La revue d’actu de France-Soir : semaine du 24 juillet 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas forcément vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la RDA de France-Soir cette semaine : administration policière et État de droit, Darmanin le factieux, Macron et sa conception (très personnelle) de l’ordre, réseaux sociaux, Jeux Olympiques de Paris, le clan Dupond-Moretti face à la Justice, Hunter le boulet de Joe Biden, l’ami de 30 ans de Drahi (qui coûte cher), des robotoutous partout, le colonialisme face au tsarisme, Obama perd un cuisinier, Israël, Le Maire entre dette et inflation, plein-emploi versus chômage (réel), record économique pour la France, Ukraine, cryptomonnaie biométrique et passeport numérique du fondateur de ChatGPT… mais aussi Charles Consigny et le Président des milliardaires, ou encore Frédéric Lordon l’antifasciste !
Une neuvième RDA « vertigineuse » !
FRANCE
La presse française s'est passionnée cette semaine pour le silence de la macronie face aux velléités factieuses d’une partie de l’institution policière… parfois victime d’insomnie, à la suite de la mise en examen de quatre agents, dont un placé en détention provisoire. Ils sont soupçonnés d’avoir tabassé – si fort – un jeune, que ce dernier a ensuite dû subir une ablation d’une partie conséquente de sa boîte crânienne.
Lundi, Mediapart observait qu’à ce sujet, « de nombreuses personnalités politiques ont exprimé leur indignation, surtout à gauche, sans [toutefois] réussir à la faire partager par le camp macroniste, pour lequel la critique de la police est plus que jamais taboue ».
Le journal numérique donne la parole à Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS qui ne voit « pas de précédent, sous la Ve République, d’une association entre les deux plus hauts responsables de police [Frédéric Veaux et Laurent Nuñez, ndla] pour mettre en cause publiquement une décision de justice, et plus largement les principes généraux du droit inscrits dans la Constitution ».
Sebastian Roché considère que « leurs déclarations violent les principes mêmes de la police démocratique, qui est censée être neutre et agir en référence aux principes du droit ».
Le directeur de recherche au CNRS rappelle que « l’égalité de tous devant la loi figure dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. C’est un pilier fondamental des États démocratiques : il ne saurait y avoir de privilèges, comme sous l’Ancien Régime ».
Avec ce coup de force, Sebastian Roché voit en réalité une tentative d’instaurer « un quatrième pouvoir, celui de l’administration policière, qui aurait son mot à dire sur le travail des magistrats et la fabrique de la loi par les assemblées. C’est vertigineux ».
De la mutilation des Gilets Jaunes aux contrôles des passes sanitaires, cela fait déjà quelques années que ce quatrième pouvoir a vertigineusement dérivé sous l’impulsion de la macronie.
Sebastian Roché constate que, de son côté, Emmanuel Macron « donne l’impression de ne pas connaître vraiment ou au mieux de ne pas prendre la mesure de cette transgression sans précédent sous la Ve République (…) Sur les propos des dirigeants de la police, il ne délivre même pas un commentaire ».
« En même temps », il s’agit là d’une position particulièrement difficile à tenir pour le chef de l’État qui a à la fois inexorablement besoin de sa police pour imposer sa politique, mais qui ne peut pas se permettre de laisser « son projet » être bousculé par des factieux.
Sans compter que ces mutins sont particulièrement ingrats avec le Président qui les a pourtant tellement choyés depuis son accession au pouvoir (exemption de vaccination obligatoire contre le Covid, droit au port d’arme quasi permanent, hausse exceptionnelle des effectifs en 2023, trains gratuits, livraison de nouveaux matériels et véhicules, usage de LBD et de grenades de désencerclement libéralisé, tirs à balles réelles illégaux en nette progression, absence de RIO tolérée ou IGPN ultra complaisante notamment pour les affaires concernant le maintien de l’ordre lors des manifestations, etc.).
Le directeur de recherche au CNRS note qu’en matière de mutisme, Emmanuel Macron « n’est d’ailleurs pas le seul. La Première ministre ne dit rien, le ministre de la Justice non plus… C’est un concert de silence ».
