Le Parlement britannique adopte en urgence une loi pour prendre le contrôle des hauts fourneaux du sidérurgiste British Steel

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AFP
Publié le 16 avril 2025 - 23:36
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DARREN STAPLES POOLAFP
Hauts fourneaux de British Steel
DARREN STAPLES POOLAFP

Face à l'effondrement imminent de la dernière production d'acier primaire au Royaume-Uni, le gouvernement britannique a pris une décision historique : nationaliser les hauts fourneaux de Scunthorpe, symbole d'une industrie stratégique vacillante. Gérés par British Steel et derniers du pays, les deux fourneaux étaient menacés de fermeture par le propriétaire chinois, Jingye. Quelque 2 700 emplois étaient en jeu. La prise de contrôle de l'État ne sera pas financée par des hausses d'impôts, affirme-t-on. Mais le gouvernement doit trouver une alternative au financement à long terme et à la transformation” de la société, dont la valeur économique est de “zéro”.  

Fin mars, le sidérurgiste British Steel, filiale du groupe chinois Jingye, a annoncé sa décision de fermer les deux hauts fourneaux de Scunthrope, dans l’est de l’Angleterre. Une telle mesure ouvrait la voie à des milliers de licenciements dans un secteur vacillant et plombé récemment par les droits de douane américains que Londres n’entend pas contrer par une mesure de réciprocité.  

Un déclin inévitable 

Les pertes de British Steel se sont aggravées ces dernières années, avec un pic en 2022, exercice à l’issue duquel les revenus étaient pourtant en hausse. Le groupe avait annoncé cette année-là une perte avant impôts de 408,4 millions de livres sterling, contre une perte de 49,5 millions de livres sterling “seulement” en 2021. Des chiffres qui reflétaient déjà la détérioration des perspectives d'exploitation du haut fourneau du site de Scunthorpe.  

Les pertes se sont poursuivies en 2023 et 2024, accentuées par un marché extérieur très volatil, marqué par des fluctuations importantes des prix des matières premières et de la demande. Malgré la hausse de ces prix, British Steel peinait à endiguer la détérioration de ses marges. À cela s’ajoutaient des réglementations environnementales plus strictes, qui ont enterré toute chance de gain pour British Steel.  

“Les hauts fourneaux et les opérations de fabrication de l’acier ne sont plus financièrement viables en raison des conditions de marché très difficiles, de l’imposition de droits de douane et des coûts environnementaux plus élevés”, expliquait l’entreprise, qui affirme perdre 700 000 livres (840 000 €) par jour. En outre, depuis 2020, plus de 1,2 milliard de livres sterling ont été investis par la société, qui a fait valoir que ces deux hauts fourneaux n'étaient plus rentables. 

Le groupe avait déjà indiqué fin 2023 son intention de remplacer ses hauts fourneaux, les derniers du pays, par des équivalents électriques. Fin mars, il a annoncé le lancement d’une “consultation avec les salariés et les syndicats sur les licenciements”, qui ciblaient 2 000 à 2 700 emplois. 

De quoi faire réagir le gouvernement travailliste. Rappelé exceptionnellement de vacances pour siéger, le Parlement britannique a adopté, en urgence, samedi, une loi permettant à l’exécutif de prendre le contrôle de ces deux hauts-fourneaux. La loi adoptée permet au gouvernement de maintenir l'activité sur le site de Scunthorpe, en obligeant British Steel à la poursuite de l'activité sous peine de sanctions.  

“Proche de zéro” 

La loi a été adoptée à la quasi-unanimité en quelques heures par les deux chambres et attend la dernière formalité, à savoir l’aval royal. 

Le Premier ministre Keir Starmer a déclaré que son administration "tournait la page d'une décennie de déclin" et "agissait pour protéger les emplois de milliers de travailleurs". Son ministre du Commerce, Jonathan Reynolds, s’est montré plus réaliste. Rappelant que la nationalisation était une "option probable", il a insisté sur le fait que le gouvernement ne pourra "pas financer à long terme la transformation de l'entreprise": sa valeur économique étant "proche de zéro". 

Jonathan Reynolds a également fait savoir que les négociations, qui ont duré plusieurs mois, avaient échoué, le propriétaire chinois réclamant “des centaines de millions de livres” qui auraient pu être transférés en Chine.  

De son côté, la secrétaire d'État à l'Industrie, Sarah Jones, a assuré que cette prise de contrôle ne sera pas financée par des hausses d'impôts. Le gouvernement pioche dans un fonds de 2,5 milliards de livres, créé spécialement pour soutenir le secteur.   

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