Exclusif - Les témoignages des proches de Maëlys qui corroborent la défense de Nordahl L.

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 13 décembre 2017 - 13:39
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Une affiche avec le portrait de la petite Maelys.
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©Philippe Desmazes/AFP
Des proches de Maëlys ont expliqué que la fillette a disparu après 3h du matin.
©Philippe Desmazes/AFP
EXCLUSIF - L'avocat de Nordahl Lelandais, pour disculper son client, assure que des témoins estiment que la fillette a disparu après 3h du matin, un moment où l'ancien militaire n'était pas dans la salle. Ces témoignages existent bel et bien, et "France-Soir" les livre en exclusivité. Mais, même s'ils sont en totale contradiction avec la version du procureur, ils ne confirment pas nécessairement l'innocence du suspect.

EXCLU FRANCE-SOIR - Depuis maintenant plus de 15 semaines, la petite Maëlys de Araujo a disparu. C'était la nuit du 26 au 27 août, sur le parking de la salle polyvalente de Pont-de-Beauvoisin, en Isère, en marge d'une fête de mariage. Et depuis presque autant de temps, un seul suspect fait face aux accusations. Nordahl Lelandais, 34 ans, présent au mariage alors qu'il n'était pas invité dans un premier temps, est en prison depuis le 3 septembre. Presque tout semble l'accuser dans l'enquête sur la disparition de Maëlys. Une trace ADN de l'enfant a été retrouvée dans son véhicule. Il s'est absenté à un horaire présenté par l'accusation comme étant celui de l'enlèvement de l'enfant. Une image de vidéosurveillance montre un véhicule qui pourrait être son Audi A3 passant avec une silhouette sur le siège passager, et revenant vide peu après. L'homme a en outre été vu "complice" avec la fillette par plusieurs témoins, a nettoyé avec beaucoup de minutie sa voiture en sortant d'un premier interrogatoire par les gendarmes dimanche 27 août, et présente un profil peu flatteur par certains aspects: petit dealer, vivant chez ses parents et sans emploi, renvoyé de l'armée pour des problèmes de comportements, ayant un casier judiciaire pour l'incendie crapuleux d'un restaurant et décrit comme violent par certaines de ses anciennes compagnes.

Pourtant l'homme nie tout avec constance. Ce n'est pas sa voiture sur les images de vidéosurveillance (la plaque d'immatriculation n'est pas visible), la fillette est montée dans son Audi A3 à l'arrêt pour vérifier la présence de chiens (dont il est un amateur éclairé), il a nettoyé son véhicule dans le but de le vendre. Et surtout, il nie la thèse d'une disparition de Maëlys à 2h46 comme l'a annoncé le procureur de la République dans une conférence de presse le 30 novembre, après une audition de ce "suspect numéro 1" devant les trois juges d'instruction. Pour son avocat, elle a disparu après 3h du matin, au moment de son absence entre 2h46 et 3h25, au cours de laquelle il a mis son portable en "mode avion", ce qui a empêché de le localiser, assurant que c'était pour économiser de la batterie.

Sur l'antenne de BFMTV lundi 4, son avocat Alain Jakubowicz a d'ailleurs abattu ses cartes, les seules d'ailleurs de la défense. "A 3h00, il y a une vague de départ d'invités et Maëlys est dans la salle. Maëlys n'a pas disparu. A 3h15, le cousin de la mère de Maëlys quitte le mariage et la croise et lui parle" assure le conseil du suspect. Il affirme donc que des témoignages décrivent une scène qui non seulement ne se déroule pas selon le scénario avancé par l'accusation, mais qui, de plus, exonère son client de toute implication, n'étant pas dans la salle au moment des faits.

Lire aussi: Affaire Maëlys: l'accusation a-t-elle volontairement ignoré des témoignages favorables à Nordahl L.?

Et, effectivement, des témoignages troublants existent. Certains proches de Maëlys, présents au mariage, et sollicités dans des échanges informels sur les réseaux sociaux, ont confirmé avoir vu l'enfant et surtout avancé un horaire.

Guenaëlle F. une cousine de la petite fille disparue répond ainsi à un anonyme s'interrogeant sur la présence ou non d'une nounou (plusieurs enfants étaient sous la surveillance d'un adulte dans une salle dédiée), et explique qu'"on a perdu Maëlys à 3h15". A ce moment, Nordahl Lelandais était parti depuis une demi-heure, selon l'enquête. Cet échange a eu lieu le 19 septembre et a été effacé depuis. Contactée par France-Soir, la jeune femme ne nie pas formellement l'authenticité de l'échange mais refuse d'en dire plus: "Vous n'avez pas besoin de savoir, ça ne vous regarde pas".

La tante de Maëlys, Séverine C. a visiblement déclaré une disparition similaire: "Nous sous sommes aperçu de son absence à 3h30". Soit 45 minutes de plus que l'horaire annoncée par le procureur. Contacté également, ce témoin n'a pas souhaité répondre à France-Soir.

Ces documents doivent cependant être considérés avec prudence, les concernés n'ayant pas démenti leur véracité. Ils semblent alimenter la thèse d'Alain Jakubowicz, d'autant que ces proches de Maëlys dans leurs échanges postérieurs accablent Nordahl Lelandais, et sont donc peu suspects d'être complaisants, de vouloir arranger volontairement le suspect. Cependant, ils sont loin de prouver l'innocence de l'ancien militaire. La thèse d'une erreur de ces proches sur l'heure exacte reste toujours possible dans une fête de mariage touchant petit à petit à sa fin, et dont un témoin a décrit à France-Soir l'ambiance encore très festive, pour certains convives également alcoolisée, à cette heure de la nuit. Il n'est pas exclu que la fillette ait bien disparu à 2h45 mais que, dans l'ambiance générale, ses proches n'aient réalisé son absence qu'une demi-heure plus tard.

Aller plus loin: Exclusif - Maëlys, dernière heure avant le drame: il raconte

La seule chose que prouvent ces éléments, c'est que les témoignages qu'avance Alain Jakubowicz sont bien réels et que l'avocat, comme il l'a montré lors de son intervention véhémente sur BFMTV, va axer sa défense dessus pour semer le doute. Il restait cependant, selon nos informations, environ la moitié des 180 invités au moment où le disc-jockey a arrêté la musique pour demander aux convives de rechercher la petite fille. On ignore précisément combien de ces invités affirment, pour aller dans le sens de l'accusation, qu'il était bien un peu plus de 2h46 ce dimanche 27 lorsque l'affaire Maëlys a commencé.

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