Dans cette affaire, si le gouvernement est resté silencieux pendant que le Président tentait de ménager le poulet et le chou, Gérald Darmanin a lui choisi de jouer une autre carte. D’abord silencieux comme tous les autres, celui qui aurait récemment confessé à ses proches s’être senti « trahi » de ne pas avoir obtenu les clés de Matignon a finalement décidé d’apporter son soutien aux putschistes.
Vendredi, Le Monde expliquait que « le ministre de l’Intérieur suscite l’indignation des magistrats et des demandes de démission de la part de la gauche, en raison de sa défense du patron de la police, Frédéric Veaux, qui s’est dit opposé à la détention provisoire des policiers ».
Le locataire de Beauvau « s’est dit prêt à étudier toutes les revendications des syndicats, sans écarter l’idée d’une juridiction spécialisée [pour les policiers], relevant pourtant du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. “Les policiers ne réclament pas l’impunité, ils réclament le respect”, a-t-il déclaré, sans s’appesantir sur le sort de l’homme au cœur de l’affaire : Hedi, 22 ans, défiguré par un tir de lanceur de balles de défense ».
S’appesantir sur un autre sort que celui des siens a rarement été le fort de Gérald Darmanin.
S’il y en a un qui s’est davantage appesanti sur les évènements récents, c’est le « haut gradé de la Gendarmerie » interrogé, ce vendredi, par Mediapart. Selon lui, « c’est évidemment dangereux de faire une nouvelle loi pour protéger davantage les forces de l’ordre de poursuites en cas de délit ou de crime. Il faut rester dans le cadre du droit commun. Que Darmanin réponde ainsi favorablement aux demandes les plus extrêmes des syndicats de police, ce sont les prémices de l’effondrement de notre État de droit ».
Lundi, sur TF1 et France 2, Emmanuel Macron jurait pourtant vouloir tout faire pour rétablir « l’ordre, l’ordre, l’ordre »… non dans la police, ni au sein de son gouvernement, mais plutôt dans les ménages français. Le chef de l’État explique que « notre pays a besoin d'un retour de l'autorité à chaque niveau et d'abord dans la famille ».
Emmanuel Macron cible avant tout « l’autorité parentale » et entend « responsabiliser certaines familles [mais] aussi [en] accompagner d'autres qui sont dans la détresse ». Pour cela, il compte « réinvestir massivement sur notre jeunesse pour lui redonner un cadre ».
Comme, par exemple, celui du SNU ?
Si le président de la République ne considère pas, lui, que les institutions sont actuellement menacées par le coup de force de son administration policière, il estime en revanche que la liberté d’expression sur les réseaux sociaux représente un danger bien plus urgent à traiter.
Le chef de l'État assure ainsi vouloir, « de manière partenariale avec ces plateformes, réussir à très vite retirer les contenus quand ils appellent à la violence, mais trouver en quelque sorte un ordre public numérique qui permette de prévenir ces débordements ».
Le Président précise que la recherche de cet ordre public numérique « est un travail qui va se poursuivre durant l'été et à la fin de l'été, [il] aura l’occasion, avec l'ensemble des parties prenantes de mettre en place des grands chantiers ».
En bon père de… la patrie, Emmanuel Macron ajoute que « ce ne sont pas des réponses que le gouvernement peut, seul, mettre en place. C'est la Nation elle même, dans son cœur, sa force d'âme, qui peut apporter la réponse en profondeur à ce que nous avons vécu durant ces journées [de violences urbaines] ».
Vendredi, La Quadrature du net commentait cette « réponse sécuritaire et autoritaire de l’État ». L’association de défense des libertés numériques explique qu’elle aurait bien aimé « railler cette rhétorique ridicule si seulement elle n’avait pas pour origine une manœuvre politique de diversion et pour conséquence l’extension toujours plus dangereuse de la censure et du contrôle de l’information ».
En un mot, c’est reparti comme en 40.
Ce même mardi, Libération relayait les inquiétudes du Président sur un tout autre sujet, celui des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Selon Libé, « le chef de l’Etat est autant préoccupé par l’organisation des festivités que par la trace qu’elles laisseront dans son bilan ». D’après un ministre interrogé par le quotidien, « si ça se passe mal, [celle-ci] peut être indélébile ».
