus. Au programme, un apprentissage par le jeu et 18 exercices pratiques dans les gares, centres commerciaux et même au Stadium à Toulouse.
Leurs qualités ? L'empathie pour l'homme, une grande capacité d'adaptation aux odeurs (saucisses, frites) et aux bruits (fanfare...) des stades, leur amour du jeu, leur aptitude à rester concentrés sur leur mission malgré les caresses..., précise le capitaine Didier Thirez, chef du bureau de l'instruction du CNICG.
"Un chien est capable de mémoriser n'importe quelle odeur", rappelle le commandant Paul Bétaille, Numéro-2 du CNICG, soulignant que pour l'animal "c'est un jeu". Avec en récompense, son doudou, un boudin rouge, lorsqu'il trouve. "Il faut animer le chien en permanence, sinon il s'ennuie", renchérit le Chef d'escadron Christophe S.
Après douze semaines de préparation, les binômes chien-maître sont prêts. Le 12 mai, devant la presse à Gramat, Haegen, 4 ans, a repéré une ceinture de Semtex. D'abord assis pour les besoins de l'exercice, le berger malinois donne un coup de museau pour sentir chaque personne passant devant lui. Lâché ensuite dans un groupe d'une vingtaine de personnes, il identifie sans hésitation un homme portant quatre pains de 200 grammes chargé de 5% de TATP inerte.
Installé en retrait à 3 mètres, face à un ventilateur pour simuler le vent, G'Iris, 3 ans, a flairé la même ceinture de TATP. "Le vent aide. Il porte le tiers des particules qui sont dans l'air vers le museau du chien", détaille le capitaine Thirez. Il pourra ainsi le détecter jusqu'à dix mètres de distance.
Quand le chien détecte l'explosif, le scénario est immuable: il ne mord pas mais se positionne devant la personne puis s'assoit, attendant sa récompense. "Il marque le suspect", indique le colonel Dalier. Le chien est "le moyen le plus efficace pour la détection", assure le patron du CNICG. Mais son temps de travail est limité: il ne peut travailler plus de 30 minutes sans observer une période de repos.
"Trente minutes de travail olfactif du chien correspond à un petit marathon pour l'homme", observe le gendarme Sébastien, maître de G'Iris. Autre risque: un terroriste peut faire exploser sa ceinture s'il est repéré. "J'ai accepté le risque en signant mon contrat", répond la gendarme Claire P., aux côtés de Haegen, un cabotin qui effectue le salut militaire avec sa patte.
Malgré ce danger, impossible de protéger le chien: "Si on le transforme en Robocop -avec couverture anti blast-, il n'a plus la même efficacité. Il vaut mieux lui conserver sa mobilité", ajoute le colonel Dalier.
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