l’OMS annonce une masse salariale déficitaire et des licenciements


Les finances de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont dans le rouge. Ce mardi, son directeur général a annoncé une restructuration, mais surtout des licenciements en raison des coupes budgétaires appliquées par son plus grand donateur, à savoir les États-Unis. Il est question d’une masse salariale en déficit entre 560 et 650 millions de dollars pour le prochain exercice, a précisé Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Immédiatement après son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un décret retirant les États-Unis de l’OMS et suspendant les futures contributions financières de ce pays à cette organisation. Le président américain a critiqué l’OMS à plusieurs reprises, en particulier pour sa gestion de la pandémie de Covid-19 et sa relation avec la Chine. Lors de son premier mandat, il a accusé l’agence onusienne d’être “contrôlée par la Chine” et de ne pas avoir suffisamment alerté sur la gravité de la pandémie, allant jusqu’à lui reprocher d’avoir “dissimulé la propagation” du coronavirus et d’avoir “gravement failli dans la gestion" de la crise sanitaire.
Entre 560 et 650 millions de dollars de déficit
En avril 2020, le républicain avait déjà annoncé le gel de la contribution financière américaine à l’OMS, trop complaisante, estime-t-il, envers les autorités chinoises. Donald Trump reprochait aussi à l’OMS de ne pas avoir envoyé des experts médicaux en Chine assez tôt pour contenir l’épidémie. Mais dès janvier 2021, le premier acte du président Biden à sa prise de fonctions était d’annuler ce décret.
À son retour à la Maison Blanche, l’homme d’affaires new-yorkais a publiquement accusé l’OMS d’avoir “escroqué” les États-Unis, de loin, le plus gros donateur à cette organisation. Celle-ci “continue d’exiger des contributions excessivement lourdes de la part des États-Unis, disproportionnées par rapport à celles des autres pays. La Chine, qui compte une population de 1,4 milliard d’habitants - soit 300 % de plus que celle des États-Unis -, contribue pourtant à près de 90 % de moins au budget de l’OMS”, dénonce le décret.
Pour le cycle budgétaire 2022-2023, Washington a versé environ 1,28 milliard de dollars au budget de l’OMS, se répartissant en 218 millions de dollars de contributions obligatoires, 1,02 milliard de contributions volontaires, et 47 millions à un fonds d’urgence. Cela représentait environ 16 à 18 % du budget total de l’organisation. Mais l’administration Trump a refusé de payer les cotisations convenues pour 2024 et 2025, gelant par la même occasion la quasi-totalité de l’aide étrangère américaine, y compris une aide considérable aux projets de santé dans le monde entier.
La décision américaine n’est pas sans conséquence pourl’OMS et ses finances. Mardi 22 avril, Tedros Adhanom Ghebreyesus a annoncé aux États membres une situation financière délicate, obligeant la direction de l’agence onusienne à licencier du personnel et, de ce fait, se restructurer.
“Le refus des États-Unis de verser leurs contributions statutaires pour 2024 et 2025, combiné aux réductions de l’aide publique au développement de certains autres pays, signifie que nous sommes confrontés à un déficit concernant la masse salariale pour l’exercice biennal 2026-2027 compris entre 560 et 650 millions de dollars”, a-t-il déclaré.
Faire sauter les fusibles à la direction
Ce déficit “représente environ 25% des coûts du personnel”, poursuit l’Éthiopien, à la tête de l’OMS depuis 2017, année à laquelle il promettait un accès universel aux soins avant de tenter durant son second mandat d’instaurer un État sanitaire mondial dans lequel l’OMS et son patron déclarerait les pandémies et en dicteraient l’agenda. “Cela ne signifie pas nécessairement une réduction de 25 % du nombre de postes”, explique-t-il encore aux États membres.
Sans donner un chiffre quant au nombre d’emplois qui seraient supprimés, il a souligné que le siège de l’OMS à Genève sera le plus touché. “Nous commençons par des réductions au sein de la direction (...) même si ce sont des décisions très douloureuses pour nous. Nous réduisons l’équipe de direction au siège de 12 à 7 membres, et le nombre de départements passera de 76 à 34, soit une réduction de plus de la moitié”, a-t-il ajouté.
La presse suisse révèle une “ambiance très lourde” au siège de l’OMS après les annonces de son directeur. Le personnel est d’autant plus irrité par les annonces de Tedros Adhanom Ghebreyesus, qu’il dénonçait déjà depuis quelque temps des recrutements effréné au sommet de la hiérarchie, des promotions “politiques” et la création de postes coûteux de sa part.
À cela s’ajoute un contexte géopolitique ainsi qu'une situation interne qui laissent présager, poursuivent les médias locaux, des campagnes tendues pour l’élection de 2027.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.