En 1936 aussi, la trace est restée indélébile… Ne manquerait plus qu’un Jesse Owens des temps modernes cherche à provoquer la fureur du Président en remettant en cause la liesse populaire censée s’articuler autour de lui.
À ce titre, une autre ministre, dont les propos sont également relayés par Libé, s’interroge : « dans un pays qui aime le sport, avec un Président qui aime le sport, si on n’arrive pas à un moment heureux, punaise, qu’est-ce qu’il faut ? ».
Fichtre ! Le pain et les Jeux ne suffiraient donc plus à la populace pour être heureuse ?!
Pourtant, ce ne sont pas les mesures annoncées qui manquent pour permettre que la fête soit totale.
La preuve avec cette information rapportée, mercredi, par Mediapart : « en Seine-Saint-Denis, la rénovation urbaine d’un quartier dégradé est mise sous pression par la construction du village olympique. Près de trois cents ménages doivent quitter leur domicile au plus vite. Pour accélérer leur relogement, des propositions dérogatoires aux règles leur sont faites ».
Mediapart précise que nombreuses sont ces familles à se plaindre de leur nouvelle habitation, constatant, selon les cas, « un sol troué et des murs lépreux », « un escalier dangereux pour la petite de quatorze mois » ou encore « une paroi moisie ».
Hawa, l’une de ces habitantes questionnée par Mediapart, en conclue que les faiseurs de bonheur de l’olympisme « ne veulent [tout simplement] pas voir [leurs] visages pendant les JO ».
Même constat du côté des célèbres bouquinistes parisiens. Vendredi, France Info nous apprenait que pour la cérémonie d’ouverture des JO « la préfecture de police de Paris estime "indispensable" l'enlèvement des célèbres boîtes vertes des bouquinistes des quais de Seine ». La raison ? Ces boites se situent dans un secteur « exposé à un risque d'actes de terrorisme ».
En conséquence, la maire de Paris, Anne Hidalgo, propose « de prendre en charge l'enlèvement, la repose des boîtes et la rénovation "à ses frais" de celles qui seront abîmées pendant l'opération ».
Une solution qui ne convient pas aux bouquinistes. Réunis en association, ils « refusent de déménager ». Jérôme Callais, président de cette association, expliquait à la chaîne du service public que leurs boites vertes sont « un symbole majeur de Paris, ça fait 450 ans qu'[elles sont] là. Vouloir [les] gommer du paysage alors que la célébration de ces Jeux doit être la célébration de Paris » paraît, selon lui, « un peu fou ».
Savoir rendre invisible les indésirables a toujours été une compétence un peu folle de la macronie.
Autre chantier qui tient particulièrement à cœur à Emmanuel Macron, celui de l’élection présidentielle de 2027. Aux dernières nouvelles, le chef de l’État n’envisagerait pas/plus de se présenter pour un troisième mandat consécutif… telle que lui en empêche encore la loi.
Du coup, comme nous le rapportait Le Figaro mardi, quand lors de son déplacement à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, un badaud lui parle d’Édouard Philippe, qui « peut-être » le « remplacera », le Président lui fait comprendre que cette hypothèse n’est pas forcément insensée.
Le chef de l’État explique qu’il « tient à ce qu'il y ait vraiment une suite à ce qu'[ils ont] mis en place » et qu’il aimerait bien « que celles et ceux qui [l]'ont accompagné depuis maintenant six ans puissent prendre le relais »… dont, justement, son ancien Premier ministre qui « a bien fait à [s]es côtés [et qui] est un ami ».
Pour un Édouard Philippe affaibli… 2027 peut, peut-être, en revanche, paraître encore un peu loin.
Vendredi, France Info revenait sur le sort d’un autre cador de la macronie. La chaîne du service public nous avertissait « [qu’]Eric Dupond-Moretti sera bien jugé pour prise illégale d'intérêts, [comme l’a] confirmé la Cour de cassation ».
France Info remarque que, « pour la première fois, un membre d'un gouvernement en exercice devrait faire l'objet d'un procès devant la Cour de justice de la République ».
Double record historique, même, puisqu’il s’agit, de surcroît, du ministre de la Justice en personne !
En bref, « l’effondrement de l’État de droit » progresse à vue d'oeil.
