Les bots et les interactions "artificiellement intimes", quels impacts dans nos relations ?
Quelles sont les technologies « artificiellement intimes » ? Le numérique imprègne aujourd’hui tous les aspects de la vie, et les relations intimes ne font pas exception. Le biologiste Rob Brooks, vient de sortir un ouvrage explorant la manière dont les nouvelles technologies appliquées à l’intimité affectent nos relations, augmentent les inégalités sexuelles et remplacent les précieuses interactions réelles par des substituts virtuels.
L'humain peut avoir des relations intimes avec des machines
Les humains partagent de plus en plus leur intimité avec des machines. Il existe trois types de technologies « artificiellement intimes » : les robots sexuels, les algorithmes de mise en relation avec les applications de rencontres, et les « amis virtuels ». Ces derniers sont des personnages alimentés par l'IA, des “chatbots” et des assistants vocaux qui peuvent parler et interagir avec nous.
La virtualisation des relations avec l'arrivée des réseaux sociaux
L'utilisateur moyen des réseaux sociaux y passe aujourd'hui 153 minutes par jour. Beaucoup du temps utilisé auparavant pour socialiser hors ligne, a été remplacé par de la socialisation virtuelle.
Aujourd’hui, les algorithmes des plateformes sont capables de façonner nos relations. En distinguant ceux qui paraissent être nos amis proches des plus éloignés, les plateformes renforcent la visibilité des publications et les interactions de certains contacts au détriment des autres. Leur travail de proposition d’amis nous pousse souvent à accumuler bien plus de contacts que les quelque 150 amis que nous aurions normalement hors ligne. Les effets de cette nouvelle vie sociale peuvent avoir un impact profond sur la santé mentale, en particulier pour les adolescents et les jeunes adultes, explique l’auteur.
Les applications de rencontre mettent en situation d'inégalité d'accès à la sexualité les personnes moins attrayantes
Rob Brooks explique que les algorithmes des applications de rencontre, de leur côté, renforcent un type d'inégalité fondée sur l'attraction. Cela alimente de graves problèmes, comme l'auto-sexualisation accrue des femmes et une plus importante violence de la part des hommes jeunes.
Des inégalités aussi pour l'accès aux amis virtuels
Certaines personnes parlent déjà à Siri et Alexa pour se sentir moins seuls, et il existe des robots de thérapie pour écouter les patients, les conseiller et même les accompagner dans des traitements psychologiques, par exemple pour arrêter de fumer ou surmonter un obstacle à l'aide de la thérapie cognitive. Mais ce type d’intelligence artificielle a aussi ses limites : beaucoup de personnes ne peuvent pas y accéder, par manque de connaissances ou de moyens. Pour Brooks, ces outils ne peuvent en aucun cas supplanter les vrais liens intimes et humains, mais pour ceux qui sont insatisfaits des interactions réelles, ils permettent, au moins artificiellement, de pallier la solitude.
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