UE : La présidence hongroise écarte la guerre en Ukraine des priorités de son mandat

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France-Soir
Publié le 26 septembre 2024 - 11:05
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Halada / AFP
Victor Orban, premier ministre hongrois
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Mardi, Budapest a dévoilé les priorités de sa présidence semestrielle de l’Union européenne (UE), près de trois mois après le début d’un mandat essentiellement marqué jusque-là par les élections européennes et la pause estivale. Lors d’une réunion à Bruxelles, la Hongrie a présenté les thématiques prioritaires de son point de vue, comme l’agriculture, l’économie et surtout, la fâcheuse question de l’immigration. La guerre en Ukraine, qui a cristallisé ces dernières années les tensions entre Viktor Orban et ses homologues européens, n’est qu’un sous-chapitre dans le volet des Affaires étrangères.  

En juillet, la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour une durée de 6 mois. Cette présidence intervenait sur fond de dégradation continue des relations entre Budapest et Bruxelles, en raison de leurs désaccords sur l’immigration ou surtout, l’Ukraine, le soutien militaro-financier des 26 à son égard ou encore son adhésion à l’UE. 

Le conflit ukrainien relégué au second plan 

Une semaine auparavant, fin juin, l'Ukraine et les 27 débutaient officiellement les négociations pour une adhésion pleine de Kiev. Candidate depuis juin 2022, quelques mois après l’invasion russe, l’Ukraine a jusque-là pu faire accélérer le processus en tirant profit ces dernières années d’une dynamique de mobilisation en raison du conflit sur son territoire. Mais le chemin est bien long pour cet État, qui doit tout de même satisfaire un ensemble de critères avant de rejoindre l’UE. Une adhésion donnée pour 2030 selon le président du Conseil européen, Charles Michel.  

Cette prévision prenait-elle en compte la présidence hongroise de l’UE ? Celle-ci, estimait-on, pouvait bien retarder l’ouverture des premiers chapitres de négociations, puisque Budapest s’est toujours montrée très réticente à l’idée d’une expansion de l’UE ou de l’OTAN encore plus à l’ouest. 

Mardi, lors d’une réunion à Bruxelles du Conseil des Affaires générales, le chef de la diplomatie hongroise János Bóka a présenté les priorités de son pays. La défense, la compétitivité économique, la politique d’élargissement, l’agriculture et la démographie figurent dans la liste, au même titre que le sujet qui fâche, à savoir l’immigration illégale, sur lequel Viktor Orban entend bien peser de tout son poids. Cette dernière thématique continue encore d’envenimer les relations entre l’UE et Budapest avec la récente amende de 200 millions d’euros pour “non-respect des traités en matière de droit d’asile”, que cet État membre refuse de payer et que la Commission européenne entend ponctionner à partir des subventions destinées à la Hongrie.  

Mais c’est une autre actualité qui a suscité les critiques des ministres de l’UE lors de cette présentation. La guerre en Ukraine n’est vraisemblablement pas l’une des priorités de la présidence hongroise. Budapest n’y consacre que quelques lignes dans le chapitre lié aux Affaires étrangères. 

Les dirigeants européens veulent en découdre

“L’Ukraine est mise à l’écart de manière inacceptable dans le programme”, réagit-on du côté letton. Pavlína Žáková, vice-ministre tchèque des Affaires européennes, a estimé utile de rappeler que “l’une des principales priorités de l’UE est de soutenir l’Ukraine dans sa défense contre l’agression de la Russie, et il est crucial que nous restions unis. Pourtant, ce thème n’est que marginalement représenté dans le programme de la présidence”. Stockholm qualifie de “remarquable” le fait que “cet aspect soit absent des priorités de la présidence”.  

Dans la foulée du début de la présidence hongroise, le Premier ministre Viktor Orban avait pourtant placé ce conflit au cœur de ses priorités. Le 5 juillet, il s'est rendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, qualifiant sa visite de "mission de paix". Cette démarche a immédiatement suscité de vives critiques au sein de l'UE, notamment de la part de Josep Borrell qui a souligné l'absence de mandat, et d'Ursula von der Leyen qui a mis en garde contre les “dangers de l'apaisement”.  

Quelques jours plus tard, le 11 juillet, Orban s'est déplacé aux États-Unis pour rencontrer Donald Trump, juste après le sommet de l'OTAN à Washington. Lors de cette visite, il a déclaré que l'ancien président, candidat à un retour à la Maison Blanche en novembre, pourrait "résoudre le problème" en Ukraine, accentuant la réprobation des dirigeants européens. Ces derniers l’ont exprimée par l’annulation de la première réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, prévue à Budapest.  

Depuis l’invasion de l’Ukraine, Viktor Orban s’est souvent opposé au soutien européen à Kiev. Il justifie toutefois cette posture par sa conviction qu’il n’y aura "pas de solution sur le champ de bataille" et que l'Europe devrait consacrer ses ressources à "faire la paix" plutôt que de "financer la guerre". 

Il est peu probable que les dirigeants européens fassent l’impasse sur cette mise au second plan de la question ukrainienne par la présidence hongroise. Le chef de la diplomatie polonaise, Adam Szlapka, a rappelé que ce “sujet serait abordé lors du prochain sommet européen”. Celui-ci est prévu pour les 17 et 18 octobre prochains.

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