De son côté, après s’être finalement fendu d’une timide déclaration sur cette Police qui se trouverait ‘dans la même « barque républicaine » que la Justice, Éric Dupond-Moretti assurait – tout sourire – au micro de BFMTV, « être d’abord à la tâche, vous l’avez vu ! Et puis… je répondrai [sur mon procès] le moment venu. Chaque chose en son temps ! ».
Une tâche si salissante qu’elle risque, elle aussi, de rester indélébile.
Un peu comme celle laissée cette semaine par l’article publié par Libération lundi. Le quotidien nous rappelle qu’Antoine Vey, « le conseil, ex-associé d’Eric Dupond-Moretti, est visé par une enquête déontologique du barreau de Paris ».
Libé précise que son dossier est d’un « volume désormais conséquent, avec près de trente témoignages recueillis ». Au menu des griefs exprimés à l’encontre de ce proche du garde des Sceaux – « dont il a hérité de la prestigieuse enseigne », précise Libé – on trouve principalement des insultes, des menaces et des accusations d’espionnage à l'encontre des membres de son cabinet.
Par exemple, Libération explique que, « face à un salarié l’avisant de sa démission », Antoine Vey aurait dit : « Si j’apprends que tu as parlé à Libération, je paie un mec pour te coller une balle entre les deux yeux ».
Nonobstant le fait qu'Antoine Vey ne devrait pas avoir trop de mal à reconnaître la personne qui a finalement bien « parlé à Libération », le quotidien nous précise que cette affaire est tout bonnement devenue l’une « des enquêtes les plus volumineuses de l’histoire du barreau de Paris » avec « des centaines de pièces analysées (mails, textos, captures d’écran, documents divers) ».
Des records en veux-tu en voilà pour le clan Moretti… et sa Justice d’exception !
MONDE
Jeudi, le réchauffement climatique était qualifié par Joe Biden de « menace existentielle ». Selon Le Monde, qui relayait les déclarations du Président des États-Unis, Joe Biden ne « croit pas qu’il soit encore possible pour qui que ce soit de nier l’impact du changement climatique ».
Même constat du côté de l’ONU qui explique que « l’ère du réchauffement » a fait place à « l’ère de l’ébullition ».
Pas un mot en revanche de Joe Biden sur son sulfureux fiston, Hunter, qui devait pourtant, lui aussi, être en ébullition depuis la veille.
Mercredi, Reuters rapportait que la Justice américaine n’avait finalement pas accepté « l'accord proposé par (…) Hunter Biden aux procureurs, visant à plaider coupable pour des accusations fiscales et éviter une accusation de possession d'arme à feu ».
L’agence de presse britannique constate qu’un « problème est survenu mercredi lorsque la juge chargée de l'affaire a déclaré qu'elle avait besoin de plus de temps pour examiner leur accord ». Reuters rappelle que « l'ancien président Donald Trump, et les alliés républicains de Trump au Congrès avaient critiqué cet accord comme favorisant injustement le fils du président ».
Sans accord, Reuters estime que « les problèmes juridiques du jeune Biden [vont] continuer à poursuivre [son papa de] président qui est en campagne pour sa réélection en 2024 ».
Autrement dit : voilà une « menace [encore plus] existentielle » pour la famille Biden.
Jeudi, Mediapart nous donnait des nouvelles d’Armando Pereira, « le frère en affaires » et ami de 30 ans de Patrick Drahi (cf. RDA de la semaine dernière), qui est « aujourd’hui mis en examen au Portugal pour “corruption active et passive”, “fraude fiscale” et “blanchiment” ». Il est à présent « assigné à résidence après avoir passé dix jours en détention provisoire ».
Selon le journal en ligne, « le groupe Altice assure être “victime” des pratiques de son ex-numéro deux ». Pourtant, Mediapart note qu’Armando Pereira « n’a jamais été loin de Patrick Drahi : à partir de 2002, quand il a apporté ses actifs pour créer Altice, il a été de tous les projets, a participé à toutes les opérations, comme actionnaire et comme manager », ajoutant que « sa présence était aussi quotidienne dans le groupe ».
