En Dordogne, des canards en liberté que la grippe aviaire ne saurait toucher


À Saint-Avit-de-Vialard, en Dordogne, une poignée d’éleveurs de canards défient les règles sanitaires en refusant de confiner leurs bêtes malgré l’épizootie de grippe aviaire. Depuis un an, ils participent à une expérimentation nationale supervisée par la Confédération Paysanne, avec l'aval du ministère de l’Agriculture. Objectif : démontrer que les élevages autonomes et à taille humaine ne sont ni vecteurs ni victimes de l’épidémie.
À l’heure où l’agro-industrie cloître ses volailles derrière des murs de tôle pour contrer la grippe aviaire, certains irréductibles du Périgord choisissent de laisser leurs canards gambader en plein air. Jean-François Roudier et Ludovic Dubos, installés à Saint-Avit-de-Vialard, n’ont jamais enfermé leurs animaux, pas même lors des pics d’alerte. Et jusqu’ici, aucun cas de contamination. « Nous, ça n’a rien changé parce qu’on a toujours pratiqué la désobéissance… notre élevage n’a jamais été contaminé. Notre but, c'est de démontrer que nos méthodes d'élevage ne posent pas des problèmes sanitaires », insiste Roudier auprès de France 3 Régions. Une insoumission qui, contre toute attente, semble plus efficace que les protocoles imposés.
Ce choix n’est pas simplement idéologique : il s’inscrit dans une expérimentation lancée en 2023 par la Confédération Paysanne, avec l'aval du ministère de l'Agriculture. 144 fermes, dont deux en Dordogne, testent un modèle d’élevage semi-libertaire et autarcique. Les animaux y naissent, vivent et meurent sans jamais quitter l’exploitation. Une stratégie qui limite drastiquement les risques de transmission, à rebours des circuits fragmentés de l’élevage intensif. « On n’a pas d’intervenants extérieurs, les animaux ne bougent plus », rappelle l’éleveur. France 3 Régions, qui a enquêté sur le sujet, souligne que même l’hiver dernier, quand le parc voisin du Bournat a dû abattre 80 volatiles, la ferme de Saint-Avit est restée épargnée.
Ce modèle questionne les fondements mêmes de l’élevage industriel. Faible densité, autonomie sanitaire, bien-être animal : et si la solution la meilleure était la plus simple ? Les résultats finaux de l’expérimentation sont attendus fin 2025. La résistance qui s’organise en campagne est pleine de panache, et finalement, elle pourrait gagner des points face à l'industrie.
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