La vidéosurveillance algorithmique, à peine testée, déjà adoptée ?

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France-Soir
Publié le 04 octobre 2024 - 12:20
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Une caméra embarquée.
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©Alain Jocard/AFP
©Alain Jocard/AFP

Pourquoi s'en cacher, puisque tout le monde le sait ? Le gouvernement a déjà annoncé vouloir généraliser la vidéosurveillance algorithmique expérimentée lors des Jeux Olympiques, avec le soutien sans faille du préfet de police Laurent Nunez. Le hic, au delà du fait que cette idée soit loin de faire consensus, c'est que le rapport d'évaluation de l’expérimentation est attendu pour décembre, pas avant... 

La vidéosurveillance algorithmique, encadrée par la loi adoptée en avril 2023, utilise l'intelligence artificielle pour détecter des comportements jugés "anormaux", tels que les mouvements de foule, les objets abandonnés, une personne qui court, une voiture à contresens, etc. Malgré les précautions législatives, comme le renforcement du contrôle de la CNIL et l'encadrement des entreprises en charge des algorithmes, ce dispositif soulève de vives inquiétudes, notamment sur les libertés individuelles. Raison pour laquelle il est en phase d'expérimentation. Reste à savoir si ce travail est réalisé honnêtement, ou si "c'est du flan", comme le suspecte Jérôme Durain, sénateur socialiste et membre du comité d'évaluation.

Comme le rapporte Public Sénat, de nombreux parlementaires partagent ces doutes, que le sénateur a expliqué en insistant sur l'opacité du projet : " Il y a un manque de transparence dans cette histoire. Quand on parle de vidéo protection, le point Godwin, c’est la lutte contre le terrorisme. Mais on sait qu’il existe des intérêts des industriels français dans la généralisation du système. Il y a aussi une forte demande des opérateurs de transports comme la SNCF et la RATP qui en ont besoin non seulement pour la sécurité, mais aussi pour l’exploitation de leurs réseaux. Il faut que ces éléments soient mis sur la table, car je rappelle que la loi ne prévoit que des usages sécuritaires". Alors, est-ce un manque d'efficacité ou un manque de sincérité sur l'objectif du projet que cette opacité voudrait cacher ?

La sénatrice LR Nadine Bellurot reconnaît que certaines fonctionnalités doivent être perfectionnées, mais insiste sur l’importance d’accompagner ces technologies avec des règles éthiques. Pour elle, il est crucial de ne pas rejeter ces évolutions, mais de les encadrer de manière proportionnée et nécessaire. Avis partagé par Marc-Philippe Daubresse, LR lui aussi, qui est déjà allé plus loin en proposant une loi visant à expérimenter la reconnaissance faciale. Selon lui, ces technologies sont "indispensables" pour soigner notre société de plus en plus violente. Loïc Hervé, sénateur centriste, résume les débats ainsi : "Il ne faut pas être complément archaïque et interdire les évolutions techniques, mais restons vigilants et légiférerons avec deux principes en tête : la proportionnalité et la nécessité de cet outil." Ce n'est pas gagné, puisque de son propre aveu, "on nous avait vendu un dispositif encadré et temporaire et on se retrouve à annoncer sa généralisation avant même la fin de l’expérimentation." Plus rassurant que jamais, Matignon a tout de même promis d'attendre la fin de l'expérimentation, prévue pour mars 2025, avant de prendre une quelconque décision.

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