Mediapart explique qu’Altice « croule sous les dettes. De 48 milliards de dollars en 2017, l’endettement est passé à plus de 60 milliards de dollars », avant de préciser que « pour grandir, le groupe a mené une succession de rachats tous azimuts en France, au Portugal, aux États-Unis et ailleurs. Un empire construit totalement à crédit. Car en parfait financier, Patrick Drahi a édifié son groupe en reprenant les techniques éprouvées du LBO (leveraged buy-out) : endetter au maximum l’entreprise acquise et en extraire au plus vite les richesses, afin de permettre aux actionnaires du groupe de s’enrichir. À commencer par lui-même et Armando Pereira »
Toute ressemblance, entre ces « techniques éprouvées du LBO » utilisées par l’un des géniteurs de la macronie et la manière avec laquelle l’économie française est actuellement gérée, serait bien évidemment absolument fortuite.
De son côté, toujours ce même jeudi, L’Obs regardait en direction de « New York [où] la police opère avec des chiens robots ».
La rédaction du magazine a visionné une vidéo dans laquelle les forces de police promenaient leur « digidog, contraction de digital et de dog. C’est un robot du modèle Spot, créé par la société américaine Boston Dynamics », précise L’Obs, qui note que cette « machine pèse une trentaine de kilos, évolue à 5,6 km/h, (…) est contrôlable jusqu’à 1 kilomètre et possède 90 minutes d’autotomie ».
L’hebdomadaire nous explique que « Boston Dynamics prétend que son robot Spot peut “enquêter, évaluer et désamorcer à distance des situations tendues ou dangereuses” (…) et peut même servir à “détecter les risques chimiques” ».
Eric Adams, le maire de New York assure que, désormais, « si vous avez un suspect barricadé, si vous avez quelqu’un qui est à l’intérieur d’un bâtiment avec une arme, au lieu d’envoyer des policiers, vous envoyez Digidog ».
Si Eric Adams ne précise pas le profil-type du « suspect barricadé » qu’il a en tête… il oublie surtout que ces robots sont avant tout utilisés en éclaireur par les forces de police, c’est-à-dire avant même de savoir si le « suspect » est véritablement « armé ».
En attendant que la meute de la police new-yorkaise s’agrandisse, ce robot est déjà utilisé par l’armée française, tandis qu’ailleurs dans le monde, certains d’entre eux sont équipés de fusils d’assaut… mais pas de jaloux, puisque le citoyen lambda peut lui aussi à présent acquérir son propre robotoutou, plus familial.
Bientôt des chiens robots français équipés de LBD pour encadrer les manifestations ?
Voilà qui pourrait bien valoir le coup d’œil (poché) et qui, à grande échelle, s’avérerait tellement plus efficace pour maintenir « l’ordre, l’ordre, l’ordre »… sans jamais plus risquer la moindre fronde populaire, ni policière.
Sans entrer dans les détails, trois autres actualités internationales méritent une attention particulière :
- Mercredi, RTL nous apprenait que « le cuisinier personnel des Obama [avait été] retrouvé mort près d'une de leurs maisons »… avant de préciser qu’il « visitait l'endroit au moment de son décès ».
- Vendredi, France Info prenait conscience qu’un nouveau pays cher à la Françafrique, le Niger, notamment connu pour la richesse de ses sols, était en train de tomber… vraisemblablement aux mains d’intérêts étrangers.
Indice : selon La Dépêche, Evgueni Prigojine, le trublion en chef de la milice Wagner, se serait félicité du coup d’État militaire opéré au Niger…. tandis que l’Agence nigérienne de presse annonçait que Vladimir Poutine tenait justement un « forum Russie-Afrique, ce 28 juillet à Saint-Pétersbourg »… dans lequel il aurait déclaré : « certaines manifestations du colonialisme n’ont pas été éliminées et sont toujours pratiquées par les anciennes métropoles ».
En résumé, l’Afrique passe de plus en plus du colonialisme français au tsarisme russe.
- Samedi, Anonyme Citoyen, le canal Telegram et compte Twitter, annonçait, photo à l’appui, que « plus de 370 000 personnes manifestent ce soir en Israël pour la 30e semaine consécutive contre Netanyahu et la réforme judiciaire adoptée cette semaine ».
