Les États-Unis reconnaissent avoir financé des laboratoires biologiques en Ukraine
Dans une fiche d’information rédigée au mois de mars, cependant mise en ligne le 9 juin, le Pentagone a admis avoir versé depuis 2005 « environ 200 millions de dollars en Ukraine » dans l’objectif de participer au développement de « 46 laboratoires, établissements de santé et sites de diagnostic » en lien avec la recherche sur les agents pathogènes et la surveillance biologique. Le département de Défense précise qu’il s’agit de laboratoires « pacifiques ».
S’il est dans ce document précisé que les infrastructures en question ont été financées « pour la santé humaine et animale », dans le cadre d'un « programme de réduction des menaces biologiques », il s’agit néanmoins d’une admission quelque peu surprenante, puisqu’en mars 2022, le département de la Défense qualifiait les accusations russes sur l’implication américaine dans des installations de recherche biologique sur le sol ukrainien d’« absurdes », rapportait l'agence de presse Reuters.
Un discrédit dont la presse grand public s’était largement fait caisse de résonance en la qualifiant de « théorie du complot », à l’instar du Monde, qui titrait : « Laboratoires américains en Ukraine : aux origines d’une théorie du complot ». Des allégations pour le journal qui ne s’appuyaient « sur aucun début de preuve ».
Dans cette récente note d'information du Pentagone, l'administration américaine soutient toujours que la Russie « propage quotidiennement de la désinformation » à ce sujet « en prétendant à tort que le soutien de la Défense américaine [en la matière] est utilisé pour développer des armes biologiques ». « Contrairement à la Russie, les États-Unis et l'Ukraine ne développent pas d'armes biologiques et sont en totale conformité avec la Convention sur les armes biologiques », fait valoir le Département de défense américain.
Une information qui s'inscrit dans le cadre d'une thématique au sujet de laquelle Moscou et Washington s'accusent mutuellement de développer des laboratoires biologiques à visées militaires.
Développement d'«armes biologiques» : des accusations qui fusent des deux bords
Le 3 mars, dans une interview télévisée, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait abordé cette problématique en ces termes : « Nous avons des données selon lesquelles le Pentagone est très préoccupé par le sort des installations chimiques et biologiques en Ukraine. Parce que le Pentagone a construit en Ukraine deux laboratoires militaires biologiques et y a travaillé sur le développement d'agents pathogènes à Kiev et à Odessa. Actuellement, ils ont peur de perdre le contrôle de ces laboratoires », avait-il déclaré. Et de souligner : « [Les Américains refusent] catégoriquement de créer un mécanisme de vérification dans le cadre de la convention sur l'interdiction des armes biologiques [...] et ils construisent des sites militaires biologiques le long du périmètre de la Russie ».
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Pour rappel, si leur existence avait initialement été niée, la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland était venue confirmer l'existence de ces bio-laboratoires sur le sol ukrainien lors d’une audition du 8 mars devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain : « L’Ukraine possède des installations de recherche biologique. Nous craignons que les troupes russes, que les forces russes ne cherchent à en prendre le contrôle », avait affirmé Victoria Nuland au sénateur Marco Rubio, lors de cette audition. Et d’ajouter : « Nous travaillons avec les Ukrainiens sur la façon dont ils peuvent empêcher que ce matériel de recherche ne tombe entre les mains des forces russes si elles s’approchent. »
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Si les États-Unis avaient donc fini par reconnaitre au mois de mars l'existence d'« installations de recherche biologique », affirmant toutefois qu'ils n'ont pas de visées militaires, Washington avait de son côté accusé Moscou de vouloir mener une attaque chimique ou biologique en Ukraine.
Le 9 mars, Maria Zakharova, porte-parole du ministre des Affaires étrangères, demandait que Washington fournisse des explications au monde, relatait Newsmax. Un peu plus de 24 heures après l’audition de Victoria Nuland, le 9 mars également, cela n'avait pas empêché la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, de qualifier de nouveau les accusations russes de « fausses allégations » et de « théorie du complot ».
Mais le 26 mars, c’était cette fois le New York Post qui en rajoutait une couche : « Les affirmations russes selon lesquelles le fils du président Joe Biden, Hunter, serait en train de financer des laboratoires biologiques sont véridiques », écrivait le journal américain. Dans une chronique, Teresita Dussart, journaliste pour FranceSoir, écrivait que « ces informations pourraient ouvrir sur le plus grand scandale du siècle, obligeant à remettre en perspective tous les événements depuis le début de la crise russo-ukrainienne ».
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