La moitié des migrants de l'Aquarius veulent l'asile en France

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Par Adrien VICENTE - Madrid (AFP)
Publié le 18 juin 2018 - 20:38
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Arrivée du navire humanitaire Aquarius le 17 juin 2018 à Valence
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© Pau Barrena / AFP
Le périple de l'Aquarius
© Pau Barrena / AFP

Au lendemain de leur arrivée en Espagne, les 630 migrants de l'Aquarius veulent pour près de la moitié demander l'asile en France, a indiqué lundi le gouvernement espagnol.

"Quasiment la moitié des migrants ont manifesté leur volonté de demander l'asile en France, pays ayant offert d'accueillir une partie des personnes voyageant sur le navire" Aquarius, a-t-il annoncé dans un communiqué.

Samedi, Madrid avait annoncé avoir accepté la proposition de la France d'accueillir une partie des passagers de ce bateau, secourus dans la nuit du 9 au 10 juin au large de la Libye et débarqués dimanche matin à Valence (est de l'Espagne).

Le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, a toutefois estimé dimanche qu'il était "impossible" d'en déterminer le nombre.

Une équipe de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) doit se rendre à Valence "dans la semaine", a indiqué son directeur général Pascal Brice.

"Dès lors que les autorités espagnoles nous auront fait connaître le nombre de personnes concernées, une équipe de l'Ofpra se rendra sur place pour mener les entretiens et s'assurer que les personnes relèvent bien du droit d'asile", a-t-il déclaré à l'AFP.

En France, alors que le choix de ne pas accueillir le navire passé près de ses côtes - celles de l'île de Corse - avait été critiqué jusqu'au sein du parti du président Emmanuel Macron, un sondage publié lundi a montré qu'une majorité de Français était contre l'accueil de l'Aquarius dans un port français.

Selon ce sondage réalisé par OpinionWay pour les médias Public Sénat, Les Échos et Radio Classique, 56% des Français estiment que la France a fait le bon choix en n'accueillant pas l'Aquarius, contre 42% qui pensent le contraire (2% ne se sont pas prononcés).

- Permis de 45 jours -

Affrété par les ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, l'Aquarius a été au centre de l'attention internationale après le refus de l'Italie et de Malte de lui ouvrir leurs ports, l'obligeant à une longue et difficile traversée de la Méditerranée.

Les 630 migrants à bord, dont 140 mineurs - l'un d'entre eux né sur le bateau- se sont vu accorder "un permis d'entrée extraordinaire de 45 jours en Espagne pour raisons humanitaires", pendant que leur statut est examiné, a précisé le gouvernement de Pedro Sanchez.

Ceux qui déposeront une demande d'asile en Espagne pourront rester une fois leur demande prise en compte, le temps que les services de l'immigration l'examinent dans un délai de six mois, selon Paloma Favieres, de la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (Cear) qui a participé à leur accueil à Valence.

"Aucune procédure de reconduite à la frontière n'a été engagée, personne n'a été placé en centre de rétention", s'est-elle félicitée, alors que cette éventualité avait été initialement évoquée par le gouvernement.

Alors que dans plusieurs pays d'Europe, populations et gouvernements tendent à adopter des positions de plus en plus dures face aux arrivées massives de migrants, Pedro Sanchez a affiché son ouverture et pris le contre-pied de son prédécesseur Mariano Rajoy sur la question migratoire.

Un positionnement qui semble correspondre à celui des Espagnols alors que l'arrivée de l'Aquarius a entraîné un fort élan de solidarité.

Déjà en octobre 2017, selon l'Eurobaromètre de la Commission européenne, l'Espagne faisait partie des pays les plus tolérants en matière d'immigration, seuls 26% des Espagnols trouvant que l'immigration extra-européenne était "plutôt un problème" contre 38% en moyenne dans l'UE.

En 2015, au plus fort de la crise migratoire, les municipalités de plusieurs villes comme Barcelone ou Madrid avaient proposé d'accueillir des réfugiés et critiqué l'inaction de Mariano Rajoy.

La décision de Pedro Sanchez d'accueillir les passagers de l'Aquarius "est une opportunité fantastique pour que l'Espagne défende de nouvelles politiques en Europe", a souligné lundi Estrella Galan, secrétaire générale de la Cear.

La droite espagnole craint elle en revanche un afflux d'immigrés comme l'a souligné dimanche le journal conservateur espagnol ABC clamant en Une que "L'Espagne affronte une avalanche d'immigrés à cause de l'appel d'air" provoqué par l'accueil de l'Aquarius.

Plus de 1.400 personnes migrants tentant la traversée ont été secourues de vendredi à dimanche par les garde-côtes espagnols.

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