ÉCONOMIE
Mardi, Le Figaro nous parlait de l’endettement de la France et des propos de Bruno Le Maire sur le plateau de France Info le même jour.
Selon le quotidien, le ministre de l’Économie « veut piocher dans les caisses des opérateurs de l'État pour éponger la dette ». En jeu, « 2,5 milliards d'euros d'excédents », soit, selon Le Figaro, « une rondelette somme sur laquelle le ministre de l’Économie et des Finances compte bien mettre la main ».
Dans le viseur du ministre se trouvent notamment « Pôle emploi, le CNRS, l'ADEME, les agences de l'eau », ou encore « Météo France ».
Bruno Le Maire ajoute que « tous ceux qui nous écoutent savent parfaitement qu'une dette trop lourde est un danger pour la nation française ». Or, parce que « la dépense sociale, c’est 50% de la dépense publique », le ministre de l’Économie pense qu’il « faut nous interroger de manière plus structurelle sur l’efficacité de notre modèle social ».
En résumé, le ministre de l’Économie réussit malicieusement à faire d'une pierre trois coups : siphonner toujours plus l’argent public en mettant en cause le modèle social du pays… sans jamais « nous interroger (…) sur l’efficacité » des mesures prises par l’exécutif français, ni sur leurs conséquences sur la dette et le portefeuille des Français.
À ce titre, mercredi, Le Monde constatait que « les prix alimentaires ont encore légèrement progressé, de 0,2 %, entre juin et juillet. Sur deux ans, ils ont augmenté de 21,2 % en moyenne ».
Le quotidien note que « si le prix des yaourts affiche une décote de 7,2 %, celui des coquillettes de 1,4 %, celui des chips de 1,7 % et celui de l’huile de 0,4 %, nombre d’autres produits ont vu leur tarif croître, dont la boîte de thon (+ 5,7 %), le riz basmati (+ 6,9 %) et le jambon (+ 1,2 %), sur le mois qui vient de s’écouler ».
En bref, Le Monde estime que « le reflux de l’inflation alimentaire, tant appelé de ses vœux par Bercy, n’est donc pas encore au rendez-vous. Pourtant, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a multiplié les réunions avec les distributeurs et les industriels pour tenter d’inverser la tendance et redonner du pouvoir d’achat aux Français dans leur quotidien ».
À force, les Français risquent de finir par se demander si Bruno Le Maire ne serait finalement pas plus doué pour leur taxer leur argent que pour leur redonner du pouvoir d'achat… voire s’il ne serait pas encore plus fort pour donner du pouvoir d'achat aux industriels que pour leur taxer leur argent.
Heureusement, à l’inverse de l'inflation, l’emploi se porte de mieux en mieux en France.
C’est en tout cas le message qu’a souhaité faire passer Emmanuel Macron, lundi, lors de son entretien avec les journalistes de TF1 et France 2.
Dans la foulée, Le Parisien s’attardait justement sur ce moment où le président de la République s’est gargarisé d’avoir « lancé de nouveaux chantiers indispensables pour notre économie avec un texte pour le plein-emploi, des textes sur l’attractivité et des annonces inédites en matière d’ouvertures d’usine. Nous avons avancé avec des résultats ».
Pourtant, la veille, Le Figaro révélait que « le gouvernement se félicite d’avoir un taux de chômage au plus bas depuis une dizaine d’années, avec un taux de 7,1 % au premier trimestre. Mais il serait [en réalité] plus proche de 12 % si on tenait compte du “halo” autour du chômage, ces personnes en recherche d’emploi qui n’entrent pas dans les statistiques officielles ».
Selon le quotidien, « ce halo concerne [à peine] 1,9 million d’individus, soit 4,4 % des 15-64 ans. Des chiffres en légère hausse par rapport au trimestre précédent ».
Face à tant de mauvaises nouvelles, en cherchant bien, il est néanmoins possible de trouver un domaine dans lequel l’économie nationale se porte mieux que jamais, celui des ventes d’armes.
Mercredi, Les Échos constataient « [qu’]en 2022, la France a exporté pour 27 milliards d'euros d'armements, largement au-dessus des 11,7 milliards de 2021 et très loin devant le précédent record établi à 16,9 milliards d'euros en 2015, selon le rapport annuel au Parlement sur les exportations d'armement de la France ».
