Grève SNCF : sixième jour de grève et ultime séance de discussions
Direction de la SNCF et syndicats de cheminots se retrouvent ce lundi 6 pour une ultime séance de discussions sur l'organisation du temps de travail, au sixième jour d'une grève que François Hollande souhaite voir prendre fin avant le coup d'envoi de l'Euro de football vendredi 10. Pour la sixième journée consécutive, mais la 11ème depuis le début de l'année, les usagers devront s'armer de patience et/ou modifier leur itinéraire: si le trafic s'améliore légèrement côté TGV et TER (six trains sur dix en moyenne), il restera fortement perturbé pour les Intercités (un sur trois) et les Transiliens (un sur deux), ces derniers étant touchés aussi par les crues.
Cette grève, à l'appel de la CGT-Cheminots et de SUD-Rail, sonne comme un rappel à l'ordre à quatre jours du début de l'Euro de football, et alors que les sept syndicats opposés à la loi Travail (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL) n'ont pas dit leur dernier mot. Salariés des centres de déchets, du secteur de l'énergie, des raffineries ou de la RATP seront encore mobilisés cette semaine pour dire "non" au texte de la ministre du Travail Myriam El Khomri. Et à Air France, sur des revendications propres à l'entreprise, les pilotes sont aussi déterminés à faire entendre leur voix, avec un préavis de grève du 11 au 14 juin.
"Je souhaite que (le conflit social) soit réglé", a déclaré le président de la République dimanche 5 en évoquant les grèves à la SNCF ou à Air France, estimant que "personne ne comprendrait que les trains ou les avions (...) puissent empêcher le bon déroulement (...) du déplacement des spectateurs"."C'est maintenant qu'on gagne", insiste de son côté SUD-Rail, qui appelle à "faire blocage" à l'occasion du rendez-vous de lundi. Le syndicat, comme la CGT-Cheminots, première force syndicale de la SNCF, veut obtenir satisfaction à deux niveaux: l'accord d'entreprise, dont une dernière mouture sera présentée ce lundi, mais aussi la première convention collective commune au secteur du rail, dans la perspective de l'ouverture élargie à la concurrence à partir de 2020.
Pour les deux syndicats, faute d'une convention suffisamment ambitieuse, les cheminots de la SNCF courent le risque d'un "dumping social". Ils réclament donc au gouvernement la réouverture des discussions sur ce texte, soumis à signature jusqu'au 8 juin. Mais à l'instar du patronat du secteur, l'Union des Transports publics et ferroviaires (UTP, qui regroupe la SNCF et ses concurrents privés), le gouvernement considère que les négociations sont "closes". Le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies l'a redit vendredi 3 à la CGT. L'unité initiale sur l'appel à la grève reconductible, pour peser sur ces négociations d'entreprise et de branche menées en parallèle, n'a pas résisté à la reprise en main du dossier par l'exécutif.
La CFDT a retiré la semaine dernière son préavis après un week-end de tractations qui a abouti à un texte confortant l'essentiel du régime de travail actuel des cheminots. L'Unsa a fait de même, après une journée de mobilisation, laissant seuls en piste CGT et SUD qui s'opposent également à la loi Travail. Après avoir tenté de désamorcer la tension sociale secteur par secteur, pour éviter toute perturbation de l'Euro, le gouvernement a invoqué la "solidarité" face aux intempéries pour demander l'arrêt de cette grève "incompréhensible" aux yeux du patron de la SNCF Guillaume Pepy, comme de Manuel Valls et d'élus Les Républicains d'Ile-de-France. La CGT-Cheminots n'a "de leçon à recevoir de personne sur ces questions" de solidarité, a rétorqué le syndicat. "Le fait d'être en grève n'entrave en rien (l') engagement citoyen" des militants cégétistes "sur le terrain", a-t-il souligné.
Mais dans la population, le soutien aux mouvements sociaux contre la loi El Khomri semble s’essouffler, selon un sondage BVA. Une majorité (54%) de Français les désapprouve désormais, une tendance qui s'est inversée en trois semaines. L'intersyndicale, elle, entend croiser le fer jusqu'au 14 juin, journée de manifestation nationale à Paris, et appelle à "renforcer la mobilisation" pour obtenir, face au "silence" et au "mépris" du gouvernement, le retrait d'un texte porteur de "régressions sociales".
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