Un nouveau record établi l’année du début de la guerre en Ukraine… ce qui interpelle le journal économique qui note que, selon ce même rapport, « la politique d'exportation d'armement de la France a deux objectifs : “contribuer à la sécurité internationale” et constituer “dans la durée une industrie française et européenne” répondant à ses ambitions stratégiques. C'est [d’ailleurs] pourquoi, depuis le début du conflit, l'aide militaire bilatérale de la France à l'Ukraine est estimée à 450 millions d'euros et les commandes d'armement de Kiev auprès de Paris se sont élevées à 118,6 millions d'euros en 2022 ».
Soit une goutte d’eau dans ces 27 milliards d’euros… sauf que Les Échos considèrent que cette augmentation des « ventes [seraient tout de même] liées au contexte ukrainien » puisque, selon le rapport du Parlement, « la guerre en Ukraine a ravivé la conscience de l'impérieuse nécessité de développer et d'entretenir une base industrielle et technologique de défense souveraine et résiliente ».
Fort heureusement, cela n'a jamais été « l'impérieuse nécessité » politico-économique du pays des Droits de l'Homme, ni d'ailleurs celle des États-Unis ou de la Russie, de souffler sur les braises d'un conflit pour se gaver en euros, en dollars ou en roubles.
Lundi, Le Figaro s'intéressait au « "World Coin", la cryptomonnaie lancée par Sam Altman, le créateur de ChatGPT ».
Le quotidien explique que cette « cryptomonnaie [est] dotée d'un système d'identification à partir de l'iris humain ». Le journal indique que ce projet « consiste en une plateforme d'identité numérique et une monnaie numérique, “reçue simplement pour le fait d'être humain”, selon le site ».
Le Figaro précise que deux des cofondateurs de Worldcoin, Sam Altman et Alex Bania, ont indiqué avoir « lancé Worldcoin avec l'ambition de créer une nouvelle identité et un réseau financier appartenant à tous ». Selon ses fondateurs, cette plateforme est une « sorte de passeport numérique qui permet à son propriétaire de prouver son identité en ligne sans partager de données personnelles ».
Sam Altman et Alex Bania se projettent : « Si nous réussissons, nous pensons que Worldcoin pourrait créer de façon radicale des opportunités économiques, établir une solution fiable pour distinguer les êtres humains de l'intelligence artificielle en ligne tout en préservant la confidentialité (...) et au final être un chemin potentiel vers un revenu minimal universel fondé sur l'intelligence artificielle ».
Ah ?! Quel est le rapport ?
Ces deux personnalités ajoutent que « comme tout projet vraiment ambitieux, peut-être que cela marche ou peut-être que non, mais essayer (...), c'est ainsi que le progrès se produit ».
Le Figaro, qui semble plutôt souhaiter que « cela [ne] marche pas », conclut son article en rappelant que « le projet Worldcoin a été critiqué, notamment par le média spécialisé BuzzFeed, avec des craintes notamment sur le fait que la société pourrait utiliser sa plateforme pour engranger des millions de données biométriques ».
Pourtant, ce n’est pas comme si Sam et Alex étaient les premiers à nourrir des « projets vraiment ambitieux » autour d’une « sorte de passeport numérique » pour aspirer « des millions de données biométriques ».
En attendant, le lendemain, mardi, Sam Altman postait une vidéo sur Twitter censée démontrer qu’au « jour 3 du lancement du WorldCoin, des files d’attentes de folie » se seraient formées « autour du monde ». Dans cette vidéo, visiblement tournée en Asie, quelques dizaines de personnes font la queue sans qu’il ne soit possible d’en définir la raison.
Pour mieux tenter de créer l’engouement qui serait en train de s’opérer autour de son passeport numérique, le cofondateur de Worldcoin ajoute que, selon lui, une « personne se fait vérifier toutes les 8 secondes à présent ».
En d’autres termes, Sam Altman et Alex Bania veulent leur rond de serviette à la table de la Sillicon Valley… voire, si possible, de Davos… ou, mieux encore, de Pékin.
MÉDIAS
Lundi, Charles Consigny, avocat et chroniqueur dans les Grandes Gueules, l’émission de RMC, estimait qu’Emmanuel Macron « ment tout le temps (…) il ne dit jamais vraiment la vérité. Il prend les gens pour des imbéciles ».
Selon l’ancien porte-parole de Valérie Pécresse (LR) durant la campagne de l’élection présidentielle de 2022, le chef de l’État « tient un langage un peu orwellien : la paix, c'est la guerre. Le bien, c'est le mal, etc. Il dit le contraire de ce qu'il a fait ».
Pour Charles Consigny, plus de doute à avoir, « la messe est dite, c'est le mandataire des milliardaires cet homme. C'est une réalité. C'est une réalité factuelle. Tous les journalistes bien informés d'ailleurs vous le disent. Il est connecté en temps réel sur les cinq personnes qui possèdent notre pays et il travaille, il accomplit leurs feuilles de route ».
Mercredi, Frédéric Lordon s’intéressait justement à ces « journalistes bien informés »… qui ne disent rien malgré une actualité toujours plus déconcertante.
Sur son blog, hébergé sur le site du Monde diplomatique, le philosophe et économiste s’en prenait tout particulièrement au Monde : « Tout à son habitude de confondre modération et aveuglement, le journal Le Monde avait jugé le communiqué [des syndicats Alliance et UNSA-Police publié lors des violences urbaines] “révélateur de l’exaspération des troupes”, là où il aurait plutôt fallu y voir la fascisation caractérisée de l’appareil de force — et en concevoir un chouïa plus d’inquiétude ».
Frédéric Lordon estime que « jamais Le Monde ne dira un mot de la fascisation en cours : consentir à l’aveu qu’elle se déroule sous les auspices d’un pouvoir qu’il a si longtemps encensé, c’est sans doute trop lui demander ».
L’économiste poursuit sa critique… en posant le mot là où il fait mal : « Le Monde peut à la rigueur comprendre le fascisme comme malheureuse irruption venue de nulle part, ou comme curiosité historique sans suite possible, mais jamais n’accédera à l’idée que le fascisme naît “du dedans”. Car notre “dedans”, pour Le Monde, c’est “la République” et “la démocratie”. Or comment la République et la démocratie pourraient-elles accoucher du fascisme puisqu’elles en représentent le principe opposé ? Voilà la bouillie qui traîne dans les têtes formées à l’Institut d’études politiques, école où l’on n’a notoirement jamais rien compris à ce qu’est la politique ».
Très remonté, Frédéric Lordon considère que « l’idéaliste éditorialiste qui, se plaisant à répéter “République-démocratie”, tient les mots pour des forces réelles et agissantes, ajoute généralement l’inculture historique à l’ineptie intellectuelle. Il ne sait pas que, si elle a été brève, il y a eu une République de Salò et que c’était une république fasciste. Il n’a pas lu Brecht et ne sait pas que “le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution en temps de crise”. Tout ce que nous voyons aujourd’hui confirme pourtant la justesse de cette idée ».
Ajoutons à cette démonstration que Chine et Corée du Nord sont aussi des républiques, ou qu’Hitler a pris le pouvoir démocratiquement, tandis que Mussolini et Pétain l’ont conquis en restant dans la légalité.
À travers ce texte, le philosophe souhaite dénoncer une « évaporation soudaine de l’éditorialisme, qui avait sali son linge à hurler “Jupiter” pendant six ans, mais n’a pas un commentaire au moment où Jupiter se fait rouler dessus par deux sous-fifres du ministère de l’Intérieur qui lui dictent leur nouvelle lecture des institutions ».
En guise de conclusion… à cette RDA, Frédéric Lordon veut consoler « Macron [qui], dit-on, aspire à entrer dans l’Histoire. Qu’il se rassure, il y a désormais matière. “Antichambre”, c’est assurément une position dans l’Histoire. Il suffit d’avoir vu parader sa BRAV, cette unité antonyme faite de lâches, garde prétorienne devenue la métonymie de tout un régime, pour savoir très exactement dans quoi nous vivons et vers où nous allons ».
Tous en chœur : Président, nous voilà, devant toi le sauveur de la France…
Avant de mieux entonner : Ami, entends-tu le bruit sourd du pays qu'on enchaîne… ?
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Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
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